Voznessensky a une vision plus tragique des événements : il évoque dans un poème le rôle de la « Russie salvatrice » qui est de barrer la route de l'Occident aux nouveaux barbares. Les dirigeants pensent que l'expansionnisme maoïste sera plus facilement contenu par la révolte des minorités nationales de Chine. Ils l'encouragent en dénonçant l'oppression exercée par les « chauvins de Pékin » au Tibet, en Mongolie, au Sin Kiang.

« Complices »

« Complices de l'impérialisme américain au Viêt-nam ». La suprême injure et celle qui porte le plus. Le parti soviétique ne se contente plus d'affirmer que, par leur attitude, les Chinois rendent impossible la coordination de l'aide au Viêt-nam. Il les accuse en février de vendre aux États-Unis de l'acier destiné aux fabrications de guerre. Les obstacles créés par Pékin à l'acheminement du matériel (refus de permettre l'installation de bases et l'accès d'un port) donnent plus de consistance aux accusations. Peut-être les Chinois ont-ils vraiment substitué à de modernes Mig-21 de vieux Mig-17 lors du transit du matériel soviétique.

C'est le 13 avril seulement qu'un accord intervient sur cette question. Mais l'URSS doit accepter que les Vietnamiens viennent en Chine prendre livraison des envols soviétiques. La réconciliation n'est pas en vue.

Le camp socialiste

Les Américains et Mao ont jusqu'à un certain point facilité la tâche de Moscou. Mao, qui s'est déjà querellé avec Castro, perd l'appui des Coréens au cours de l'été 1966. Le PC japonais, qui était nettement prochinois, comme l'indonésien (décimé en 1965) et celui des scissionnistes indiens, vire du côté soviétique en octobre.

Les positions soviétiques tendent ainsi à s'améliorer dans le mouvement communiste. Il reste urgent de colmater les fissures qui se sont produites en Europe de l'Est. Certes, Chou En-lai, lors de sa visite à Bucarest, a, par son intransigeance, obligé les Roumains à se montrer plus compréhensifs envers Moscou. Mais à la Conférence de Bucarest du 4 au 6 juillet, on parle moins de la Chine que de la « sécurité européenne ». Il s'agit surtout de définir une position commune au sujet de l'Allemagne. Les Roumains, qui semblent plus coopératifs, poursuivent, en fait, leurs manœuvres d'approche à Bonn. Le 31 janvier, ils renouent des relations diplomatiques avec la République fédérale.

Un coup très dur pour Pankow et pour Moscou. Les membres du groupe du Nord (Pologne, Tchécoslovaquie, RDA) voient dans l'initiative des Roumains une trahison et resserrent leurs liens (traités Pologne-RDA et Tchécoslovaquie-RDA en mars). Les Hongrois qui — une fois n'est pas coutume — voulaient imiter les Roumains, reviennent, sous la pression de l'URSS, à des sentiments plus fraternels envers Ulbricht et signent un traité avec la RDA en mai.

À défaut d'une conférence mondiale des PC, l'URSS réussit, après de longues discussions préparatoires, à réunir en fin avril, à Karlovy-Vary (Tchécoslovaquie), les représentants des PC d'Europe (ceux qui sont au pouvoir et ceux des pays capitalistes). Les Yougoslaves ont refusé de venir soumettre leurs positions idéologiques à la critique. Les Roumains n'ont pas voulu s'exposer aux dures attaques du groupe du Nord et se désintéressent de la discussion idéologique. Les Italiens, qui sont présents, continuent à vouloir préserver leur originalité. La conférence se termine plus tôt que prévu. L'imprécision des textes adoptés interdit au PC de l'URSS de penser qu'il a remporté un grand succès.

Yougoslavie

(61) 18 549 291. 75. 1,1 %. Consomm. énergie : 1 138 kg e.c.
Transports. Rail : 12 308 M pass./km, 18 258 M t/km. Parc auto : 141 800 + 56 300. Mar. march. (*65) : 991 000 tjb. Aviat. civ. : 246 012 000 pass./km.
Information. Journaux : 22 quotidiens ; tirage global : 1 713 000. Récepteurs radio : 2 515 000. Téléviseurs : 393 000. Cinéma : 1 541 salles ; fréquentation : 123 M. Postes téléphone : 369 844.
Santé (63). 14 123 médecins.
Éducation (62). Prim. : 2 960 199. Sec. et techn. : 416 257. Sup. : 160 595.
Institutions. République populaire, proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963. Président de la République, secrétaire général du Parti : Josep Broz Tito, réélu le 16 mai 1967. Président du Conseil : Mika Spiljak. Parti unique : Ligue des communistes.