De plus, la démission de Hendrick Fayat (PSB) donne à Élie Van Bogaert, professeur à l'ULB, l'occasion de recevoir un portefeuille de secrétaire d'État aux Réformes institutionnelles et administratives.

Du côté francophone, on découvre les vertus particulières d'un décret voté en juillet, à l'unanimité des 124 membres présents du Conseil culturel flamand. Ce décret impose l'usage du néerlandais dans tous les rapports avec le personnel dans les entreprises de Flandre.

Les auteurs du décret expliquent qu'il s'agit là d'une législation de portée sociale tendant à mettre fin au fait que de nombreuses entreprises, dans la partie nord du pays, sont encore dirigées en français, en anglais et en allemand ; ce texte soulève du côté francophone une vive émotion.

IBRAMCO

Mais les Belges ont d'autres soucis. Ils subissent, eux aussi, les atteintes de la crise pétrolière mondiale. Ils connaissent les interdictions de circuler le dimanche, les limitations de vitesse et toute une série d'autres mesures destinées à réduire la consommation d'énergie.

Mauvaise nouvelle pour le gouvernement : l'application de ces mesures d'économie de carburant et de combustible fait perdre au fisc environ 500 millions de francs par mois ! Le bel équilibre budgétaire de Val Duchesse est menacé.

L'affaire IBRAMCO rebondit, le gouvernement devant donner une réponse à ses interlocuteurs iraniens le 15 janvier 1974. Or, le gouvernement Leburton a beau multiplier les assurances quant à la rentabilité du projet, certains émettent des doutes. Notamment un expert socialiste wallon qui a participé aux négociations avec les Iraniens. Et surtout un journaliste du Soir, Christian Tacquenier, économiste à l'esprit scientifique rigoureux, qui affirme qu'en acceptant que les Iraniens livrent leur pétrole brut au prix du marché la Belgique fait une mauvaise affaire.

Démission

Les partenaires des socialistes, au gouvernement, commencent à se poser des questions sur les prix et les garanties d'approvisionnement. Le gouvernement décide d'envoyer une délégation à Téhéran pour demander des éclaircissements. Trop tard. La National Iranian Oil Company (NIOC) fait observer que la date de réponse est dépassée et qu'elle ne peut admettre qu'on veuille, du côté belge, évoquer « certaines conditions ». C'est la fin d'IBRAMCO, et celle du gouvernement Leburton. Les ministres socialistes démissionnent en bloc.

Leo Tindemans est chargé par le roi de former un gouvernement. Celui qui apparaît comme l'espoir du CVP (chrétiens flamands) veut éviter une dissolution immédiate des Chambres, réclamée par les socialistes. Il n'y réussit pas, les sociaux-chrétiens wallons se montrant hostiles à un gouvernement minoritaire.

Il faut donc recourir aux élections législatives. Le 10e scrutin de l'après-guerre a lieu le 10 mars 1974, et 6 423 027 électeurs y participent.

Les résultats surprennent les observateurs. Les sociaux-chrétiens, le CVP comme le PSC, sortent renforcés de l'épreuve. Les partis communautaires subissent un coup d'arrêt et un tassement, prévisible pour la Volksunie, cependant que le monde politique s'attendait à une montée du Rassemblement wallon dans le sud du pays.

Malgré les efforts et l'incontestable savoir-faire de leur président, le professeur Perin, ce n'est pas précisément la victoire. À Bruxelles, le cartel FDF-PLDP (le Front démocratique des francophones, qui forme un parti avec le Rassemblement wallon, et le Parti libéral démocratique et progressiste) n'enregistre pas le succès escompté. Le parti libéral (PLP en Wallonie et PVV en Flandre) connaît le succès dans le Nord et subit un échec dans le Sud. Chez les socialistes, c'est le contraire : les Wallons se portent bien, mais les Flamands sont en perte de vitesse.

Pétrole

Pendant que le monde politique enregistre le résultat de ces élections et que les états-majors, fatigués par la campagne électorale, tirent les conséquences de la nouvelle distribution des cartes, une guerre économique oppose les sociétés pétrolières au gouvernement.

Depuis plusieurs mois, la Fédération pétrolière avait demandé une hausse des prix des produits pétroliers. Willy Claes, socialiste et ministre des Affaires économiques, avait accordé une augmentation vers la mi-novembre : elle représentait à peu près la moitié de ce que réclamaient les pétroliers. Par ailleurs, le gouvernement bloquait les prix. En janvier 1974, les pétroliers, arguant de la situation créée par la crise pétrolière mondiale et les hausses des prix intervenues sur le marché international, demandent de pouvoir répercuter les hausses du prix du pétrole dans le prix de vente au consommateur.