Ce n'est que le 21 février qu'Aldo Moro présentera au parlement un gouvernement homogène démocrate-chrétien ne subsistant que grâce à l'abstention des socialistes.

Scandales

Pendant cette longue crise, la lire s'effondre et naissent des scandales provoqués par les rapports présentés au Congrès américain sur les activités de la CIA (rapport Pike) et sur la corruption exercée par la Lockheed pour vendre ses avions (rapport Church). On apprend que le président Ford avait approuvé en décembre 1975 un crédit de 6 millions de dollars pour la CIA en Italie, et qu'en 1970 l'ambassadeur US avait donné 800 000 dollars au général Miceli, chef des services secrets italiens, impliqué dans les tentatives de subversion de cette époque. Dans le scandale Lockheed sont impliqués Luigi Gui, ami de Moro, et le leader social-démocrate Mario Tanassi, tous deux ministres de la Défense en 1969-1970, lors de l'achat d'avions Hercules 130. Un grand manager de l'industrie de l'État, Camillo Crociani, convaincu d'avoir trempé dans cette affaire, a quitté l'Italie.

En même temps, la campagne pour l'avortement a pris des formes extrêmes avec des manifestations féministes dans les rues de Milan et de Rome, et des poussées d'anticléricalisme virulent.

Congrès

Dans cette atmosphère incandescente, la vie politique se concentre autour des congrès nationaux des deux partis dont dépend la solution de la crise, le PSI et la DC.

Le PSI tient son congrès à Rome du 3 au 7 mars. Il définit sa stratégie de l'alternative : une union de la gauche rejetant la DC dans une opposition conservatrice. Mais il est clair que ce projet n'est réalisable que dans le futur, lorsque les socialistes seront plus forts et que les communistes auront consolidé leur évolution démocratique. En attendant, les socialistes veulent exiger un virage à gauche, faisant tomber toute exclusion envers les communistes.

Du 18 au 23 mars se déroule ensuite le congrès de la démocratie chrétienne. Il réaffirme la ligne définie par Moro en juillet : recherche d'une alliance avec le PSI et d'une confrontation avec le PCI maintenu dans l'opposition. Mais, sur la façon de concevoir et de conduire cette politique, le parti apparaît cassé en deux. Une partie veut un resserrement à gauche, l'autre préconise un raidissement sur des positions centristes. Le congrès, pour la première fois, élit directement le secrétaire du parti, Zaccagnini, qui incarne la ligne de gauche, est maintenu avec à peine 51 % des voix.

Au lendemain de ces congrès, les socialistes décident de rouvrir la crise. Leur direction, réunie le 7 avril, affirme qu'il faut désormais choisir : ou bien admettre les communistes ou bien dissoudre le Parlement.

Une longue et infructueuse consultation s'engage entre les partis. La DC n'a pas eu le temps encore d'élire ses nouveaux organismes directeurs. Le 14 avril, la nouvelle direction se met en place, et elle donne la présidence du parti à Amintore Fanfani, qui paraît ainsi prendre sa revanche.

La température monte cependant dans le pays. Des groupes portant des étiquettes d'extrême gauche font sauter des installations industrielles (plusieurs milliards de dégâts chez Fiat à Turin) ou blessent aux jambes à coups de revolver des cadres et des dirigeants de l'industrie. L'affaire Lockheed rebondit et le président de la République Leone est notamment pris à partie alors que les accusations contre lui manquent de sérieux.

Dissolution

Le 22 avril, Zaccagnini rencontre pendant trois heures Enrico Berlinguer. Mais il n'y a plus d'issue. Le 28 avril, Aldo Moro se présente devant le Parlement. Les socialistes y réaffirment leur position. Le gouvernement démissionne le 30, et, au soir du 1er mai, le président de la République signe le décret de dissolution des chambres. Le lundi 3 mai, il faut plus de 900 lires pour avoir un dollar, alors qu'il en suffisait de 640 le 1er janvier.

La dissolution du Parlement fait tomber brusquement la fièvre du pays. L'émotion provoquée par le tremblement de terre qui détruit une partie du Frioul dans la nuit du 6 au 7 mai y contribue sans doute. Mais la cause réside surtout dans l'embarras des partis.