Un véritable cordon sanitaire est établi sur le fleuve Niger, qui sépare les anciens districts sécessionnistes du reste du pays, et les Ibos sont soumis à rude épreuve, à la fois par les fédéraux et par une importante partie des tribus minoritaires installées sur le même territoire. Ces dernières reprochent aux Ibos de les avoir entraînées dans une guerre sans issue. Curieusement, c'est dans l'ouest et le moyen-ouest que se manifeste le courant le plus hostile à la réintégration des Ibos dans la communauté nationale. En revanche, les États du nord, à majorité musulmane, ouvrent largement leurs portes aux vaincus.

Situation sanitaire médiocre, sous-emploi, persistance de certaines difficultés de ravitaillement, présence permanente d'un important contingent de troupes fédérales constituent autant d'éléments avec lesquels doivent compter les habitants du ghetto biafrais. En tout état de cause, l'évolution de cette partie de la fédération ne préoccupe guère le gouvernement du major-général Gowon, plus inquiet de l'existence de tensions politiques dans l'ouest et de la naissance de certains mouvements de contestation à Lagos même : incidents entre civils et militaires en novembre 1970 ; manifestations d'étudiants en février ; heurts entre policiers et grévistes en mars.

Diplomatie progressiste

Cette agitation semble d'autant plus surprenante que le régime militaire adopte une politique progressiste, au moins dans le domaine des relations extérieures : reconnaissance de la République populaire de Chine en février ; retrait de la commission du Commonwealth sur les dirigeants de Pretoria ; renforcement des liens de coopération avec l'Algérie, où le chef de l'État nigérian s'est rendu en visite officielle en août 1970.

La situation économique est excellente et le plan quadriennal de développement prévoit une importante expansion de l'industrie. La production pétrolière est en plein essor ; en quelques mois, le rythme d'extraction a triplé, plaçant le Nigeria au deuxième rang des producteurs africains de pétrole, après la Libye, mais avant l'Algérie.

Ouganda

9 764 000. 42. 2,5 %.
Économie. PNB (68) 96. Production (67) : A 60 % + I 12 % + S 28 %. Énerg. (68) : 61. C.E. (67) : 24 %.
Transports. (*68) : 32 800 + 5 000. (*68) : 222 189 000 pass./km.
Information. (68) : 5 quotidiens ; tirage global : 51 000. (67) : *509 000. (68) : 9 000. (65) : 16 000 fauteuils ; fréquentation : 2 M. (68) : 25 874.
Santé (67). 1 013.
Éducation. Prim. (66) : 564 190. Sec. et techn. (66) : 98 129. Sup. (67) : 1 593.
Institutions. État fédéral indépendant le 9 octobre 1962. République proclamée le 9 octobre 1963. Constitution de 1966 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : général Idi Aminé Dada, chef de la junte militaire qui renverse le président Milton Obote le 25 janvier 1971.

Putsch militaire

Mettant à profit l'absence de Milton Obote, qui participe à la conférence du Commonwealth à Singapour, les militaires s'emparent du pouvoir par la force, le 25 janvier 1971. Ce putsch ressemble étrangement à la plupart de ceux qui l'ont précédé ailleurs en Afrique ; indifférence à peu près totale de la population aux initiatives de la junte, accusations de népotisme, prévarication, tribalisme, autocratie lancées contre le président déchu, politique incertaine des nouveaux dirigeants, qui donnent l'impression de se contenter d'expédier les affaires courantes.

L'homme qui, à la faveur de ce coup de force, accède au premier plan est le général Idi Aminé Dada, considéré jusqu'alors comme l'un des meilleurs soutiens du président Obote, qu'il avait aidé, en 1966, à écraser la rébellion du Kabaka du Bouganda.

Le général putschiste reproche précisément à son allié de la veille d'avoir évincé le Kabaka, de l'avoir contraint à l'exil et de s'être livré à une action répressive contre le Kabaka Yekka, le parti monarchiste. Une des premières décisions du gouvernement militaire est d'organiser des funérailles nationales pour le roi Freddie, décédé en octobre 1969 à Londres. Au demeurant, on ne distingue pas de changement majeur dans la conduite des affaires publiques et la junte, qui avait annoncé des mesures de dénationalisation et de prochaines élections générales, se préoccupe surtout d'obtenir la reconnaissance du plus grand nombre possible d'États.