Cette individualisation du travail est accentuée dans beaucoup de facultés par l'introduction du système des unités de valeur inauguré à Vincennes et du contrôle continu des connaissances. Le contrôle continu prend des formes diverses : exposés réguliers, constitution par les étudiants de fiches ou de dossiers, examens partiels...

Le ministère avait spécifié que, pour être valable, un examen devait comprendre au moins deux épreuves écrites. La mise au point de ce système s'est faite avec une certaine improvisation et a soulevé des objections. Certains, comme le doyen Vedel, ont craint qu'avec cette formule les diplômes deviennent des « assignats » universitaires et que, distribués très généreusement, ils perdent toute valeur.

Ces inquiétudes ont trouvé quelque fondement dans certaines initiatives — d'ailleurs extrêmement limitées — consistant à donner la moyenne à tous les candidats. Mais, dans l'ensemble, elles ne paraissent pas justifiées et les titres universitaires 1969 ne seront pas inférieurs à ceux des autres années.

Pluridisciplinaire

La liberté nouvelle dont disposent les établissements a permis à de nombreux enseignants de tenter des innovations en matière pédagogique. Les expériences n'ont pas été le monopole des centres créés à cet effet. En lettres, certaines facultés se sont efforcées de limiter la spécialisation excessive que la réforme Fouchet avait introduite dans le premier cycle.

Toutefois, peu de progrès ont été faits pour développer le rapprochement entre les disciplines. La crise universitaire a, au contraire, encouragé une tendance au repli sur soi des départements ou des sections de chaque faculté rendant plus difficile l'organisation d'un enseignement et d'une recherche pluridisciplinaires. Trop souvent, les nouvelles universités n'ont fait que reconstituer les anciennes facultés, au lieu de rechercher de nouveaux regroupements de disciplines. Les regroupements sont nécessaires pour mettre au point des formations pouvant conduire à de nouveaux débouchés professionnels et pour permettre le développement de la recherche moderne.

La loi d'orientation de l'enseignement supérieur

La loi réorganise entièrement les institutions universitaires. Elle supprime les facultés traditionnelles (créées en 1808), constituées pur ordre d'enseignement (droit, lettres, sciences, médecine, pharmacie) et donne au terme (d'université un sens entièrement nouveau. Créées en 1896, les universités n'étaient, en fait, qu'un simple échelon administratif entre les facultés et le ministère. Elles ne disposaient d'aucun pouvoir et n'agissaient qu'en matière disciplinaire.

La loi d'orientation de l'enseignement supérieur a été adoptée par l'Assemblée nationale, le 11 octobre 1968, par 441 voix contre 0. Il y a eu 39 abstentions : les 33 communistes et 6 députés UDR, parmi lesquels Christian Fouchet, ancien ministre de l'Éducation nationale. La préparation de la loi avait provoqué un débat souvent vif au sein de la majorité. Toutefois, le général de Gaulle avait, dès avant le débat parlementaire, arbitré en faveur d'Edgar Faure. Les grandes options de la loi d'orientation n'ont donc pas été remises en cause au cours du débat.

Les universités

Elles sont définies comme des « établissements publics à caractère scientifique et culturel ». Elles sont pluridisciplinaires et doivent associer autant que possible « les arts et les lettres aux sciences et aux techniques ». Elles établissent leurs propres statuts, leurs programmes pédagogiques et de recherche, les procédés de contrôle des connaissances. Elles ont l'autonomie budgétaire ; le contrôle financier s'exerce a posteriori.

Ces établissements sont administrés par un conseil élu, composé d'étudiants, d'enseignants, de chercheurs, de représentants du personnel administratif et technique, et de personnalités extérieures. Dans ces conseils, les étudiants sont en nombre égal aux enseignants. Toutefois, parmi ces derniers, on ne compte pas les assistants qui ne sont pas agrégés ou docteurs de 3e cycle. Les professeurs titulaires constituent 60 % de l'ensemble des représentants des enseignants.