Crète
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
La plus grande île de la mer Égée, royaume du roi Minos.
La Crète est un important carrefour commercial, entre la Grèce et les Cyclades, entre l'Égypte et le Proche-Orient. Civilisation brillante dès 2500 av. J.-C., avec l'apparition des premiers palais minoens, elle perd de sa puissance en devenant, vers 1450, une province de Mycènes qui s'impose alors dans le bassin égéen. La Crète subit les invasions successives des Achéens et des Doriens ; en 69 av. J.-C., les Romains conquièrent la Crète et détruisent Cnossos.
La Crète et Zeus
La Crète est étroitement liée à la naissance de Zeus, même si certaines versions de sa légende le font naître ailleurs, les Crétois passant pour de fieffés menteurs et escrocs. La grotte où Rhéa met Zeus au monde est considérée comme sacrée. Chaque année, dans une explosion de feu et de sang, le dieu mort renaît dans cette grotte. Nul, mortel ou immortel, n'a le droit d'y pénétrer. Des abeilles, nourrices de Zeus, y habitent. Or un jour, quatre larrons, Laïos, Céléos, Cerbéros et Aegolios, espérant recueillir une bonne quantité de miel, s'aventurent à l'intérieur de la caverne, le corps protégé par des plaques de bronze. Quand ils se sont emparés du miel, quand ils aperçoivent les langes tachés de Zeus, leur cuirasse se craquelle, tandis que le tonnerre retentit. Zeus s'apprête à foudroyer les intrus, mais Thémis et les Moires l'en empêchent : mourir dans cet antre est interdit. Alors Zeus, qui n'a pas le pouvoir de désobéir, transforme ces hommes en oiseaux – en oiseaux porteurs de présages vrais, car, pour avoir vu le sang de Zeus, ils détiennent la Vérité.
La Crète et les Héros
Le dixième travail d'Héraclès consiste à ramener les bœufs de Géryon qui paissent sur les côtes de l'Ibérie (Espagne). Comme l'entreprise est ardue, il décide de se faire aider par quelques compagnons, auxquels il donne rendez-vous sur l'île de Crète. Les Crétois honorent grandement Héraclès durant son séjour et le héros, voulant à son tour marquer sa reconnaissance, purge leur île de toutes les bêtes sauvages qui la ravagent. Ainsi, depuis ce temps-là, il n'y a plus en Crète ni serpents, ni ours, ni loups, ni aucune autre espèce d'animaux malfaisants. Héraclès n'oubliait pas non plus que cette île avait été le lieu de naissance de son père.
On dit également que si la Crète est libre de tout animal féroce, c'est par la volonté de Zeus qui a voulu ainsi récompenser l'île d'avoir été, pour ainsi dire, son berceau. Et dans sa grande prévoyance, le dieu a aussi fait en sorte que ces animaux ne puissent s'y reproduire ni y survivre, au cas où quelqu'un aurait l'idée d'en introduire.
Énée. Quand l'oracle de Phébus ordonne à Énée de faire route vers le pays de leur origine, Anchise, croyant qu'il s'agit de la Crète, s'adresse à son fils : la Crète, dit-il, est le berceau de notre race. C'est le plus riche des royaumes, avec ses cent puissants cités. C'est de Crète que Teucros est parti pour s'en aller fonder son royaume. C'est de Crète que viennent Cybèle, les Corybantes et le bois de l'Ida.
La Crète vue par Solin
Elle s'étend très longuement de l'est à l'ouest, ayant en face la Grèce d'un côté, de l'autre Cyrène. Au nord elle est battue par les eaux de la mer Égée et par ses propres flots, c'est-à-dire ceux de la mer Crétique ; au midi les eaux de la Libye et de l'Égypte la baignent : elle n'a pas cent villes, comme on l'a dit avec exagération, mais elle a de grandes et magnifiques villes, dont les principales sont Gortyne, Cydonée, Cnossos, Thérapnes, Cylisse. Son nom vient, selon Dosiade, de la nymphe Crété, fille d'Hespéride ; selon Anaximandre, de Crès, roi des Curètes ; Cratès dit qu'elle fut appelée d'abord Aéria, puis Curétis ; d'autres disent que sa température lui fit donner le nom d'île des Heureux. La Crète est le premier pays où la rame et les flèches aient été employées, où les lois aient été écrites. C'est là que Pyrrhus établit le premier des danses équestres, qui servirent au maintien de la discipline militaire. L'étude de la musique date de l'époque où les Dactyles idéens ont assujetti au rythme de la versification le bruit et le tintement de l'airain. Le sommet des monts Dyctinna et Cadiste est blanc, et de loin les navigateurs croient voir des nuages. Entre toutes les montagnes, citons l'Ida, qui voit le soleil avant qu'il soit levé. Varron, dans son ouvrage sur les Côtes de la mer, dit que même de son temps on allait visiter le tombeau de Jupiter. Les Crétois ont pour Diane la plus grande vénération, et la nomment dans leur langage, Britomartis, ce qui chez nous signifie douce vierge. On ne peut entrer que nu dans le temple de la divinité. Ce temple a été construit par Dédale. Près de Gortyne coule le fleuve Léthé, dans lequel Europe fut, disent les Gortyniens, emportée par un taureau. Ces mêmes Gortyniens ont établi un culte pour le frère d'Europe, Atymnios : car c'est le nom qu'ils lui donnent. Il apparaît le soir seulement, pour présenter des traits plus augustes. Les Cnossiens regardent comme leur concitoyenne la déesse Minerve, et soutiennent hardiment contre les habitants de l'Attique, que c'est chez eux que le blé fut semé pour la première fois. Le territoire de Crète nourrit un grand nombre de chèvres sauvages, n'a pas de cerfs, et ne produit ni loups ni renards, ni autres quadrupèdes d'espèce malfaisante. Il n'y a pas de serpents ; la vigne y vient parfaitement ; le sol y est d'une admirable fécondité ; les arbres y prospèrent, et ce n'est que dans cette partie de l'île que repoussent les cyprès coupés.
[...] Des cérémonies religieuses prouvent qu'à une époque bien reculée les Titans y ont régné. Les Carystiens rendent un culte à Briarée, comme les habitants de Calchis à Égéon : car presque toute l'Eubée fut le domaine des Titans.
Les Cyclades ont été ainsi nommées, parce que, quoique assez éloignées de Délos, elles forment autour de cette île un cercle [...]. Le tombeau d'Homère assure à Ios la prééminence parmi les Cyclades.
Solin