La décision la plus importante a été prise par le gouvernement le 5 avril 1968 : la construction de la section Pouilly - Chalon-sur-Saône de l'autoroute A6 Paris-Lyon sera accélérée de façon à permettre l'achèvement de bout en bout du grand axe Lille - Paris -Lyon-Marseille en 1970.

Paris - Lille d'une seule traite

Paris-Lille d'une seule traite par l'autoroute du Nord : le 29 novembre 1967 le dernier tronçon de 27 km qui séparait encore Bapaume d'Arras a été ouvert au trafic. Avec ses 215 km de long, l'autoroute du Nord constitue le plus long ruban autoroutier mis en service en France. Un péage est perçu sur 158 km, de Roissy-en-France à Fresnes-lès-Montauban : 8 francs pour les voitures de moins de 5 CV, 11 francs pour toutes les autres. C'est à Vémars (Val-d'Oise), au kilomètre 26 de l'autoroute du Nord, que le premier Relais-top français a été inauguré, le 11 mars 1968. Offrant des repas 24 heures sur 24, « Top Paris-Nord » sera suivi par cinq autres restaurants sur les autoroutes de l'Ouest, du Sud, du Nord et de Normandie. À noter : les bars ne pourront pas servir de boissons alcoolisées.

Nouvelle augmentation des accidents de la circulation

Après une stabilisation du nombre des accidents de la route en 1966, le bilan s'est de nouveau alourdi en 1967 : 221 178 accidents (+ 5,54 % par rapport à l'année précédente), 12 751 morts (+ 4,16 %), 305 775 blessés (+ 6,47 %). Dans le même temps, la circulation a progressé de plus de 8 %.

Pour le ministère de l'Intérieur qui publie ces statistiques, les accidents augmentent faiblement en zone rurale, mais y sont très meurtriers. À l'inverse, ils sont de plus en plus nombreux, mais de moins en moins graves, en zone urbaine, où les embouteillages freinent sensiblement la vitesse des véhicules.

De 1947 à 1966, précise le ministère de l'Intérieur, la route a fait en France 148 430 morts et 3 253 000 blessés, dont 1 042 560 blessés graves. En trois ans, de 1964 à 1966, les accidents matériels accompagnés d'accidents corporels ont coûté 1 milliard et demi de francs, soit 2 500 francs en moyenne par accident.

Parallèlement, le réseau routier national a été sensiblement amélioré : de 1955 à 1964, 1 250 carrefours, 800 virages et 225 dos-d'âne dangereux ont été aménagés.

Sur 550 000 véhicules examinés en 1967 dans les centres de sécurité des automobiles-clubs, 31 % se sont révélés en mauvais état.

Les principales causes

– De 1962 à 1966, le nombre des accidents corporels a augmenté de 22 % en France, 10,5 % en Grande-Bretagne, 3,3 % en Allemagne fédérale, et il a diminué de 6 % en Italie. Selon la Fédération routière internationale, ces variations coïncident à peu près exactement avec le développement du réseau autoroutier dans chaque pays. Là où les autoroutes se sont accrues considérablement, le nombre des accidents corporels a diminué ou faiblement augmenté (cas de l'Italie et de l'Allemagne). Ces résultats sont d'autant plus significatifs que, de 1961 à 1967, le parc automobile italien a triplé, l'allemand a doublé et le français s'est accru seulement de 65 %.

– La somnolence au volant, telle a été la cause la plus fréquente d'accidents en 1967 sur la section Paris-Bapaume de l'autoroute du Nord. Viennent ensuite la mauvaise appréciation des distances, la surestimation des capacités techniques du véhicule et les défaillances mécaniques. Entre 1966 et 1967, le nombre des accidents a augmenté de 71 %, augmentation inférieure à celle du kilométrage parcouru : + 94 %.

– Sur 5 844 accidents de la route, 3 381 (58 %) sont dus au mauvais état des pneus des véhicules.

– L'« accoutumance au danger » est, selon la Préfecture de police, la principale cause de l'augmentation du nombre des accidents survenus aux piétons dans les rues de Paris. « Les piétons ont pris l'habitude de se faufiler au travers du courant de la circulation automobile. » Sur 6 313 piétons victimes d'accidents en 1967, la plupart ont fait preuve d'« inattentions », de « distractions » ou d'actes d'indiscipline : 2 727 personnes ont traversé en dehors des passages prioritaires, 588 sont passés au « vert ».