Une trentaine de soldats français ont été tués depuis le début des combats. L'opinion française comprend mal l'intérêt de telles opérations que beaucoup d'hommes politiques critiquent. De plus, en 1969 et 1970, les dépenses du corps expéditionnaire ont dépassé 253 millions de francs.

L'évacuation des soldats français pose un épineux problème de relève. Certains officiers français seront placés en position de détachement dans les forces armées tchadiennes pour en renforcer l'encadrement. Les militaires tchadiens entraînés en République démocratique du Congo assureront une relève partielle.

À plusieurs reprises, des rumeurs ont circulé sur l'éventualité d'une aide militaire américaine et d'une aide israélienne. En fait, la présence permanente de troupes françaises sera maintenue à Fort-Lamy, qui reste le pivot du dispositif stratégique de la France en Afrique centrale.

La mission administrative française, chargée d'aider à réorganiser la fonction publique, reste en partie sur place. Elle a d'ailleurs un travail considérable à assumer ; en août 1970, plusieurs centaines de fonctionnaires ont été révoqués ou mis à la retraite.

Conciliation

Simultanément, F. Tombalbaye a multiplié les gestes de conciliation, faisant libérer de nombreux détenus politiques, encourageant les ralliements, intégrant à l'équipe gouvernementale d'anciens opposants.

En octobre 1970, F. Tombalbaye se fait attribuer les pleins pouvoirs et en avril 1971, à l'occasion du congrès du parti tchadien, il est reconduit dans ses fonctions de secrétaire général du parti unique. Sans être parvenu à triompher de tous les courants de contestation, le chef de l'État a renforcé sa popularité et son autorité. Les jeunes restent en majorité opposés au régime, mais les appels à la réconciliation nationale semblent avoir été en partie entendus.

En avril, le chef de l'État fait élire au bureau politique du parti Djibrine Kerallah, ancien ministre arrêté en septembre 1963 pour complot ; en mai, à la suite d'un remaniement ministériel, il lui confie un portefeuille, ainsi qu'à deux autres opposants, Baba Hassane et Mahamat Abdelkrim, ancien président de l'Assemblée nationale ; ces nominations apparaissent comme un geste voulu d'apaisement.

Grâce à une action diplomatique persévérante, les dirigeants obtiennent que la Libye et le Soudan cessent d'aider activement la rébellion. En revanche, les tentatives officieuses de négociations avec les rebelles tournent court ; le Dr Abba Siddick, leader du Front de libération nationale (Frolina), reste opposé à toute discussion ; il ne parvient toujours pas à constituer un véritable mouvement coordonné et efficace. Ce demi-échec est un des atouts du gouvernement, qui, jusqu'à présent, a pu compter sur la fidélité absolue des forces armées.

Togo

1 857 000. 33. 2,5 %.
Économie. PNB (66) 124. Production (65) : A 50 % + I 19 % + S 31 %. Énerg. (*68) : 42. C.E. (66) : 17 %.
Transport. (*68) : 79 M pass./km, 12 M t/km. (*68) : 5 800 + 4 400. (*68) : 54 749 000 pass./km.
Information. (67) : 2 quotidiens ; tirage global : 10 000. (68) : 35 000. (64) : 2 300 fauteuils ; fréquentation : 0,3 M. (68) : 2 900.
Santé (67). 87.
Éducation (66). Prim. : 157 548. Sc. et techn. : 13 949. Sup. : 85.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Eyadema, auteur du coup d'État du 13 janvier 1967, qui renverse le président Grunitzky. Constitution de 1963 suspendue. Assemblée dissoute. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Tunisie

5 027 000. 31. 2,2 %.
Économie. PNB (68) 225. Production (66) : A 18 % + I 31 % + S 51 %. Énerg. (*68) : 235. C.E. (68) : 15 %.
Transports. (*68) : 437 M pass./km, 1 312 M t/km. (*68) : 60 600 + 34 000. (*68) : 177 773 000 pass./km
Information. (68) : 4 quotidiens ; tirage global : 100 000. (68) : 450 000. (68) : *37 000. (68) : 44 100 fauteuils ; fréquentation : 8,3 M. (68) : 61 923.
Santé (66). 536.
Éducation (67). Prim. : 826 069. Sec. et techn. : 134 609. Sup. : 7 336.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée le 29 décembre 1969. Président de la République : Habib Bourguiba. Premier ministre : Hédi Nouira.

Voie libérale

Trois aspects sont à retenir d'une année tunisienne qui, sans présenter de grands bouleversements, n'en a pas moins marqué l'évolution du pays dans un sens largement positif : la stabilité et le bon fonctionnement du régime, assurés par une équipe de dirigeants efficaces, et cela bien que la santé du président Habib Bourguiba l'ait tenu presque constamment éloigné des affaires ; la réinsertion de la Tunisie dans la vie politique du monde arabe, spécialement dans les problèmes du Proche-Orient ; enfin, les impatiences de la jeunesse universitaire, qui ont pris la forme d'une agitation parfois violente.