Le PCI, d'autre part, n'est pas sans problèmes, dans ses rapports avec Moscou, notamment dans les réunions préparatoires à la conférence des PC d'Europe de l'Est et de l'Ouest, sans cesse renvoyée. Il manifeste son désaccord avec les thèses soutenues par la presse soviétique. L'eurocommunisme trouve sa relance avec la rencontre Berlinguer-Marchais et la déclaration commune du PCI et du PCF publiée le 18 novembre.

Les 2 et 3 décembre, le Conseil de l'Europe, dont l'Italie assure cette année la présidence, se réunit à Rome. Il décide le principe d'élections au suffrage universel direct pour le Parlement européen en 1978. Les Italiens y voient un signe d'espérance : la perspective d'un rééquilibrage économique et politique entre le Nord et le Sud de l'Europe. On voit pointer dans les milieux démocrates-chrétiens de la grande industrie de l'État (Andreotti, Petrilli) et du côté de chez Fiat (le journal La Stampa, Giovanni Agnelli) l'idée que la question communiste trouverait plus facilement une solution dans une Europe politiquement unie dont l'Italie serait une région.

Relance

Tandis que se développe ce dialogue politique, le gouvernement Moro-La Malfa prend des mesures pour stimuler la relance de l'économie, dans une conjoncture qui paraît redevenue favorable. Depuis novembre 1974, la balance commerciale non oil est largement bénéficiaire. La dure récession, habilement pilotée par le gouverneur de la Banque d'Italie Guido Carli, a permis de rétablir la situation catastrophique qui s'était créée en 1974. L'Italie a pris de l'avance pour rembourser ses dettes. Guido Carli a choisi de quitter sur ce succès le poste qu'il occupait depuis quinze ans avec une maestria faisant de lui un personnage international.

Mais l'activité industrielle a diminué de 12,5 %. Le chômage a été contenu, car les syndicats ont interdit toute politique de licenciements : le poids s'est reversé sur les jeunes, qui ne trouvent aucune embauche. La relance est urgente. Elle est possible.

Le 21 août, le gouvernement lance un premier train de mesures visant à stimuler la demande par des investissements publics, à soutenir les exportations, à relancer l'agriculture et la construction. À la rentrée parlementaire, il prépare une deuxième vague plus importante : des crédits pour la restructuration des entreprises et l'industrialisation du Sud, dans un cadre orientant la reprise vers des secteurs déterminés, amorçant une certaine planification. Le projet, déposé au Parlement la veille de Noël, est conçu pour être développé et mis au point au cours des travaux parlementaires, c'est-à-dire avec la collaboration des communistes.

Pour 1975, la balance commerciale non oil se solde par un actif de 2 415 milliards de lires (alors que pour 1974 le déficit avait été de 1 781 milliards).

Fragilité

Mais, tandis que l'économie paraît ainsi en bonne voie, le fragile équilibre politique se trouve brusquement rompu. Les premiers signes de cette rupture apparaissent en décembre sur la question d'une nouvelle législation sur l'avortement, qui s'impose avec urgence en cette fin d'année. Les radicaux, petit parti conduit par Marco Pannella, ont réussi à réunir les 500 000 signatures nécessaires pour imposer un référendum dans le but d'annuler les articles du code pénal fasciste sur cette matière. L'adoption d'une nouvelle loi rendrait ce référendum sans objet. Les partis ont préparé des projets. Une commission parlementaire cherche à les réunir en un projet unique. Au début de décembre, les socialistes rompent l'entente qui se cherchait entre communistes et démocrates-chrétiens, en réclamant l'autodétermination de la femme, c'est-à-dire la libéralisation complète. Ils réussissent à faire glisser les communistes vers leurs positions.

La difficulté est provisoirement éludée par un renvoi de la discussion en Assemblée. Mais, le 7 janvier, la direction du PSI dénonce les ententes clandestines entre le PCI et la DC sur les projets économiques, et décide de retirer l'appui socialiste au gouvernement Moro-La Malfa, qui démissionne aussitôt.