Devant la commission de contrôle des prix, qui est appelée à donner un avis au ministre des Affaires économiques, le dossier du pétrole reçoit un accueil mitigé et la question est portée devant le Comité national d'expansion économique, où se rencontrent le gouvernement et les grands groupes de pression sociaux et économiques. Après bon nombre de tergiversations et de réunions, le gouvernement accorde une hausse basée sur une augmentation des prix du brut, évaluée à 1 239 francs la tonne (les pétroliers faisaient valoir que les prix avaient augmenté globalement de 2 000 francs la tonne). Les compagnies pétrolières, estimant les hausses nettement insuffisantes, maintiennent leur refus d'importer et continuent de puiser dans leurs réserves stratégiques.

Devant certains refus d'assurer l'approvisionnement, le gouvernement applique des mesures de réquisition.

Négociations

Mais Leo Tindemans se heurte à un climat politique lourd. Son intention est de négocier sur la base d'un schéma de programme simple, un « programme de confiance », la constitution rapide d'un « bon gouvernement pour quatre ans ».

Il négocie avec les seuls socialistes qui ont refusé le renouvellement de l'alliance tripartite avec les libéraux. Mais les négociateurs butent sur quatre problèmes préliminaires :
– le problème scolaire ;
– la question de l'avortement, d'autant plus délicate qu'elle soulève des questions de principe ;
– la question de l'initiative publique dans le domaine industriel ;
– la régionalisation. Sur ce dernier point, les socialistes ont, durant la campagne électorale, passé un accord avec la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB, l'un des quatre mouvements socialistes de l'Action commune), accord dans lequel est prévue l'élection directe des membres des assemblées régionales.

Cette solution heurte les partenaires sociaux-chrétiens et plus spécifiquement le PSC, resté attaché à des thèses provincialistes et qui veut faire jouer un rôle plus important aux conseils provinciaux. À Pâques, les négociations sont rompues, et Leo Tindemans se tourne vers les libéraux.

Les quatre partis (CVP, PSC, PLP, PVP), qui n'en forment que deux sur le plan des familles idéologiques : chrétiens (CVP et PSC) et libéraux (PLP et PVV), peuvent compter sur une majorité au Sénat seulement. À la Chambre, il leur manque soit deux voix, soit cinq, suivant qu'ils obtiennent ou non l'appui des libéraux bruxellois du PLDP.

Les libéraux demandent que l'on recherche l'association des partis communautaires (Volksunie en Flandre, Rassemblement wallon en Wallonie et FDF à Bruxelles). L. Tindemans prend contact avec les leaders ; ils acceptent la négociation. Celle-ci se déroule au château de Steenokkerzeel, au cours d'un conclave qui dure vingt-trois heures. Elle aboutit à un échec, mais elle laisse un bilan positif ; pour la première fois les partis communautaires ont affirmé leur volonté de négocier un programme de gouvernement. Les problèmes de la régionalisation ont été précisés clairement.

Investiture

Sur la délimitation de la région Bruxelles-capitale, les thèses des Flamands et des francophones restent encore très éloignées. L. Tindemans reprend la négociation avec les seuls libéraux. Mais une ouverture a été faite aux partis communautaires, et il sort de ces délibérations un projet d'accord sur la régionalisation.

Le 25 avril, le gouvernement Tindemans est enfin composé. Il compte 9 ministres et secrétaires d'État CVP, 7 PSC, 4 PLP et 5 PVV.

Mais ce gouvernement reste minoritaire à la Chambre et au Conseil culturel francophone. Il passe néanmoins le cap de l'investiture, personne n'ayant intérêt à le faire tomber immédiatement. Tout le monde pense que ce gouvernement va s'élargir soit en associant les partis communautaires, soit les socialistes.

Le 11 juin, en effet, le gouvernement s'enrichit de cinq nouveaux ministres, dont trois représentants du mouvement fédéraliste wallon (notamment François Perin) et deux chrétiens-sociaux, un Flamand et l'autre Wallon. Cet élargissement assure à l'équipe Tindemans une majorité parlementaire.