Le soutien des pays socialistes à la cause arabe dans la crise du Moyen-Orient a causé à Varsovie un traumatisme important. Non seulement des communistes et des intellectuels juifs, mais aussi des non-juifs éprouvent quelque répugnance à faire chorus avec l'antisionisme officiel.

Un changement de personnel

« Nous n'acceptons pas la création d'une cinquième colonne dans notre pays, déclare le 19 juin 1967 Wladyslaw Gomulka. Il est indigne que des juifs de nationalité polonaise aient porté des toasts à Israël. » En août, le général Manckiewicz, chef de la défense aérienne, et une quarantaine d'officiers sont mis à la retraite pour avoir refusé de diffuser la propagande anti-israélienne parmi les troupes sous leurs ordres. En novembre, plusieurs personnalités sont écartées du comité directeur de l'Union des journalistes. En décembre, des rédacteurs en chef sont démis de leurs fonctions. Le renouvellement annuel des cartes du parti est l'occasion d'un tri sévère.

Un processus d'épuration est engagé, qui doit impliquer des changements de personnes jusque dans les plus hautes instances. Les révocations pleuvent. Le 26 mars sont frappés six professeurs « révisionnistes », les philosophes Baczko, Kolakowsky, Morawski, les professeurs Hirszowicz, Baumann, l'économiste Brus. Prague leur offre son hospitalité.

Parce que son fils a participé aux manifestations d'étudiants, Roman Zambrowski est relevé aussitôt de ses fonctions de vice-président de la Cour des comptes.

Bien des places ainsi libérées dans la haute administration, dans l'appareil du parti et dans l'État sont attribuées à des amis politiques du général Miecserlaw Moczar, ministre de l'Intérieur, président de l'Association des anciens combattants et leader du groupe des partisans.

Partisans et gomulkistes

Chez les partisans se retrouvent les anciens maquisards. C'est au nom d'un orgueil national très vif, d'un sens de l'État qui tend à l'autoritarisme coerciteur, d'un goût de l'action efficace et pragmatique, que les partisans, jadis tenus en suspicion par les staliniens de stricte obédience, se sont promis d'évincer les anciens staliniens, les communistes libéraux, les intellectuels frondeurs et, plus récemment, les sionistes, c'est-à-dire les mêmes, bien souvent.

Le 8 avril, le président du Conseil d'État Edward Ochab demande à être déchargé de ses fonctions pour raison de santé. C'est un ami politique de Wladyslaw Gomulka, le maréchal Marian Spychalski, qui lui succède le 10 avril. Le ministère de la Défense nationale, que le maréchal Spychalski laisse vacant, est attribué à un autre gomulkiste, le général Jaruzelski.

L'influence des partisans n'est pas manifestée par ces nominations d'une manière décisive. Sans doute faut-Il attendre le Ve congrès du parti, à la fin de l'année 1968, pour connaître le nouveau visage du communisme polonais.

Portugal

9 218 000. 100. 0,8 %. Consomm. énergie (*65) : 521 kg e.c.
Transport. Rail (*65) : 2 971 M pass./km, 754 M t/km. Parc autos (64) : 195 000 + 68 500. Mar. march. :749 000 tjb. Aviat. civ. : 716 421 000 pass./km.
Information. Journaux : 29 quotidiens ; tirage global : 622 000. Récepteurs radio : 1 173 000. Téléviseurs. 180 000. Cinéma : 449 salles ; fréquentation : 27,9 M. Postes téléphone : 550 490.
Santé (64). 7 561 médecins.
Éducation (64). Prim. : 894 195. Sec. et techn. : 310 270. Sup. : 32 115.
Institutions. République corporative, adoptée par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Tomás, réélu le 9 août 1965. Premier ministre : Dr Antonio de Oliveira Salazar.

Le problème actuel du Portugal est pour les uns un problème de structures, pour les autres un problème de gouvernement. Il semble, en fait, que les deux soient liés. La vie nationale est essentiellement conditionnée par la guerre coloniale et par la censure, qui interdit toute critique du gouvernement, toute présentation de solutions nouvelles et toute formation de nouveaux courants d'opinion.

Une forte augmentation des dépenses militaires apparaît dans le budget portugais pour 1968. Ces dépenses atteignent le niveau record de 5 613 millions d'escudos pour un budget où les recettes sont inscrites à 22 337 millions. Cette augmentation est due à l'extension des opérations de maintien de l'ordre en Angola et au Mozambique.