Aussi la croyance prévaut-elle chez les grands investisseurs, timidement encore il est vrai, qu'une reprise de la Bourse de Paris est la forme de défense politiquement la plus simple et assurément la moins coûteuse contre d'excessifs achats étrangers et contre la progression de ce dirigisme croissant que le général de Gaulle a préconisé, sans omettre de rappeler, l'automne dernier, que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ».

Commerce extérieur

La médiocre conjoncture chez nos partenaires pèse sur l'équilibre de nos échanges

Succédant à une année 1965 favorable sur le plan des échanges extérieurs français, l'année 1966 a été largement marquée par une dégradation progressive de la balance commerciale.

Cette détérioration, qui tend à remettre en cause l'acquis, on en ressentait déjà les symptômes dès le printemps 1966. Elle s'est précisée très nettement en septembre 1966, lorsque le pourcentage de couverture des importations par les exportations est tombé à 85 % sur l'étranger (compte tenu des méthodes de comptabilisation douanière, l'équilibre est considéré comme atteint à 92 %). Un an auparavant, il était de 100 %.

Depuis l'automne 1966, un déficit sensible est enregistré chaque mois. S'il devait trop se prolonger, il deviendrait inacceptable. Il compromettrait l'un des objectifs essentiels du Ve plan : l'équilibre général de la balance des paiements.

Sans espoir de retour

Au printemps 1967, on pouvait déjà se poser la question de savoir si l'un des indicateurs d'alerte prévus précisément par le Plan — celui qui concerne les échanges extérieurs — n'allait pas clignoter dans les tout prochains mois.

De toute façon, étant donné nos engagements internationaux, il ne pourrait plus être question de revenir sur le régime de libération des échanges caractérisant désormais notre économie. Celle-ci est engagée à fond dans la compétition internationale « sans espoir de retour ».

Au 1er juillet 1967, avec une nouvelle réduction de 5 % des droits de douane industriels dans le cadre de la CEE, notre économie franchissait encore une étape. Elle se préparait, non sans problèmes, pour l'ultime échéance du 1er juillet 1968, fixée pour la libre circulation sans droits de douane des marchandises à l'intérieur du Marché commun, lui-même appelé à être moins protégé contre la concurrence extérieure à la suite des résultats des négociations commerciales multilatérales du Kennedy round.

Le ralentissement de l'expansion intérieure — conséquence du Plan de stabilisation appliqué en septembre 1963 — avait exercé une action directe sur le comportement du commerce extérieur français en 1965.

En effet, nos importations totales n'augmentèrent que de 2,7 % par rapport à 1964.

Le mouvement de reprise

Mais, pour compenser la faiblesse du marché national, les entreprises françaises s'étaient montrées naturellement plus agressives en direction des marchés extérieurs, heureusement favorisés par la conjoncture qui, en revanche, était élevée dans certains pays figurant dans le peloton de tête de nos clients traditionnels (l'Allemagne fédérale, les États-Unis et les Pays-Bas en particulier).

Le résultat fut que nos exportations progressèrent, elles, cette année-là, de 11,8 %.

En 1966, le mouvement de reprise de l'économie, dont on avait perçu les signes avant-coureurs dès la seconde partie de 1965, se répercuta sur les importations, qui, au fil des mois, et surtout dès l'été, commencèrent à prendre franchement de vitesse les exportations en voie d'essoufflement.

Équilibre précaire

Le bilan 1966 toutes zones de nos échanges extérieurs montre que les importations (58 672 millions de francs) sont en hausse de 14,9 % sur 1965, les exportations (53 837 millions de francs) seulement de 8,5 %. Le pourcentage de couverture des importations par les exportations se situa finalement à 92 % pour l'ensemble de l'année (contre 97 % en 1965). En termes réels de paiements, cela aboutit d'extrême justesse à un équilibre relatif.

Ralentissement du rythme de développement des exportations, accélération parallèle de celui des importations, tel est le trait caractéristique de 1966.