Démophon

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fils de Métanire et du roi Céléos d'Éleusis.

Les parents de Démophon accordent une si généreuse hospitalité à Déméter que la déesse veut les récompenser en accordant l'immortalité à l'enfant. Mais, à la suite d'une méprise de sa mère, Démophon est destiné à mourir. Irritée de cette maladresse, Déméter ne cache pas sa colère, révélant du même coup ses intentions louables. Puis elle exige qu'on lui élève un temple et un autel au pied de l'Acropole. Elle fonde les mystères d'Éleusis et engage le peuple à les célébrer dans la plus grande piété.

Voir aussi : Céléos, Déméter, Métanire, Triptolème, Éleusis

2. Fils de Thésée et de Phèdre, ou d'Antiope, et guerrier du camp grec contre Troie.

Poussé par les tempêtes sur les côtes de Thrace, il reçoit l'hospitalité du roi Lycurgue. Il s'éprend de la princesse Phyllis. Ménesthée, qui s'est emparé du pouvoir après l'exil de Thésée, meurt ; Démophon veut alors retourner dans sa patrie pour lui élever un magnifique tombeau ; il promet à la jeune fille de revenir bientôt, assurant que ce n'est pas là une perfidie de sa part, qu'il n'y a plus pour lui de plus belle patrie que la Thrace. Au moment du départ, Phyllis lui remet un coffret dans lequel, prétend-elle, des offrandes à Rhéa sont enfermées ; elle lui fait jurer de ne pas chercher à l'ouvrir tant qu'il lui restera un espoir de revoir un jour sa bien-aimée. Démophon donne sa parole, emporte le coffret et s'en va. Mais Démophon finit par oublier que Phyllis et lui ont promis de se retrouver. De son côté, à la date fixée, la jeune fille scrute longtemps l'horizon pour voir si un navire n'arrive pas. Finalement, convaincue d'avoir été abandonnée, elle se pend. Au même moment Démophon, qui va tranquillement à cheval, soulève le couvercle du coffret : un fantôme surgit. L'apparition inattendue lui fait perdre l'équilibre. Il tombe de sa monture et meurt sur la pointe de son épée.

Voir aussi : Acamas

Une autre légende rattache Démophon aux descendants d'Héraclès : après la mort de ce dernier, son neveu Iolaos et les Héraclides sont persécutés par Eurysthée. Ils se réfugient auprès de Démophon et le supplient de ne pas les livrer à Argos. Démophon ne demeure pas insensible à la prière d'Iolaos. Il renvoie Coprée, le héraut d'Eurysthée, qui est venu réclamer les fugitifs. Selon une variante, Thésée lui-même protège les Héraclides.

Variantes : La mort de Phyllis

I. Croyant avoir été méprisée, Phyllis se pend ; elle est ensuite transformée en amandier sans feuilles. Cependant Démophon revient vers sa bien-aimée. Ayant appris ce qui s'est passé, il embrasse l'arbre, sur lequel poussent bientôt des feuilles.

II. Après la mort de la jeune fille, ses parents lui élèvent un tombeau. Des arbres bientôt poussent ; à l'automne, les feuilles qui tombent pleurent la mort de Phyllis.

III. Une terrible calamité s'abat sur Éléonte, royaume de Démophon (ou Démiphon). Pour enrayer le fléau, il faut, selon l'oracle d'Apollon, sacrifier chaque année une jeune fille de noble famille. Démophon désigne la victime, en prenant soin de soustraire ses propres filles au tirage au sort. L'un des parents, Mastousios, dont le hasard a choisi l'enfant, refuse de la sacrifier et dénonce la tricherie du roi. Démophon, irrité par cette insolence, prend de force la fille et l'immole. Son père se résigne, par patriotisme.

Le temps passe et l'affaire est apparemment oubliée, au point que Mastousios passe pour l'ami du souverain. Un jour Mastousios invite Démophon et ses filles à un sacrifice. Le roi accepte, précisant qu'il arrivera avec un peu de retard. Mastousios sacrifie les filles de Démophon, puis, quand ce dernier arrive, il lui fait absorber le sang des victimes. Apprenant la vérité, Démophon fait jeter Mastousios dans la mer.

Prière des Héraclides à Démophon

Ces enfants [ceux d'Héraclès] réclament aujourd'hui de toi le prix des bienfaits de leur père ; ils te conjurent de ne point les livrer, de ne point souffrir qu'arrachés à tes dieux, ils soient rejetés de cette terre. Il y aurait de la honte pour toi, du déshonneur pour Athènes, à ce que des parents, malheureux, fugitifs, suppliants (hélas ! regarde-les, regarde-les !), éprouvent cette violence. Je t'en conjure, tendant vers toi ces rameaux, par tes mains, par ton visage que je touche, ne refuse pas d'ouvrir les bras aux enfants d'Héraclès. Sois pour eux un parent, un ami, un père, un frère, un maître même : tout vaut mieux pour eux que de tomber au pouvoir des Argiens.

Euripide