L'armée, qui avait prévenu de son intention de s'opposer à l'arrivée au pouvoir d'une gauche qu'elle avait déjà, à plusieurs reprises, réprimée ou contenue, interrompt brutalement le processus démocratique : occupation de l'université, de la radio, de la télévision, interruption de toutes les communications, interdiction des journaux, puis assaut donné au siège de la puissante COB (Confédération ouvrière bolivienne), où s'étaient précisément réunis une trentaine de responsables politiques et syndicaux. Le leader socialiste Quiroga est tué. Les autres — Juan Lechin notamment — sont arrêtés.

Répression

La population ne peut qu'assister, impuissante, à l'événement. Les appels à la résistance lancés par Siles Suazo, passé à la clandestinité, tombent dans le désert, car la censure est totale. Les centres miniers, isolés, résistent — Caracoles tiendra jusqu'au 4 août —, mais ils sont la cible de raids meurtriers : on parle de 3 000 morts.

La condamnation unanime du coup d'État, tant à l'étranger (par l'OEA, les pays du Pacte andin) que dans le pays (par les évêques notamment), la suspension immédiate par les États-Unis de leur aide économique et militaire sont accueillies avec une indifférence apparemment totale par le nouveau chef de l'État, le général Luis Garcia Meza. Celui-ci, on l'apprendra rapidement, a reçu l'aide des militaires argentins et de leurs commandos pour « sauver le pays du communisme, du castrisme et de la subversion ».

Assassinats

Peu importent les moyens : arrestations massives, exécutions sommaires, camps de concentration, contrôle très rigoureux de la presse, qui permet de passer sous silence la constitution, le 5 août, d'un gouvernement d'unité nationale clandestin. Toute activité syndicale est suspendue, la COB est dissoute, les universités sont fermées. Les magistrats nommés par le Sénat sous le gouvernement de Lidia Gueiler sont remplacés, début septembre.

Cependant que la Conférence des évêques dénonce, avec l'appui de Rome, les multiples atteintes aux droits de l'homme, et que les Églises organisent, comme elles l'avaient fait au Chili quelques années plus tôt, l'assistance aux prisonniers, la Bolivie s'aligne sur les régimes les plus autoritaires de l'Amérique du Sud. Elle menace de quitter le Pacte andin. Les arrestations se multiplient, la répression se renforce. Le 15 janvier 1981 huit responsables nationaux du MIR, parti d'obédience sociale-chrétienne, sont froidement assassinés à La Paz. L'émotion est à son comble et le coup est très durement ressenti par l'opposition, qui paraît acculée à la défensive.

Mais le nouveau régime est miné par les dissensions et les scandales. À trois reprises, le 10 mai, le 25 mai et le 27 juin, des unités militaires se révoltent et réclament la démission du général Garcia Meza. Celui-ci, compromis dans un trafic de cocaïne, est contraint le 26 mai d'abandonner le commandement en chef de l'armée et d'annoncer qu'il renoncera à la présidence de la République, avant la fin de l'année.

La situation économique est catastrophique : croissance nulle, inflation de 50 % en 1980, chômage touchant 36 % de la population active, dette extérieure lourde, caisses vides.

Brésil

Brasilia. 118 650 000. 14. *2,8 %.
Économie. PIB (77) : 1 482. Productions (77) : A 10 + I 31 + S 59. Énerg. (76) : 731. CE (77) : 7 %.
Transports. (*77) : 11 699 M pass./km, 60 721 Mt/km. (76) : 5 916 300 + 1 397 200.  : 3 702 000 tjb. (77) : 4 287 M pass./km.
Information. (73) : 280 quotidiens ; tirage global : 4 050 000. (75) : *16 980 000. (76) : *10 525 000. (75) : 1 080 900 fauteuils ; fréquentation : 275,5 M. (77) : 4 836 000.
Santé. (74) : 62 743.
Éducation. (74). Prim. : 19 286 611. Sec. et techn. : 1 681 728. Sup. (76) : 1 316 640.
Armée.  : 272 550.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général João Baptista de Figueiredo, élu le 15 octobre 1978 ; succède au général Ernesto Geisel.

Le chômage grandissant et la famine du Nordeste exacerbent les tensions sociales

Le débat démocratique qui s'est instauré sous la présidence du général João Figueiredo prend une nouvelle dimension en juillet 1980, à l'occasion du voyage du pape Jean-Paul II. Triomphalement reçu dans toutes les grandes villes du pays, le Saint-Père provoque par sa présence un vaste mouvement de contestation. Mais, tout en dénonçant les profondes inégalités sociales, il condamne dans ses discours toutes les formes d'extrémisme.

Expulsion

Il a à peine quitté le territoire brésilien que le nouveau statut des étrangers, entré en vigueur au mois d'août, déclenche un conflit entre l'Église et le gouvernement. Prenant la tête de l'opposition à cette loi, qui restreint considérablement les droits de ceux qui ont choisi, ou choisiront, de s'établir au Brésil, Mgr Ivo Lorscheister, président de la conférence épiscopale brésilienne, déclare : « Il s'agit d'une loi de caractère fasciste, qui provoquera l'expulsion de 400 000 étrangers. »