Un nouveau projet, à l'élaboration duquel enseignants et parents ont été associés, est mis au point. Il prévoit la création d'un « Office national d'information sur les enseignements et les professions », qui devra notamment élaborer et diffuser une documentation sur les carrières et les besoins professionnels. Cet office sera administré par un conseil de 55 membres (représentants des enseignants, des parents, des élèves, des étudiants, des employeurs, des salariés, de l'Administration). Il aura un centre dans chaque académie.

Le projet prévoit que les modalités d'orientation et de passage d'une classe à l'autre devront faire appel moins aux examens et davantage au dialogue entre parents et enseignants.

Les cas des élèves sont examinés par les conseils de classe (qui groupent les professeurs d'une même classe avec des représentants des parents et des élèves). En cas de litige, ils peuvent être soumis à un conseil de niveau (groupant les professeurs de toutes les classes d'un même niveau), puis à un conseil de district (qui comprend des représentants de l'ensemble des établissements scolaires d'un district).

Le projet prévoit également la mise en place d'un « centre de psychologie, d'information et d'orientation », avec des conseillers orienteurs et des psychologues, dans chaque académie.

La guerre du latin

Pour poursuivre l'instauration du tronc commun qui doit permettre à tous les enfants de suivre un enseignement identique et éviter une spécialisation souvent prématurée entre modernes et classiques, le ministère de l'Éducation nationale a décidé de supprimer l'enseignement du latin des programmes de la classe de sixième. Cette mesure s'étend aux classes de cinquième à la rentrée de 1969. L'enseignement du latin commencera désormais au niveau de la quatrième. Cette décision ne doit pas être isolée des projets tendant à introduire l'enseignement des mathématiques modernes dans ces classes. Les nouveaux horaires adoptés ont donc accordé une plus grande part à l'enseignement des sciences d'observation, de l'histoire et de la géographie, et du français. Cet aménagement s'est cependant heurté, dans bien des cas, à l'insuffisance du nombre de postes d'enseignants, notamment en mathématiques.

La suppression du latin en sixième et l'annonce de sa suppression en cinquième ont donné lieu à une polémique virulente qui a pris parfois l'allure d'une véritable guerre du latin. Les tenants de l'ancien système se sont réunis dans des associations « pour la défense du latin » et ont fait valoir la grande valeur formatrice de cet enseignement pour l'esprit des élèves. Les adversaires ont mis l'accent sur le fait que le latin était souvent, par l'importance excessive qui lui était accordée, un frein à l'étude des matières modernes. Le nouveau système est, selon eux, plus démocratique dans la mesure où il tend à faire disparaître la vieille distinction entre élèves doués des sections classiques et élèves de deuxième catégorie des sections modernes.

Le baccalauréat formule 1969

Une tradition récente de l'enseignement français veut que le baccalauréat soit chaque année l'objet d'une réforme. 1969 n'aura pas failli à cette coutume. D'importantes modifications ont été apportées à ce qui reste, aux dires du ministre de l'Éducation nationale, le « premier grade de l'enseignement supérieur ».

En fin de première

Une innovation majeure : la création d'une épreuve de français, comportant un écrit et un oral, qui se déroule à la fin de la classe de première. Cette épreuve est réservée aux élèves admis à passer dans une classe supérieure. Elle est, avec un an d'avance par rapport aux autres épreuves, la première épreuve du baccalauréat. La note obtenue par les candidats est enregistrée et réservée jusqu'à l'année suivante.

Cette mesure a été adoptée sur les conseils d'une Commission de rénovation pédagogique réunie au ministère de l'Éducation nationale. Elle répond au souci principal d'alléger les programmes des classes terminales et d'éviter aux candidats la confusion fréquente entre l'épreuve de français et l'épreuve de philosophie. L'enseignement du français ne disparaît pas pour autant des classes terminales.