À l'automne 1968, pourtant, l'expansion amorcée en 1967 se poursuivait : augmentation de la production de 6 %, des exportations de 15,5 %, des importations de 12,5 % et de la productivité de 8 %. Mais le calme n'est qu'apparent. Les syndicats se préparent au combat pour le rendez-vous social au début de 1969, quand l'ensemble des contrats collectifs de travail doit être révisé. Intervention dure du président de la Confédération néerlandaise des associations professionnelles (556 000 adhérents) au congrès de la métallurgie : Kloos lance un appel en faveur d'une action concertée aux associations confessionnelles de travailleurs.

Kloos s'oppose formellement au blocage des salaires et exige des réformes sociales, notamment la lutte contre le chômage et la participation dans l'entreprise.

Sous la pression syndicale, le Premier ministre se résigne à approuver des augmentations de salaires supérieures à celles qui étaient prévues. Mais l'inflation est déjà en marche.

Les syndicalistes ont anticipé sur la hausse des prix due à l'entrée en vigueur de la TVA au 1er janvier, à l'augmentation des cotisations sociales et à celle des loyers ; les industriels ont anticipé sur la hausse des salaires ; les ménages ont anticipé sur la hausse des prix et ont augmenté leurs achats.

Dès la mi-mars 1969, le coût de la vie a absorbé les prévisions de hausse pour l'année : + 5,2 %. Le seuil d'inflation supportable est dépassé. Le gouvernement se décide à des mesures impopulaires.

Le jeu politique se durcit, lui aussi. En mars 1969, le congrès du parti socialiste (AP) se refuse désormais à conclure l'accord pré-électoral rituel avec les catholiques (KVP) et rejette l'éventualité d'une coalition gouvernementale avec eux. La tendance nouvelle gauche entraîne donc les conservateurs du parti socialiste, qui entre ainsi dans une phase d'opposition virulente.

Les revendications étudiantes — participation à la gestion de l'Université et démocratisation de celle-ci — sont posées.

Pour précipiter ces réformes, 500 étudiants occupent, en mai 1969, la maison de la Pucelle — locaux administratifs universitaires situés au centre d'Amsterdam. L'opération de police qui s'ensuit se solde par 16 personnes grièvement blessées. Dans la nuit du 11 au 12 juin, les violences gagnent à nouveau la rue, étudiants et policiers se livrent bataille autour des barricades.

À Nimègue, la tension monte, et à Tilburg et Leyden des locaux universitaires sont occupés. Partout ailleurs, sans violence, les structures traditionnelles s'effritent.

La répression à Curaçao

Un autre courant revendicatif explose, le 30 mai 1969, à Curaçao, où de violentes émeutes ouvrières sont durement réprimées. On déplore officiellement 4 morts, 500 blessés et plus de 50 millions de dollars de dégâts dans la capitale, Willemstad. Immédiatement, des parachutistes partent d'Amsterdam renforcer les troupes néerlandaises sur place.

Autonome, mais relevant de la couronne, Curaçao tire l'essentiel de ses ressources des raffineries de la Shell qui traitent le pétrole vénézuélien. C'est précisément d'un conflit social dans ces raffineries que partent les émeutes.

Pollution des eaux du Rhin

L'empoisonnement des eaux du Rhin par un insecticide (l'endosulvan) oblige, aux environs du 25 juin, à rentrer le bétail et à fermer un grand nombre d'écluses. Le repeuplement du fleuve en poissons demandera cinq ans.

Pologne

32 207 000. 101. 1,1 %.
Économie. Production (66) : A 22 % + I 61 % + S 17 %. Consomm. énergie (*66) : 3 608 kg e.c.
Transports. (*66) : 34 877 M pass./km, 85 014 M t/km. (*66) : 289 400 + 196 800.  : 1 210 000 tjb. (*66) : 309 048 000 pass./km.
Information. (66) : 42 quotidiens ; tirage global : 5 674. (66) : 5 593 000. (66) : 2 540 000. (66) : 690 000 fauteuils ; fréquentation : 22 M. (66) : 1 411 481.
Santé (65). 39 613 . Mté inf. (66) : 38,8.
Éducation (65). Prim. : 5 176 588. Sec. et techn. : 1 788 628. Suj. : 251 864.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Constitution de 1952. Chef de l'État : président du Conseil d'État, le maréchal Spychalski. Président du Conseil : Joseph Cyrankiewicz. Premier secrétaire du Parti : Wladyslaw Gomulka.

Gomulka aux prises avec l'opposition des Partisans

La lutte pour le pouvoir entamée en Pologne avec les épurations des libéraux et des sionistes, qui ont suivi les manifestations étudiantes de mars 1968, laisse maintenant face à face gomulkistes et Partisans.