En Europe, la même volonté de détente et de maintien du statu quo s'est fait jour. La crise de Berlin s'est limitée à quelques menaces sans conséquences. Et c'est — fait sans précédent — l'Allemagne de l'Ouest que l'URSS a pris la première à témoin du « danger chinois », avant d'effectuer des démarches identiques à Paris et à Tokyo.

Avec moins de publicité, mais, semble-t-il, plus d'efficacité, Moscou a poursuivi ses efforts pour prendre pied en Amérique latine : rétablissement des relations diplomatiques avec le Pérou le 4 février 1969, négociations entreprises dans le même dessein avec le Venezuela et accord commercial, le 3 mars, avec l'Uruguay. La mauvaise humeur manifestée par Cuba à l'égard de ce rapprochement avec des « régimes réactionnaires » a été jugée négligeable. Les Cubains ont d'ailleurs finalement accepté de se rendre à la conférence des PC.

Yougoslavie

20 186 000. 77. 1,2 %.
Économie. Production (66) : A 30 % + I 42 % + S 28 %. Consomm. énergie (*66) : 1 202 kg e.c.
Transports. (*66) : 12 196 M pass./km, 16 554 M t/km. (*66) : 253 300 + 80 000.  : 1 196 000 tjb. (*66) : 299 330 000.
Information. (66) : 23 quotidiens ; tirage global : *1 589. (66) : 3 200 000. (66) : 800 000. (66) : 526 000 fauteuils ; fréquentation : 114,6 M. (66) : 452 248.
Santé (65). 16 240 . Mté inf. (66) : *61,3.
Éducation (65). Prim. : 2 945 520. Sec. et techn. : 611 271. Sup. : 184 923.
Institutions. République populaire, proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963. Président de la République, secrétaire général du Parti : Josip Broz Tito, réélu le 16 mai 1967. Président du Conseil : Mitja Ribičič. Parti unique : Ligue des communistes.

Renforcement du libéralisme

En quelques mois, la Yougoslavie subit des transformations capitales. Un parti remis à neuf, une armée bouleversée de fond en comble, une assemblée nouvelle ; une série de problèmes politiques, qui s'effaçaient auparavant au bénéfice de l'économie, ont brusquement surgi, poussant le maréchal Tito à penser déjà à l'après-titisme.

La Ligue communiste réunit son 8e Congrès le 11 mars 1969. Tiraillé à la base par les patriotismes locaux qui se font jour dans les Républiques fédérées et les Régions autonomes, le parti est à la recherche d'un centralisme n'excluant pas le libéralisme. On conciliera les deux. Un nouvel organisme dirigeant est créé : sous le nom de bureau exécutif, il associe à Tito les personnalités les plus représentatives des 6 Républiques et des 2 Régions. C'est une soudure rendue nécessaire par le réveil de la vie interne du parti.

Les minorités ont le droit d'exister

L'équilibre est préservé, car le congrès vote de nouveaux statuts reconnaissant aux minorités — politiques — le droit d'exister et de discuter à l'intérieur du parti.

La mise en place de ces nouvelles structures est encore trop fraîche pour avoir permis à la Ligue communiste d'agir avec l'efficacité désirée lors des élections d'avril 1969. La désignation des candidats a été précédée de marchandages intenses et souvent confus. Il s'agissait de trouver un savant dosage entre les représentants de différentes nationalités et d'éliminer des notables locaux jugés trop routiniers.

Le résultat n'est guère concluant : dans plusieurs cas, des candidats auxquels le parti a refusé son patronage sont élus à l'Assemblée fédérale ou aux Assemblées locales. Tito dira : « C'est un échec pour nous. » L'appréciation porte toutefois plus sur les hommes que sur leurs idées. La nouvelle Assemblée fédérale — qui approuve sans réticence le remplacement du Croate Spiljak par le Slovène Ribičič à la tête du gouvernement — est, en effet, comme la précédente, entièrement acquise à la ligne du titisme.

C'est l'ancienne Assemblée, du reste, qui a, en guise de testament, légué à la Yougoslavie la loi capitale sur « la défense populaire totale ». Après l'intervention soviétique en Tchécoslovaquie, suivie en automne d'inquiétantes manœuvres bulgaro-soviétiques le long des frontières, Tito s'est souvenu de son passé de chef de partisans.