L'adhésion de quelques officiers et de leurs troupes à l'initiative du souverain est insuffisante pour entreprendre une marche sur Athènes. Le 14 décembre, à 3 heures du matin, Constantin renonce, « afin, expliquera-t-il plus tard, d'éviter l'effusion de sang ».

L'exil de Rome

À 5 heures du matin, la famille royale et le Premier ministre atterrissent à Rome et gagnent l'ambassade de Grèce. Ils y resteront plusieurs mois, avant de s'installer dans un hôtel de la capitale italienne.

Une semaine après son arrivée à Rome, le roi, qui n'a pas cessé de recevoir des émissaires, pose une condition à son retour en Grèce : le rétablissement d'un régime démocratique et la fixation d'une date acceptable pour la publication d'une nouvelle constitution.

Cette date est fixée en principe : le premier dimanche de septembre, les électeurs seront appelés à approuver par référendum la nouvelle constitution. En dépit des nombreuses missions, tant officielles qu'officieuses, entre Athènes et Rome, le roi ne revient pas dans sa capitale.

Le gouvernement militaire d'Athènes essaie de rassurer l'opinion publique. Les soldats qui ont pris le parti du roi seront, pour la plupart, amnistiés. Les principaux ministres démissionnent de leurs fonctions dans l'armée pour revêtir la tenue civile. Une amnistie générale est annoncée, mais elle ne sera jamais proclamée. Une cinquantaine de personnalités du centre et de la droite seulement, sur quelque 3 000 internés politiques, sont libérées.

La censure, toujours en vigueur, s'est un peu relâchée. Un journal, Vradyni, peut même écrire, fin mars : « Ni un référendum constitutionnel d'une importance historique, ni des élections générales ne peuvent avoir lieu en l'absence du chef de l'État. »

Difficultés économiques

Le pays semble s'accommoder de l'absence de son souverain. Les signes extérieurs de la royauté sont tout de même soigneusement conservés. Les portraits du roi et de la reine restent accrochés dans les bureaux officiels, et les Evzones montent toujours la garde devant les grilles du palais déserté.

La bataille du référendum s'est engagée dès le mois d'avril 1968 et apporte aux populations grecques le dérivatif nécessaire à leurs opinions et à leur tempérament.

Soucieux de s'assurer la victoire, le gouvernement organise chaque semaine des visites et des réunions dans tout le pays, afin d'essayer de gagner la confiance des masses. L'économie grecque, traditionnellement menacée, se ressent tout d'abord durement des événements politiques. Le budget 1968 accuse une impasse de 200 millions de dollars, que les États-Unis, finalement, acceptent de combler.

Sans être particulièrement bonne, la situation économique n'inquiète pas les dirigeants, qui affirment leur optimisme. Ils Insistent, au mois de mars, sur le fait que tous les secteurs commencent à suivre une courbe ascendante. Les détracteurs du régime répliquent que la baisse sur certains produits est le fait de la diminution de la consommation. Afin de se gagner la faveur des masses rurales, le gouvernement prend un certain nombre de mesures qui ont pour effet d'augmenter le revenu de la population agricole de 7 %.

La balance commerciale s'améliore, les industries se développent. En revanche, la balance des paiements accuse un déficit.

Hongrie

10 179 000. 109. 0,44 %. Consomm. énergie (*65) : 2 812 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 13 868 M pass./km, (*65) 17 044 M t/km. Parc autos (*65) : 99 400.
Information. Journaux : 24 quotidiens ; tirage global : 1 809 000. Récepteurs radio : 2 484 000. Téléviseurs : 831 000. Cinéma : 4 377 salles ; fréquentation : 106 M. Postes téléphone : 566 026.
Santé (64). 18 162 médecins.
Éducation (64). Prim. : 1 445 124. Sec. et techn. : 231 308. Sup. : 48 810.
Institutions. République populaire, proclamée le 18 août 1949. Constitution de 1949. Chef de l'État, président du Conseil présidentiel. Pal Losonczi. Président du Conseil : Jenö Fock. Premier secrétaire du Parti : Janos Kadar. Parti unique : Front populaire patriotique.

La réforme de l'économie est mise en place

La plus profonde réforme de l'économie jamais tentée dans un pays communiste (la Yougoslavie mise à part) entre en application en Hongrie, le 1er janvier 1968. Elle a été mûrie pendant trois ans par plusieurs milliers de techniciens et d'économistes et préparée par l'important mouvement de personnel qui, en avril 1967, a remplacé les ministres politiques de la vieille garde par des techniciens. Jenö Fock, le nouveau Premier ministre, représente ce type d'homme.