Le fardeau financier qu'implique pour Londres le maintien de ses positions dans l'océan Indien, dans le golfe Persique, en Asie du Sud-Est, milite logiquement en faveur d'un abandon. Mais ce serait oublier la vocation politique et commerciale du Royaume-Uni que d'estimer cette mutation comme une simple opération arithmétique. Le repli sur l'Île est infiniment plus difficile que le repli sur l'Hexagone.

Pratiques scandaleuses

Le destin d'Aden et de la Fédération d'Arabie du Sud, qui doivent accéder à l'indépendance le 9 janvier 1968, dépendra dans une large mesure de l'évolution de la stratégie britannique.

Sur le front intérieur, H. Wilson ne connaissait pas plus de répit que sur le front extérieur. Harcelé par son aile gauche, mécontente de sa politique économique comme de son attitude à l'égard des États-Unis et de la guerre au Viêt-nam, H. Wilson devait faire face à une mauvaise humeur croissante des syndicats.

Certes, le Congrès du TUC, en septembre, avait accepté (mais à une majorité très étroite : 4 567 000 voix contre 4 223 000) le blocage des salaires et des prix et la politique d'austérité. Les syndicats avaient également accordé leur caution au Plan et à la politique des revenus lancée par le gouvernement et qui consiste essentiellement à lier, à l'avenir, les augmentations de salaires et de traitements à l'augmentation de la production (4 % par an).

H. Wilson, dans son désir de remettre l'Angleterre en selle pour affronter le Marché commun, devait également s'attaquer aux privilèges syndicaux (les pratiques restrictives ou malthusianistes qu'il a qualifiées de « scandaleuses »). Il ne cache pas son désir d'exiger plus de travail et plus d'efficacité... Mais, surtout, la politique d'austérité appliquée avec rigueur devait provoquer un chômage assez grave, moins élevé cependant que lors d'autres périodes d'austérité (500 000 en janvier). Dans ces conditions, les rapports du gouvernement avec les syndicats, toujours difficiles, comme l'avait montré la démission de Frank Cousins en juillet, ne pouvaient que se détériorer lentement.

Sévère avertissement

Comme pour ajouter encore à cette impression de harcèlement que donne le calendrier de cette année, deux catastrophes venaient s'y inscrire : Aberfan, petit village du Pays de Galles, écrasé par l'effondrement d'un terril de poussier de charbon le 21 octobre (144 morts, dont 116 enfants), et l'affaire du Torrey Canyon. Dans les deux cas, le gouvernement fut sévèrement critiqué, dans le premier pour n'avoir point prévenu la catastrophe, dans le second pour n'en avoir point assez vite limité les conséquences.

Austérité, Rhodésie, Aden, Viêt-nam, Aberfan, Torrey Canyon, tous ces dossiers comportaient des épines pour le gouvernement. Sa popularité ne pouvait qu'en souffrir. Plusieurs élections partielles au printemps marquaient un retour en force des conservateurs, qui augmentaient leurs voix et arrachaient le siège de Pollok (Glasgow). La majorité absolue travailliste aux Communes n'en restait pas moins de 47 voix et leur avance sur les conservateurs de 106.

Les élections municipales et surtout celles du Conseil du Grand Londres devaient dépasser tous les espoirs du parti tory (et tous les pronostics) : pour la première fois depuis 33 ans, celui-ci emportait la majorité avec 82 sièges (contre 36 aux travaillistes) à Londres, gagnant 46 sièges. C'était un sévère avertissement pour Harold Wilson.

Le coup d'accélérateur

Sur quel terrain allait-il reprendre l'offensive ? Sa marge de manœuvre dans le domaine économique et social était étroite. Le nouveau budget de Callaghan, chancelier de l'Échiquier, qui maintenait presque toutes les règles de l'austérité, le montrait. Restait l'Europe. Adhérer au Marché commun, c'était donner satisfaction aux industries britanniques, c'était redonner une cause nationale à la politique travailliste.

En fait, la date de la décision n'est pas en contradiction avec le calendrier annoncé dès le 10 novembre. Mais il n'est pas interdit de penser que H. Wilson a donné un coup d'accélérateur pour arracher au groupe parlementaire travailliste comme au Cabinet (où les anti-Marché commun étaient encore nombreux — 7 selon la presse britannique) l'ultime approbation. Après trois réunions du Cabinet — quelque vingt heures de discussion —, le Premier ministre annonçait à la reine, puis à la Chambre la grande décision. La demande officielle était déposée à Bruxelles, le 11 mai 1967.

Grèce

8 387 201. 65. 0,7 %. Consomm. énergie : 579 kg e.c.
Transports. Rail : 1 078 M pass./km, 546 M t/km. Parc autos : 81 600 + 65 800. Mar. march. (*65) : 7 137 000 tjb. Aviat. civ. : 304 368 000 pass./km.
Information. Journaux : 108 quotidiens. Récepteurs radio : 832 000. Cinéma (62) : 691 salles ; fréquentation : 61,2 M. Postes téléphone : 431 292.
Santé (63). 11 265 médecins.
Éducation (62). Prim. : 928 717. Sec. et techn. : 319 816. Sup. : 35 432.
Institutions. Monarchie sanctionnée par référendum populaire le 1er septembre 1946. Constitution de 1911, amendée en 1952. Souverain : Constantin XIII ; succède à son père Paul Ier, décédé en 1964. Premier ministre : Constantin Kollias.

Le coup d'État militaire

Le 21 avril, à 2 heures du matin, les chars de l'armée occupent les principaux points stratégiques d'Athènes. Tout se déroule rapidement. Cette même nuit, de nombreuses arrestations sont opérées, onze articles de la Constitution supprimés, la censure établie et le couvre-feu institué.