La prise du pouvoir par l'armée n'a apparemment rien réglé à N'Djamena, où le général Malloum préside aux destinées d'un Conseil supérieur militaire. Les partis politiques sont mis hors la loi, et les mouvements d'opposition à Ngarta Tombalbaye, qu'il s'agisse du Frolinat ou du MDRT, ont condamné le nouveau régime. La rébellion poursuit la lutte armée sans désemparer. Les nouveaux dirigeants ont attendu plus d'une semaine avant de se résoudre à libérer les détenus politiques. Il leur a fallu plus d'un mois pour parvenir à constituer un gouvernement, au sein duquel les militaires ont confisqué à leur profit la totalité des ministères clés.

Confronté avec l'épineux problème de la rébellion, avec les graves, séquelles de la sécheresse au Sahel avec d'insurmontables difficultés économiques et financières, le nouveau régime de N'Djamena paraît d'autant plus vulnérable qu'il est encore difficile de savoir quelle est l'étendue réelle du concours populaire dont il bénéficie trois mois après son accession au pouvoir.

Togo

Lomé. 2 120 000. 37. 2,6 %.
Économie. PNB (70) 142. Énerg. (*72) : 63. C.E. (71) : 18 %.
Transports. (*72) : 73 M pass./km, 8 M t/km. (*72) : 10 200 + 6 300. (72) : 78 M pass./km.
Information. (72) : 3 quotidiens ; tirage global : 13 000. (72) : *46 000. (64) : 2 300 fauteuils ; fréquentation : 0,3 M. (72) : 6 000.
Santé. (71) : 68.
Éducation. (70). Prim. : 228 505. Sec. et techn. : 22 003. Sup. : 886.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Ghansimgbe Eyadema, confirmé dans ses fonctions par référendum le 9 janvier 1972. Constitution de 1963 suspendue. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Tunisie

Tunis. 5 510 000. 34.
Économie. PNB (71) 304. Production : G (71) 156 + A (72) 112 + I (72) 145. Énerg. (*72) : 349. C.E. (71) : 14 %.
Transports. (*72) : 506 M pass./km, 1 442 M t/km. (*72) : 80 400 + 47 200. (72) : 374 M pass./km.
Information. (72) : 4 quotidiens ; tirage global : 156 000. (72) : 400 000. (72) : 80 000. (68) : 44 800 fauteuils ; fréquentation : 8 M. (72) : 96 000.
Santé. (71) : 1 004. Mté inf. (69) : *125.
Éducation. (68). Prim. (70) : 922 861. Sec. et techn. : 149 414. Sup. : 8 368.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée le 29 décembre 1969. Président de la République : Habib Bourguiba, élu président à vie. Premier ministre : Hedi Nouira.

Président à vie

Habib Bourguiba est réélu (99,85 % des suffrages) le 3 novembre 1974, pour la troisième fois, à la tête de l'État. Mais il n'aura plus à recourir aux élections : il est désormais président à vie, comme le 9e Congrès national du parti socialiste destourien, réuni à Monastir au mois de septembre, en avait exprimé le vœu.

Au cours de ce congrès, le Combattant suprême prouve son emprise sur l'État et sur le parti : il parvient à ce que Monastir II efface Monastir I (Journal de l'année 1971-72). Le président Bourguiba réaffirme sa volonté de voir les membres du bureau politique désignés par lui et non pas élus ; en cas de vacance du pouvoir, il se prononce pour l'accession du secrétaire général du parti (en l'occurrence le Premier ministre Hedi Nouira) à la tête de l'État jusqu'à l'expiration du mandat présidentiel en cours ; il insiste sur l'importance qu'il attache au projet de réforme concernant les relations entre le gouvernement, l'Assemblée nationale et la présidence, l'Assemblée pouvant, dans des circonstances exceptionnelles, censurer le gouvernement et même le chef de l'État. Les institutions devront être modifiées de façon à permettre de recourir à la procédure du référendum.

Enfin, le Congrès procède à l'exclusion de toute activité au sein du parti de Mohamed Masmoudi et des sept personnalités qui avaient, la veille de l'ouverture, publié un communiqué contestant sa validité.

Au mois de septembre, Habib Bourguiba procède au renouvellement du bureau politique du parti : Hedi Nouira est confirmé dans ses fonctions, mais neuf membres seulement de l'ancien bureau restent. On compte onze nouveaux titulaires, dont Habib Bourguiba junior.

Économie

Sur le plan économique, la situation s'améliore. Pour la première fois depuis l'indépendance, la balance commerciale est en équilibre. Celle des paiements est excédentaire de 1,7 milliards de francs. Alors qu'au cours de la décennie précédente les investissements avaient été de 12,5 milliards de francs, le IVe Plan (1973-1976) prévoit qu'ils seront de 13 milliards, dont 24 % provenant de l'aide extérieure. Mais la situation de l'emploi reste préoccupante.