Zeus

Buste de Zeus.
Buste de Zeus.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Dieu supérieur du panthéon grec.

Lorsqu'on demande à Phidias d'après quel modèle il ferait le portrait du dieu, il répond en citant ces vers d'Homère : « Et le Cronide, ayant parlé, fronça ses sourcils bleus. Et la chevelure ambroisienne s'agita sur la tête immortelle du roi, et le vaste Olympe en fut ébranlé. »

La naissance

Zeus est le plus jeune des fils de Cronos et de Rhéa. Cronos, ayant appris que l'un de ses enfants le détrônera, les avale à mesure qu'ils viennent au monde. Désirant en sauver au moins un, Rhéa, enceinte, se réfugie en Crète, dans une grotte ; devant l'entrée, elle poste, comme sentinelle, un chien d'or. (On dit aussi que Gaia emmène Zeus en Crète et le nourrit.) Lorsque ce sixième enfant naît, Rhéa le confie aux bons soins des Curètes et des nymphes Adrastée et Mélissa, tandis que les Corybantes, avec tambours et cymbales, couvrent les vagissements du nouveau-né. Rhéa donne une pierre enveloppée dans un lange à son mari, qui croit ainsi avaler son enfant. Cette pierre est par la suite récupérée par Zeus, et déposée à Delphes ; l'omphalos, centre du monde, devient un objet de vénération.

Voir aussi : Cronos

Zeus grandit, suivant la tradition la plus communément admise, sur le mont Ida, en Crète.

Mais les Arcadiens prétendent que Zeus est né et a été élevé chez eux, sur le mont Lycée – également appelé mont Olympe. Les nymphes qui s'occupent de Zeus s'appellent Thisoa, Néda et Hagno. Non loin du Lycée se trouve une localité nommée Crétéa ; cet endroit est le véritable lieu de naissance de Zeus. Son culte, vivace notamment à Orchomène, Mantinée, Tégée et Mégalopolis, est célébré à travers des concours gymniques, les Lykaia (Lukaia). Son sanctuaire, dont l'accès est interdit aux hommes, comporte un autel, sur un sommet élevé, où se déroulent des sacrifices mystérieux, probablement des sacrifices humains, en rappel du mythe de Lycaon : celui-ci, pour éprouver la clairvoyance du dieu, lui fait manger de la chair humaine.

Callimaque corrobore-t-il l'idée d'un Zeus Arcadie ? :

Les Crétois ne font que mentir. Ô tout-puissant, ces Crétois t'ont même construit une tombe. Mais tu n'es pas mort : tu es éternel. C'est en Parrhasie que Rhéa t'enfanta [a].

Voir aussi : Crète, Adrastée (Variante 3)

D'autres traditions ont vu naître Zeus sur les flancs de l'Égéon, en Crète, sur l'Ida de Phrygie, d'autres entre la Messénie et l'Élide, sur les rives du fleuve Néda, d'autres encore sur le mont Sipyle, et d'autres en Béotie où Rhéa offre à Cronos la pierre à la place de l'enfant. Les nymphes – peu importe leur nom – le bercent, la chèvre (ou la nymphe) Amalthée lui donne ses mamelles à téter, l'abeille Panacris lui offre son miel. Les Curetés, donc, font grand bruit autour de lui avec leurs armes pour que Cronos n'entende pas ses vagissements. Morte la chèvre, Zeus fait de sa peau une armure redoutable : l'égide.

Voir aussi : Amalthée, Égide

La conquête du pouvoir

Devenu adulte, il oblige son père à vomir ses frères et ses sœurs : Déméter, Hadès, Héra, Hestia, Poséidon. Zeus s'octroie alors le ciel ; à Hadès revient le monde souterrain, et Poséidon obtient le commandement de la mer. Mais les Titans, qui refusent de reconnaître le nouveau maître, lui déclarent la guerre. Aidés par les Cyclopes et les Hécatonchires, Zeus et ses frères triomphent des Titans, qui sont relégués au fin fond du Tartare.

Voir aussi : Titans

Les Géants, à leur tour, veulent conquérir l'Olympe. C'est un combat mémorable, d'où sortent vainqueurs les Olympiens ; les ennemis sont ensevelis sous les volcans. Enfin, après avoir défait Typhon, l'ultime enfant de Gaia, qui gronde désormais sous l'Etna, Zeus peut asseoir sa domination sur le monde.

Voir aussi : Géants

Les amours

Zeus a de nombreuses épouses. La première est Métis, la « Sagesse ». Mais, ayant appris que son fils pourra le détrôner, il l'avale ; il accouche ensuite, par la tête, d'Athéna. Ce fils, pourtant promis par les Destins, ne naît jamais. La Titanide Thémis le rend père des Heures et des Moires ; l'Océanide Eurynomé, des Charites ; sa sœur Déméter, de Perséphone ; la Titanide Mnémosyne, des Muses ; Léto, d'Apollon et d'Artémis. Héra, sa sœur et dernière épouse, met au monde Arès, Hébé et Ilithyie, et peut-être aussi Héphaïstos, quoique certaines versions prétendent qu'Héra lui donne naissance seule ; il faut noter qu'Héra souvent s'est opposée aux volontés de son époux, marquant ainsi sa volonté d'indépendance. Avec Dioné, sa première maîtresse, il a Aphrodite, suivant certaines versions.

Outre ces relations légitimes ou divines, Zeus connaît d'innombrables mortelles qui engendrent héros et demi-dieux, le plus célèbre d'entre tous étant Héraclès, que lui donne Alcmène. (Il est remarquable, à cet égard, que son frère Poséidon, grand séducteur, ait donné naissance à des créatures monstrueuses ; qu'Hadès doive enlever sa future épouse et que le couple n'ait aucune descendance.)

Ses principales maîtresses sont Antiope, Callisto, Danaé, Égine, Électre, Europe, Io, Laodamie, Léda, Maia, Niobé, Plouto, Sémélé, Taygète.

Voir aussi : Sémélé

Le pouvoir

« Père des hommes et des dieux », « père des dieux et des hommes », « juge du combat des hommes », Zeus est celui à qui tous, dieux et rois, simples mortels, doivent obéissance. Et il n'est pas question de contester son autorité. À cet égard, la conspiration d'Héra, de Poséidon et d'Athéna fait figure d'exception, où Zeus est sauvé par Égéon (Briarée). Il est le protecteur de la Justice (Diké, sa fille), l'organisateur suprême, aussi bien dans l'univers que sur la Terre, et il n'est pas possible d'échapper à ses desseins ; tout événement, bon ou mauvais, procède de sa volonté, de même que les phénomènes atmosphériques. Par lui, les mortels sont obscurs ou célèbres, forts ou faibles ; d'un orgueilleux il sait faire un humble, et d'un humble un exalté.

Maître des dieux et des hommes, Zeus n'en est pas moins soumis aux destins, contre lesquels il ne peut rien ; les destins sont tracés. Lorsque, après la mort d'Hector, Memnon arrive à Troie en libérateur, Zeus met garde les immortels rassemblés : le lendemain, les guerriers tomberont par milliers dans un horrible carnage. Qu'aucune divinité ne vienne l'implorer d'épargner tel ou tel héros : les destins sont immuables et lui-même, tout Zeus qu'il est, n'a pas le pouvoir de les fléchir.

Supériorité de Zeus sur les autres dieux

Écoutez-moi tous, dieux et déesses, afin que je vous dise ce que j'ai résolu dans mon cœur. Et que nul dieu, nulle déesse, ne résiste à mon ordre ; mais obéissez tous, afin que j'achève promptement mon œuvre. Car si j'apprends que quelqu'un des dieux est allé secourir soit les Troyens, soit les Danaens, celui-là reviendra dans l'Olympe honteusement châtié. Et je le saisirai, et je le jetterai au loin, dans le plus creux des gouffres de la terre, au fond du noir Tartare qui a des portes de fer et un seuil d'airain, au-dessous de la demeure d'Hadès, autant que la terre est au-dessous du ciel. Et il saura que je suis le plus fort de tous les dieux. Debout, dieux ! tentez-le, et vous le saurez. Suspendez une chaîne d'or à la voûte du ciel, et tous, dieux et déesses, attachez-vous à cette chaîne. Vous n'entraînerez jamais, malgré vos efforts, du ciel sur la terre, Zeus le maître suprême. Et moi, certes, si je le voulais, je vous enlèverais tous, et la terre et la mer, et j'attacherais cette chaîne au sommet de l'Olympe, et tout y resterait suspendu, tant je suis au-dessus des dieux et des hommes !

Homère

Hymne à Zeus

Ô toi, le plus glorieux des Immortels, toi qu'on adore sous mille noms et dont la toute-puissance est éternelle, Zeus, souverain maître de la nature, Dieu aux lois de qui tout est soumis, salut ! Il est permis à tous les mortels de t'invoquer, car nous sommes tes enfants, et, seuls de tout ce qui vit, de tout ce qui rampe sur la terre, nous sommes faits à ton image. À toi donc mes hymnes ; toujours je célébrerai ta puissance. C'est à toi qu'obéit ce monde immense qui roule autour de la terre, et partout où tu le conduis, il se laisse diriger par toi. C'est que tu tiens, dans tes mains invincibles, la foudre, ministre de tes volontés, la foudre à double pointe, ardente et toujours vivante : toute la nature tremble sous ses coups ; par elle tu diriges l'esprit universel, qui anime tous les êtres et qui se mêle aux grands comme aux petits flambeaux du monde ; tant, ô roi suprême de l'univers, ton empire s'étend sur toutes choses. Rien, sur terre, n'arrive sans toi, ô dieu ; rien, sans toi, ne se fait sous la voûte brillante des cieux ni dans la mer, si ce n'est les crimes que les méchants commettent, dans leur folie. Mais tu sais établir l'ordre dans la confusion, embellir ce qui est laid, réconcilier les éléments qui se combattent ; car tu as si bien uni dans une même harmonie les bonnes et les mauvaises choses, qu'elles obéissent à une raison unique et éternelle : c'est en la fuyant que s'égarent les mortels pervers. Les malheureux ! soupirant toujours après de nouveaux biens, ils ne voient pas la loi universelle, qui, en les éclairant, les rendrait tout à la fois bons et heureux. Au contraire, ils s'élancent loin du bien, chacun vers l'objet qui l'attire, celui-ci entraîné par la fougueuse passion de la gloire, celui-là par l'appât d'un gain honteux, cet autre par l'amour de la mollesse et des plaisirs, et, dans leur fol empressement, ils trouvent le contraire de ce qu'ils cherchaient.

Zeus, auteur de tous les biens, toi qui commandes aux sombres nuages et au tonnerre, écarte de l'homme l'ignorance funeste ; daigne éclairer son âme ; donne-nous cette intelligence avec laquelle tu gouvernes tout avec justice, afin qu'honorés nous-mêmes, nous puissions t'honorer à notre tour, célébrant sans fin tes ouvrages, comme c'est le devoir de tout mortel ; car il n'est pas de plus noble prérogative, pour les hommes comme pour les dieux, que de chanter éternellement la raison sublime qui préside à la nature.

Cléanthe

Buste de Zeus.
Buste de Zeus.