Le soir même, des étudiants décident d'occuper le centre de Vincennes pour protester contre la présence de la police à la Sorbonne. Ils resteront dans les lieux une partie de la nuit et en seront finalement délogés par les CRS.

Sous les drapeaux

À la suite de l'occupation du rectorat, 34 étudiants ayant participé à l'opération sont exclus pour un an de l'université de Paris par le recteur en vertu du décret du 13 décembre 1968 qui donne des pouvoirs disciplinaires aux recteurs en attendant la mise en place des nouvelles institutions prévues par la loi d'orientation. Le conseil supérieur de l'Éducation nationale, saisi en appel, annulera cette décision et se contentera d'adresser une « réprimande » aux étudiants poursuivis. Dix d'entre eux avaient vu, avant la décision du conseil supérieur, leur sursis résilié et ont dû rejoindre leur corps d'armée. Bien que l'exclusion de l'université ait été annulée et malgré la « protestation solennelle » du Conseil supérieur de l'Éducation nationale, en mai 1969, le gouvernement ne les autorise pas à bénéficier à nouveau du sursis et ils restent maintenus sous les drapeaux.

La situation se dégrade au cours du premier trimestre 1969 à la faculté des lettres de Nanterre, à la suite de la décision du doyen de faire appel à des contractuels pour maintenir l'ordre. La présence des appariteurs musclés avait été réclamée par les enseignants du syndicat autonome, qui s'estimaient menacés. Mais elle soulève l'hostilité de nombreux étudiants. À plusieurs reprises, des heurts éclatent entre les appariteurs et les comités d'action. Les plus graves ont lieu le 31 janvier 1969. 300 jeunes gens d'extrême gauche sont réunis pour protester à l'annonce de la venue à la faculté de Pierre Chaunu, fondateur du CDR de Caen, qui devait siéger dans un jury de thèse.

Grève de la faim

Bien que la soutenance n'ait pas lieu à la date dite, les comités d'action ont organisé une manifestation et ils attaquent à coups de pierres et de boulons le bâtiment administratif. Sur ordre du doyen, les appariteurs interviennent avec une très grande brutalité, poursuivant dans les couloirs et les salles de travail des étudiants qui n'étaient pour rien dans l'affaire et en blessant plusieurs. Ces incidents provoquent une très vive émotion. De nombreux étudiants et des enseignants du SNE Sup se mettent en grève. Neuf étudiants, trois enseignants et un chercheur mènent une grève de la faim d'une semaine, et le doyen décide finalement de renvoyer les appariteurs.

Vers la suppression du CAPES et de l'agrégation

Quatre jours avant le début de l'écrit de l'agrégation, Edgar Faure annonce inopinément une réforme du recrutement et de la formation des professeurs de second degré, qui prévoit notamment la suppression des concours traditionnels en 1970.

Cette décision a été préparée par les travaux des commissions réunies depuis la rentrée. Cependant, elle surprend par sa soudaineté. Des contestataires ont estimé que la réforme était insuffisante et ont perturbé les concours dans quelques disciplines (la philosophie, les lettres modernes et l'anglais à Paris, les lettres et la philosophie à Aix-en-Provence). Mais le projet du ministre a également été vivement combattu par les partisans du système traditionnel (en particulier, la Société des agrégés).

La réforme annoncée consiste à donner une formation pédagogique poussée aux futurs professeurs et à supprimer les différences dans la formation entre les agrégés et les capésiens. Elle prévoit la création d'instituts de formation pédagogique dans lesquels tous les futurs enseignants passeraient deux ans. Ils y entreraient après la licence. À la sortie de ces instituts, ils suivraient un an de stage avant d'être titularisés.

Le projet prévoit également la création d'un concours supérieur qui permettrait d'accéder à l'enseignement supérieur. Le succès à ce concours ne dispenserait pas d'un passage d'une année dans les instituts de formation pédagogique pour les futurs enseignants qui se destineraient au secondaire.