Le procès de J. Botterman s'ouvre le 9 février 1976. Le 12 l'accusé est acquitté. Le verdict ne surprend qu'à moitié l'opinion, mais l'imprudence des deux parlementaires (dont le rôle reste flou) trouble la classe politique.

Lockheed

Le second scandale a un retentissement beaucoup plus grand. Le 6 février, la commission d'enquête américaine sur les activités des sociétés multinationales (créée à la suite de l'affaire du Watergate) entend des dirigeants de la société aéronautique Lockheed révéler qu'ils ont versé quelque 15 millions de dollars de pots-de-vin à diverses personnalités étrangères, en particulier à une personnalité néerlandaise. Le Washington Post et le New York Times assurent que le prince Bernhard, époux de la reine Juliana, a reçu, dans les années 60, plus de 1 million de dollars de Lockheed à la suite de l'achat des Starfighters par l'armée de l'air dont il est inspecteur général.

Le dimanche soir 8 février, le Premier ministre, Joop den Uyl, annonce à la télévision que le nom du prince Bernhard a bel et bien été prononcé par les dirigeants de Lockheed parmi les bénéficiaires de leurs libéralités. Le prince dément et demande immédiatement l'ouverture d'une enquête. Une commission de trois sages est désignée par le gouvernement. Elle se rendra aux États-Unis. Le 5 mars, la conférence de Bilderberg (un groupe de personnalités du monde international de la politique et des affaires), que le prince réunit tous les ans depuis 1945, chaque fois dans un endroit différent du monde, est annulée.

Le scandale est énorme, moins par les révélations qu'il apporte sur les mœurs des sociétés multinationales et du big business que par les éclaboussures qui risquent d'atteindre la famille royale. Dans tous les milieux politiques ou sociaux, on envisage avec inquiétude une abdication possible de la reine Juliana, souveraine aimée et respectée. Le principe de la monarchie, cependant n'est pas remis en question, bien que l'héritière présomptive de la Couronne, la princesse Béatrix, ne jouisse pas du tout du même prestige que sa mère.

Pour le reste, le royaume des Pays-Bas reste égal à lui-même : libéral, voire libertaire avec ses syndicats de soldats, mais rigoureusement fidèle à certains principes : lorsque cinq condamnés à mort sont exécutés, le 27 septembre, en Espagne, le Premier ministre, Joop den Uyl, marche en tête d'une manifestation de 15 000 personnes à Utrecht, et La Haye rappelle son ambassadeur à Madrid.

Pologne

Varsovie. 33 690 000. 107. 0,9 %.
Économie. Production (73) : G 133 + I 133. Énerg. (*73) : 4 575.
Transports. (*73) : 39 647 M pass./km, 116 442 M t/km. (*73) : 780 900 + 346 200.  : 2 292 000 tjb. (73) : 706 M pass./km.
Information. (72) : 44 quotidiens ; tirage global : 7 553 000. (73) : 5 872 000. (73) : 5 687 000. (72) : 575 500 fauteuils ; fréquentation : 136,1 M. (73) : 2 238 000.
Santé. (72) : 53 040. Mté inf. (72) : 28,5.
Éducation. (71). Prim. : 5 052 192. Sec. et techn. : 1 428 453. Sup. : 399 060.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Nouvelle Constitution adoptée le 10 février 1976. Chef de l'État (président du Conseil d'État) : Henrik Jablonski ; succède à Jozef Cyrankiewicz, démissionnaire, le 28 mars 1972. Président du Conseil : Piotr Jaroszewicz. Premier secrétaire du Parti : Edward Gierek.

E. Gierek assoit son influence

Arrivera-t-on jamais à faire du Polonais frondeur un citoyen normalisé ? Au vu du malaise actuel, perceptible dans toutes les couches de la population, la question peut se poser.

Que ce soit face aux ouvrières du textile, en septembre 1975 à Lodz, ou, un peu plus tard, chez les mineurs de Silésie, Edward Gierek et son chef de gouvernement Piotr Jaroszwicz, ont dû encaisser des critiques virulentes. Pour le Premier secrétaire du Parti ouvrier unifié, longtemps si proche du peuple, il y a là une menace. À l'automne 1975 une question se pose : l'expérience Gierek est-elle condamnée ?

Économie

Les chiffres ont cependant bonne mine. Au cours des cinq dernières années, les productions industrielle et agricole ont crû respectivement de 70 et 27 %. Le revenu national a augmenté de 60 %. Le volume du commerce extérieur s'est multiplié par deux et demi. Au 1er janvier 1976, l'abolition des taxes qui les grevaient porte les salaires moyens à 4 500 zlotys (990 F), soit le double de 1970. Mais, disent certains, cela n'a profité qu'à quelques-uns. L'agriculture n'a pas réalisé les objectifs de l'année. Les récoltes de 1975 ont été inférieures de 2 millions de t à celles de 1974. Et l'appareil de production manque d'efficacité.