Le monde intellectuel sera particulièrement secoué par deux procès. L'un, ridicule, intenté en septembre au dramaturge Arrabal à propos d'une dédicace. Les juges examineront gravement si les injures reprochées à l'écrivain s'adressent à la « Patria » espagnole ou à « Patra », sa chatte favorite. L'autre concerne l'écrivain catholique Alfonso Comin, à qui l'on reproche d'avoir écrit dans un hebdomadaire français un article intitulé « Après le référendum, la répression ». L'accusation refuse d'entendre les témoignages favorables et Comin est condamné, le 23 janvier, à un an et quatre mois de prison ferme. Il sera néanmoins remis en liberté provisoire.

La répression gouvernementale

C'est dans les milieux universitaires et ouvriers que manifestations et répression vont atteindre leur degré le plus élevé. Du 27 au 30 octobre 1967, au cours de « journées de protestations » communes, ouvriers et étudiants manifestent dans toute l'Espagne aux cris de « Franco, non ! Commissions ouvrières, oui ! ». La garde civile est obligée de tirer en l'air pour disperser les rassemblements. 250 personnes sont appréhendées. L'agitation ouvrière va se calmer, lorsque le Tribunal suprême proclame dans un arrêt rendu le 14 décembre que « toutes les grèves sont illégales en Espagne », et les arrestations qui vont se multiplier par la suite vont enrayer l'action des travailleurs.

Le 5 janvier 1968 s'ouvre à Madrid le procès de cinq dirigeants des Commissions ouvrières. Rapidement, il devient le procès du régime et des syndicats officiels. Sur le banc des accusés : Ariza, Garcia, Goicochea, Royo et Trava, arrêtés dans une salle du centre paroissial Jean-XXIII, à Madrid, où ils tenaient une réunion. Dans le prétoire, un public de personnalités politiques et religieuses écoute le témoin, le R. P. Bausman, dirigeant du centre Jean-XXIII : « Ce que je veux dire aux juges, c'est que je suis sûr que ce que réclament ces hommes, c'est ce que le concile lui-même demande. » Les syndicalistes seront condamnés à des peines allant jusqu'à deux ans de prison.

Début avril, le même Julian Ariza comparaît de nouveau devant les juges, en compagnie de Marcelino Camacho. Ce dernier sera une nouvelle fois jugé le 14 mai.

C'est, en définitive, le secteur étudiant qui a été le plus fiévreux. Dans la première semaine de décembre commencent les désordres sérieux à Madrid, où les manifestations se déroulent au son des vieux chants républicains. Les professeurs soutiennent les revendications de leurs étudiants. Bagarres, arrestations, grèves et, le 12 janvier 1968, fermeture de la faculté des sciences économiques et politiques. Elle ne sera pas la seule. Presque toutes les facultés vont être fermées l'une après l'autre, pour des délais plus ou moins longs.

À partir du 29 janvier, la police secrète est chargée de maintenir l'ordre à l'université de Madrid, malgré les protestations du corps professoral. À la fin de février, l'agitation est généralisée dans toute l'université espagnole. La police évacue les facultés le 10 mars. Le ministre de l'Éducation et des Sciences, Lora Tamayo, démissionne le 4 avril. Il est remplacé par Villar Palasi.

Les troubles vont s'étendre jusqu'à la fin de l'année scolaire, atteignant leur plus grande intensité, le 18 mai, à la faculté des sciences politiques et économiques de la capitale. Un millier d'étudiants dressent des barricades aux cris de « Liberté d'expression ». Ils lancent sur le service d'ordre cocktails Molotov et bouteilles. « Une année de perdue », constatera amèrement le recteur.

Finlande

4 639 000. 14. 0,8 %. Consomm. énergie (*65) : 2 679 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 2 050 M pass./km, 5 183 M t/km. Parc autos (*65) : 454 300 + 91 000. Mar. march. : 1 028 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 370 477 000 pass./km.
Information. Journaux (64) : 68 quotidiens. Récepteurs radio : 1 541 000. Téléviseurs : 732 000. Cinéma (64) : 462 salles ; fréquentation (60) : 28 010 000. Postes téléphone : 835 682.
Santé (64). 3 384 médecins.
Éducation (64). Prim. : 482 509. Sec. et techn. : 419 505. Sup. : 35 910.
Institutions. République indépendante, proclamée le 6 décembre 1917. Constitution de 1919. Président de la République : Dr Urho Kekkonen, réélu le 15 février 1968, pour la troisième fois. Président du Conseil : Mauno Koïvisto.

Grande-Bretagne

54 965 000. 224. 0,7 %. Consomm. énergie (*65) : 5 151 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 30 116 M pass./km, 25 229 M t/km. Parc autos (*65) : 9 245 800 + 1 795 800. Mar. march. : 21 542 000 tjb. Aviat. civ. (*65) : 12 474 618 000 pass./km.
Information. Journaux : 110 quotidiens ; tirage global : 26 100 000. Récepteurs radio : 16 194 000. Téléviseurs : 13 516 000. Cinéma : 1 971 salles ; fréquentation : 327 M. Postes téléphone (65) : 10 621 000.
Santé (64). 65 039 médecins.
Éducation (64). Prim. : 4 703 653. Sec. et techn. : 4 797 385. Sup. : 358 430.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution : charte de 1215, complétée par plusieurs lois fondamentales. Souverain : Elisabeth II ; succède à son père George VI, décédé en 1952. Premier ministre : Harold Wilson.

La crise de la livre a imposé des choix irréversibles

Le rempart auquel s'accrochaient depuis des années tous les gouvernements britanniques — conservateurs ou travaillistes —, la livre sterling, s'est effondré. Harold Wilson, le 18 novembre 1967, après une semaine où la panique boursière n'a eu d'égale que la confusion gouvernementale, est contraint de dévaluer.