Cette mesure concerne l'assurance aux tiers, qui est obligatoire, et elle s'applique à tous ceux qui cotisent, comme employeur ou employé, à la Sécurité sociale. Le gouvernement a, en effet, considéré que la Sécurité sociale supportait les frais des automobilistes qui se sont accidentés seuls et de ceux qui, responsables d'un accident, n'étaient pas remboursés par la compagnie adverse. La nouvelle mesure doit permettre de transférer aux compagnies d'assurances les frais de médicaments, chirurgie, rééducation provoqués par des accidents corporels.

Les compagnies ont obtenu une augmentation de 2 à 10 % des tarifs dans les agglomérations urbaines de province, la région parisienne échappant à toute modification. Cette mesure a pour but de tenir compte des changements apportés à la carte de circulation, certaines régions rurales s'étant fortement densifiées et étant parcourues par des voies à grande circulation.

C'est notamment le cas de la Moselle et des environs de grandes villes comme Lyon ou Grenoble. En revanche, les régions dont la population est restée stable ne seront pratiquement pas touchées. Les tarifs pourront même diminuer dans certains cas, comme à Epinal.

Mais, partout, les primes des voitures rapides (DS, 404-injection, coupé Simca 1800 S, R8 Gordini, Facel Vega, Matra) seront augmentées de 10 %.

Indemnisation plus rapide

Réduction très importante des délais de remboursement pour les dommages matériels résultant de collisions : à partir du 1er mai 1968, les automobilistes victimes sur le territoire métropolitain d'un accident n'ayant provoqué que des dégâts matériels seront indemnisés directement par leur propre compagnie d'assurances, et cela jusqu'à un plafond de 2 000 F. Ils ne seront donc plus tributaires de l'assurance de la partie adverse pour le règlement des réparations, qui pourra être effectué immédiatement après le rapport de l'expert.

La nouvelle réglementation repose sur le système du constat amiable, établi et signé sur place par les deux conducteurs. Immédiatement à la réception de ce formulaire, chaque compagnie fera expertiser le véhicule de son propre assuré par un expert agréé, dont le rapport fera foi vis-à-vis de l'autre compagnie. Le constat amiable permettra alors aux assureurs d'établir, en fonction du barème de responsabilités déjà utilisé, la part incombant à chaque automobiliste et de régler sans attente le remboursement correspondant, l'accord des assurés étant demandé au préalable en cas de partage des responsabilités.

La plupart des compagnies d'assurances ont ratifié cet accord, qui ne concerne pas les accidents matériels dépassant 2 000 F. Au total, cependant, on estime que 85 % du nombre total des collisions sont visés par la nouvelle convention.

Circulation et stationnement dans les grandes villes de France

DIJON. Radiotéléphone sur les autobus pour signaler les embouteillages et les accidents. Les chauffeurs sont en liaison permanente avec la station centrale, qui peut alerter directement ses employés circulant sur les lignes.

GRENOBLE. Seize carrefours sont, depuis janvier 1968, contrôlés par des cerveaux électroniques qui commandent les feux tricolores.

MARSEILLE. Élargissement de la zone bleue décidée en février 1968 avec trois catégories de voies : voies principales, dites voies rouges, où le stationnement est interdit de 7 heures à 20 heures ; voies secondaires d'une certaine importance, dites voies vertes, où le stationnement est interdit de 7 heures à 13 heures ; toutes les autres voies, dites voies bleues, gardent le régime normal du disque de stationnement.

Après trois ans de travaux, le tunnel routier sous le Vieux-Port, à Marseille, a été ouvert à la circulation en décembre 1967. L'ouvrage, qui a coûté 80 millions de francs, peut accueillir 60 000 véhicules par jour. Il sera relié ultérieurement à l'autoroute de dégagement nord par le littoral, puis à l'autoroute d'Aix-en-Provence et à l'autoroute est.

La voie express

Cadeau de fin d'année aux automobilistes parisiens, la voie express rive droite a été inaugurée le 22 décembre 1967 par le Premier ministre, Georges Pompidou. Du boulevard Murât, à l'ouest, jusqu'au pont National, à l'est, elle permet de franchir 13 km sans croisement ni feu rouge à une vitesse limitée à 63 km/h. Elle permet d'éviter 23 ponts grâce à 7 passages souterrains, dont le tunnel du Louvre, qui, avec ses 956 m, est le plus long de la capitale.

Couloirs à contresens pour les autobus

Première mesure pour assurer la priorité aux transports en commun dans les rues de la capitale et de quelques grandes villes de province, les couloirs réservés aux autobus n'ont pas toujours été bien accueillis par les automobilistes et les piétons. À Paris, décidés en octobre 1967 pour la rue de Rivoli, l'avenue de l'Opéra, le boulevard Saint-Germain et l'avenue de la Porte-d'Italie, ils ont été marqués par quatre accidents graves dans les mois suivants. Un nouveau dispositif de signalisation lumineux a dû être mis à l'étude pour attirer l'attention des passants sur l'existence des couloirs à contresens, dont le Conseil d'État a, le 15 mars 1968, reconnu la légalité. Pour les pouvoirs publics, cette nouvelle expérience a très vite été considérée comme positive. Elle a donc été étendue rue de Rivoli et boulevard Saint-Michel. En octobre 1966, on avait compté jusqu'à 276 retards de plus de 45 minutes sur les lignes empruntant ces avenues. En octobre 1967, on ne comptait plus que 44 retards.

Deux projets d'aménagement routier

Le raccordement de l'autoroute de l'Ouest

Un vaste projet, qui vise à raccorder l'autoroute de l'Ouest au boulevard périphérique de la capitale, a été annoncé au mois de mai 1968. Cette liaison ne sera terminée dans son ensemble qu'en 1978.