L'équilibre de l'ensemble de nos échanges extérieurs toutes zones paraissait compromis pour l'année entière. Et cela même si le rythme de croissance des importations devait subir, selon les prévisions, une certaine décélération par rapport à 1966 ; même si, en direction de certains marchés (ceux des pays de l'Est en particulier), nos livraisons de matériel d'équipement, entre autres, devaient nous valoir des satisfactions. Un taux de couverture de l'ordre de 86 % était envisagé.

Nécessité vitale

Pour les deux premiers mois de 1967, la moyenne mensuelle des exportations (4 415 millions de francs) était supérieure d'environ 8,5 % par rapport à celle de la période correspondante de 1966. Mais celle des importations (5 195 millions de francs) atteignait près de 15 %. Le pourcentage de couverture n'était que de 85 % à peine (contre 90 % un an plus tôt).

Comme devait le déclarer le ministre de l'Économie et des Finances, Michel Debré, « pour faire face aux besoins d'importer, le pays doit exporter dans les mêmes proportions ».

Cette nécessité vitale, on la ressentait plus que jamais. Elle devenait d'une actualité brûlante au moment où la France se trouvait pleinement dans la mêlée de la concurrence internationale.

Démographie

Sécurité sociale

Prix et revenus

L'amélioration du pouvoir d'achat est ralentie

Le revenu de chaque Français évolue depuis 3 ans à un rythme moyen de 6 à 7 % par an, alors que, dans les années antérieures, ce rythme se situait entre 8 et 10 %. Il faut tenir compte du ralentissement de la hausse des prix d'une part, ce qui améliore l'évolution du pouvoir d'achat réel, et, en sens contraire, d'un alourdissement des impôts directs, 4,7 % environ des revenus dans la période 1960-1963, 5,5 % dans la période 1964-1966. On assiste depuis 3 ans à un ralentissement de l'amélioration du pouvoir d'achat.

Les salaires restent les revenus les mieux connus, puisqu'ils sont déclarés au fisc par ceux qui les payent et non pas par ceux qui les encaissent. Les salaires horaires ont augmenté de 6 % en 1966, comme en 1965 (contre 7,4 % en 1964 et 9 % en 1963). En 1966, la durée du travail a légèrement augmenté. À quoi s'ajoutent les effets, sur les salaires, des primes et de la promotion professionnelle. Au total, le salaire annuel moyen aurait augmenté de 7,5 % en 1966, contre 6,6 % en 1965.

La revalorisation

Dans les entreprises nationales et pour les fonctionnaires, les augmentations de salaires en 1967 (5,10 à 5,40 %) sont supérieures à ce qu'elles ont été en 1966 et 1965.

Les prestations sociales continuent de progresser plus vite que les salaires directs (+ 10,3 % en 1966). Toutefois, cela n'est pas vrai pour les prestations familiales, qui n'ont augmenté en 1966 que de 1,8 % à 3,8 %, selon les situations de famille. Le gouvernement a, en effet, maintenu le blocage de l'allocation de salaire unique.

Si l'on tient compte de l'évolution des salaires horaires, de la durée du travail, des prestations familiales et de la fiscalité, on constate que le revenu mensuel net d'un ouvrier, père de 2 enfants, a augmenté de 5,4 % à Paris et de 5,6 % en province, en 1966 (ministère des Affaires sociales).

Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) a été relevé de 2,12 % en mars 1966, de 2,4 % en octobre 1966 et de 2,38 % en juillet 1967. Il a atteint, à cette date, 2,15 F de l'heure dans la région parisienne (en outre, les abattements de zone, en province, ont été réduits). Le SMIG n'a pas comblé, pour autant, le retard qu'il a pris sur la moyenne des salaires.

Le revenu brut des entrepreneurs individuels a augmenté, en 1966, à un rythme voisin du rythme des années antérieures (environ 5 %). Le résultat brut d'exploitation des sociétés privées a progressé de 4,5 %, contre 4 % en 1965 ; celui des entreprises publiques, de 2,6 %, contre 8,9 % en 1965. Les revenus du capital ont progressé assez rapidement (7,4 %).

La liberté des prix

La hausse des prix, en France, a été assez nettement ralentie par la politique de stabilisation mise en œuvre à l'automne 1963. De 1959 à 1963, le rythme moyen d'augmentation du coût de la vie était de 4 % par an, alors que, de 1964 à 1966, il s'est situé un peu au-dessous de 3 % par an.