Orthographe : « Ce n’est pas une sinécure », vous l’avez dit des dizaines de fois, sans savoir que ce mot parle d’un rêve inaccessible

C’est une de ces phrases toutes faites qu’on prononce sans y penser : “ce n’est pas une sinécure”. On l’entend au détour d’un repas de famille, entre deux soupirs de collègues ou au sujet d’un quotidien un peu trop agité. Mais derrière cette expression familière se cache un mot rare et chargé d’histoire… qui désigne exactement l’inverse de ce que nous vivons en général.

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Une sinécure, c’est exactement ce que vous croyez ne pas avoir… et vous avez raison

Quand on dit qu’un travail “n’est pas une sinécure”, on pense à une tâche pénible, exigeante, loin d’être reposante. Et on a raison, ou presque. Car le mot sinécure vient du latin sine cura, “sans souci”, et désignait à l’origine un poste religieux rémunéré, sans charge ni obligation. Le paradis du boulot tranquille, en somme.

Au fil du temps, la sinécure est devenue synonyme d’emploi payé à ne rien faire ou presque. Une planque. Un fauteuil moelleux dans un bureau où il ne se passe rien. Je t’offre une synécure et tu seras nourri, logé, blanchi (Cendrars).

Mais l’usage moderne en a inversé le sens pour exprimer l’absence de cette chance. Dire “ce n’est pas une sinécure”, c’est regretter qu’on ne soit pas dans ce cas de figure !

Vous écrivez “merci d’avance” sans réfléchir ? Ce choix anodin cache une vraie question de ton, de forme… et de perception sociale
Une faute d’une lettre que font même les meilleurs : « leur » ou « leurs », la règle ultra simple qu’on oublie toujours

Ce mot rare révèle nos fantasmes : être payé sans travailler, un rêve très humain

Pourquoi ce mot continue-t-il de nous faire rêver, même à notre insu ? Peut-être parce qu’il touche une corde universelle : celle de l’envie d’effort minimal contre réconfort maximal. Une sinécure, c’est ce que nous n’avons pas, mais qu’on imagine toujours exister quelque part, pour quelqu’un d’autre.

Derrière ce terme discret, c’est tout un imaginaire du travail-idéal-qui-n’en-est-pas-un qui s’exprime. Le mot a beau paraître désuet, il vibre encore. Comme si, au fond, on espérait tous tomber un jour sur la sinécure parfaite : un poste bien payé, pas stressant, pas trop long, et pourquoi pas, avec café à volonté.

Plongée dans les trésors oubliés de notre langue : casimir, gobelotter, mort-ivre…

Si ces mots rares vous intriguent, alors plongez-vous dans les mots disparus de Pierre Larousse par Bernard Cerquiglini pour découvrir quelques perles oubliées :

  • Casimir : autrefois, étoffe de drap en laine fine tissé suivant l’armure du croisé.
  • Gobelotter : boire souvent et à petits coups.
  • Mort-ivre : ivre au point d’avoir perdu tout sentiment.

Ces termes ne servent pas qu’à briller au Scrabble : ils racontent nos métiers, nos outils, des objets et pratiques insolites. Ils nous rappellent que le français est une langue trésor, non dénuée d’un charme qu’aurait apprécié André Breton !

Ingrédients pour enrichir votre vocabulaire sans effort

  • Garder un dictionnaire Larousse près du café
  • Noter les mots croqués dans les livres, les podcasts, les films
  • Les réutiliser (au moins une fois !) pour les ancrer
  • Lire des auteurs comme Bernard Cerquiglini, Muriel Gilbert ou Karine Dijoud
  • Ne jamais hésiter à demander : « Et ça veut dire quoi ? »

La sinécure, c’est le mot qui nous fait rêver sans qu’on le sache

Vous dites « bienvenu » ou « bienvenue » ? Voici la règle infaillible pour ne plus jamais faire la moindre erreur
« Comme même » ou « quand même » ? Une seule est correcte, l’autre n’existe pas et ruine vos messages sérieux

La prochaine fois que vous direz “ce n’est pas une sinécure”, vous saurez exactement ce que vous évoquez : un poste payé à ne rien faire, un luxe discret, un fantasme social. Et peut-être, quelque part en vous, l’espoir d’en trouver une.

Parce qu’appréhender les mots, c’est aussi découvrir les petits rêves enfouis dans la langue. Et celui-là, il vaut bien une place dans votre panthéon lexical.


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