De ce compromis laborieux qui se poursuit par d'âpres négociations pour la désignation des candidats aux élections législatives du 1er juin 1969, un seul homme émerge. C'est Edward Gierek, le très populaire patron de la Silésie ouvrière. Politiquement trop jeune pour avoir été marqué par une longue collaboration avec les anciens du gomulkisme, trop prudent pour s'être engagé à fond avec les Partisans, il fait désormais figure au bureau politique de successeur éventuel de Gomulka. Avec une participation supérieure à celle de 1965 (98,1 %), les législatives sont sans surprise, sauf peut-être le succès inattendu des catholiques de Znak.

Portugal

9 505 000. 102. 1,1 %.
Économie. PNB (66) 436. Production (66) : A 19 % + I 42 % + S 37 %. Consomm. énergie (*66) : 532 kg e.c.
Transports. (*66) : 3 124 M pass./km, 677 M t/km. (64) : *195 000 + *68 500.  : 755 000 tjb. (*66) : 932 343 000 pass./km.
Information. (65) : 29 quotidiens ; tirage global : 622 000. (66) : 1 235 000. (66) : 211 000. (65) : fréquentation : 27,9 M. (66) : 581 780.
Santé (65). 7 820 . Mté inf. (66) : 64,7.
Éducation (64). Prim. : 894 195. Sec. et techn. : 310 270. Sup. 32 115.
Institutions. République corporative, adoptée par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Tomás, réélu le 9 août 1965. Premier ministre : Marcello Caetano.

Timide début de libéralisation avec le successeur de Salazar

Le Dr Antonio de Oliveira Salazar est opéré le 6 septembre 1968 d'un hématome intracrânien survenu lors d'une chute accidentelle. Puis dix jours plus tard l'état du malade s'aggrave ; brutalement c'est le coma.

Le Dr Salazar avait procédé, le mois précédent, à un important remaniement ministériel. Le Premier ministre venait alors d'atteindre 79 ans ; il dirigeait les affaires de l'État depuis 38 ans. On s'attendait à voir apparaître, dans le gouvernement remanié, le nom d'un héritier politique. Il n'en fut rien.

À la mi-septembre, au château de Belem, le palais du président de la République, deux réunions du Conseil d'État, tenues à huit jours d'intervalle, seront nécessaires pour faire le tour de la question.

Le 26 septembre 1968, Marcello Caetano est nommé président du Conseil. Il s'engage à poursuivre la politique de son prédécesseur notamment dans le domaine relatif aux provinces d'outre-mer.

L'action des étudiants

Plusieurs mesures annoncent néanmoins une ébauche de libéralisation : décret amnistiant les insoumis, accord de principe pour des réformes, remaniement ministériel (révocation du ministre de l'Économie, considéré comme le plus fidèle lieutenant de Salazar, et nomination de jeunes technocrates connus pour leurs liens avec des mouvements catholiques modernes), assouplissement de la censure sur les questions de politique intérieure.

Les étudiants décident d'accélérer le processus. En octobre 1968 ils mettent à profit le 58e anniversaire de la révolution républicaine pour manifester et réclamer plus de libertés. En novembre, ils manifestent encore à Lisbonne. Cette fois pour protester contre les sévices de la PIDE (police politique). Un étudiant en est mort. Vingt jours plus tard, ils décident de boycotter les cérémonies de la rentrée universitaire ; ils réclament une « université démocratique, critique, libre et ouverte au pays tout entier ».

En décembre, 5 000 étudiants de l'université de Coïmbre défilent dans les rues et réclament une participation à la gestion de leur université. À la fin du mois, 3 000 manifestants à Lisbonne en faveur de réformes de l'enseignement et pour le retour de professeurs exilés politiques.

Défense : budget record

La police occupe, fin de décembre, l'École d'ingénieurs de Lisbonne pour déjouer un mouvement de grève. L'établissement est ensuite fermé. La grève universitaire s'étend alors aux autres facultés et les étudiants de Coïmbre rejoignent le mouvement. Chaque manifestation justifie aux yeux du gouvernement l'intervention des forces policières. On dénombre de nombreux blessés.

Comme sous Salazar, on procède à des arrestations de militants de la Ligue d'union et d'action révolutionnaire (LUAR), mais dans le même temps des mesures contribuent a détendre le climat. Une loi est mise en chantier pour assouplir le contrôle gouvernemental sur les organisations syndicales et sociales. La peine de déportation illimitée, infligée à l'avocat Mario Soares, est ramenée à un an ; le leader de l'opposition démocratique et socialiste est libéré en novembre 1968. On enregistre également l'autorisation donnée aux opposants de se réunir en congrès, à Aveiro, à la mi-mai, et le retour de l'évêque de Porto, Mgr Ferreira Gomes, adversaire du régime, exilé depuis onze ans.