Sur ces deux derniers points surtout, H. Wilson a tenté une politique de forcing qui n'a pas toujours obtenu les résultats escomptés. La conférence des Premiers ministres du Commonwealth à Londres (7-15 janvier 1969) met davantage en évidence les divergences (en particulier sur le Biafra et la Rhodésie) que la solidarité du club britannique. Elle se termine sur un constat d'échec.

En Europe, en revanche, les efforts opiniâtres de Londres pour trouver un appui réel auprès des cinq partenaires de la France rencontrent pour la première fois des encouragements concrets : dans le domaine politique, les Cinq acceptent de siéger sans la France aux côtés de la Grande-Bretagne au conseil de l'UEO, pour y tenir des consultations régulières. On ne saurait, toutefois, surestimer la percée ainsi réalisée par la diplomatie britannique.

D'autre part, la coopération technologique dont l'idée avait été lancée par H. Wilson aboutit, en particulier, à la signature, le 11 mars 1969, d'un protocole d'accord anglo-germano-hollandais sur la fabrication de l'uranium enrichi par centrifugation, accord qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l'approvisionnement futur de l'Europe.

Les animosités et les rancunes

Cependant, l'affaire Soames (février 1969) témoigne de la détérioration des relations franco-britanniques. Reçu à l'Élysée le 4 février 1969, l'ambassadeur de Sa Majesté à Paris, Christopher Soames (gendre de Churchill et ancien ministre conservateur) adresse à Londres un compte rendu de sa conversation avec le général de Gaulle, dans lequel il apparaît que le chef de l'État a fait une ouverture à l'Angleterre en vue de sa participation à une Europe élargie, qui ne serait ni celle du Marché commun ni celle de l'Alliance atlantique.

En dépit du secret qui avait été demandé par l'Élysée, le Foreign Office juge nécessaire d'informer immédiatement les partenaires de la France au sein du Marché commun.

Démenti et protestation de Paris. Explications embarrassées de M. Stewart, secrétaire au Foreign Office. Rapidement on cherche de part et d'autre à clore l'incident. Il n'en a pas moins ranimé les animosités et les rancunes. Le problème de la candidature britannique reste entier.

L'évolution des esprits en Grande-Bretagne se confirme néanmoins : elle est symbolisée par l'adhésion des trois grands partis politiques — conservateur, travailliste et libéral — au Comité d'action pour les États-Unis d'Europe créé par Jean Monnet.

Opération « Peau de mouton »

Dans la nuit du 18 au 19 mars 1969, le gouvernement Wilson lance l'opération Sheepskin (peau de mouton) : 120 parachutistes et 40 policiers de Scotland Yard, transportés dans la mer des Antilles par les frégates Minerva, Rhothesay et Rhyl, débarquent à Anguilla, petite île de 90 km2 et de 6 000 habitants, ex-colonie de la Couronne, entrée en rébellion. À l'aube, l'Union Jack flotte sur les bâtiments officiels à la place du drapeau aux cinq dauphins ; le président Ronald Webster a cessé d'être président. D'un coup de patte, le lion britannique a réduit la révolte d'Anguilla.

Anguilla, dont la Couronne britannique ne savait que faire, avait été, en 1967, politiquement liée à deux autres îles — Saint Kitts et Nevis — pour constituer une fédération autonome. Mais les Anguillais supportaient mal la tyrannie de la voisine Saint Kitts et de son président Robert Bradshaw. En juillet 1967, ils proclamaient la République et, en février 1968, la déclaraient, par référendum (1 739 oui, 4 non), « indépendante et souveraine ». Leur président. Ronald Webster, décidé à imposer son autorité, expulse deux citoyens britanniques et réquisitionne les armes : 5 mitrailleuses, 13 fusils, une douzaine de carabines et un canon napoléonien. Le 11 mars 1969, il chasse manu militari l'envoyé de Londres, William Witcock, sous-secrétaire au Foreign Office, dont le compte rendu affolé devait justifier l'intervention militaire.

Grèce

8 803 000. 65. 0,5 %.
Économie. PNB (66) 764. Production (65) : A 25 % + I 26 % + S 48 %. Consomm. énergie (*66) : 831 kg e.c.
Transports. (*66) : 1 151 M pass./km, 552 M t/km. (*66) : *113 600 + *74 800.  : 7 433 000 tjb. (*66) : 864 727 000 pass./km.
Information. (65) : 112 quotidiens. (66) : 936 000. (61) : 354 600 fauteuils ; fréquentation : 61,2 M. (66) : 579 076.
Santé (65). 12 573 . Mté inf. (66) : 34.
Éducation (64). Prim. : 965 782. Sec. et techn. : 430 318. Sup. : 53 305.
Institutions. Monarchie sanctionnée par référendum populaire le 1er septembre 1946. Constitution de 1968 partiellement en vigueur. Souverain : Constantin XIII en exil ; vice-roi : général Zoïtakis. Premier ministre : Andreas Papadopoulos.

La résistance au régime tente de s'organiser malgré la répression

La junte militaire grecque n'a pas réussi à désarmer l'opposition intérieure ou à se gagner la sympathie de la plupart des gouvernements étrangers. La constitution qu'elle a élaborée pour remplacer celle de 1952 a été approuvée au cours d'un référendum, le 29 septembre 1968, par 92,2 % des votants. Ce plébiscite a été dénoncé par tous les partis politiques (interdits) tant pour sa forme — les partisans du « non » ont été pourchassés, voire emprisonnés — que pour son contenu.