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- « Par contre » : une locution ancienne longtemps contestée mais grammaticalement correcte
- « En revanche » : le choix préféré pour un style soutenu, recommandé par les puristes
- Le débat stylistique relancé par les écrivains eux-mêmes
- Une règle pratique pour trancher selon le niveau de langue souhaité
- Une querelle de style plus que de syntaxe, reflet de la richesse de la langue française
« Par contre » : une locution ancienne longtemps contestée mais grammaticalement correcte
Contrairement à ce que certains croient, « par contre » n’est pas un barbarisme moderne. La formule apparaît dès le XVIᵉ siècle sous la plume de Jean Calvin, et trouve ses équivalents dans d’autres langues latines. Pourtant, cette locution a longtemps été cantonnée au registre commercial.
C’est Voltaire qui lança la polémique en 1737, considérant que « par contre » ne devait pas dépasser le cadre des échanges marchands. Cette position fut reprise au XIXᵉ siècle par Littré, qui tout en reconnaissant une certaine justesse grammaticale à l’expression, la jugeait logiquement bancale.
« En revanche » : le choix préféré pour un style soutenu, recommandé par les puristes
L’Académie française elle-même a oscillé. Après l’avoir acceptée dans un usage restreint, elle l’a rejetée en 1932 avant de la réhabiliter en 1988. Sa position actuelle est claire : « par contre » n’est pas fautif, mais doit être évité dans les écrits soignés au profit de formulations comme « en revanche », « au contraire », « du moins » ou « en compensation ».
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« En revanche » est donc l’alternative recommandée pour les textes formels. Elle s’impose dans les écrits académiques, journalistiques ou administratifs, et confère au style une touche de rigueur et d’élégance.
Le débat stylistique relancé par les écrivains eux-mêmes
Malgré les mises en garde des académiciens, de nombreux auteurs de renom, de Gide à Proust, de Maupassant à Saint-Exupéry, ont utilisé « par contre ». Certains, comme André Gide, ont même défendu son emploi : « Trouveriez-vous décent qu’une femme vous dise : Oui, mon frère et mon mari sont revenus saufs de la guerre ; en revanche j’y ai perdu mes deux fils ».
Cette liberté d’usage reflète une nuance de ton que les alternatives ne permettent pas toujours. C’est aussi une question de musicalité et de rythme dans la phrase, ce que Grevisse reconnaît en signalant que « par contre » s’est imposé malgré la résistance des puristes.
Une règle pratique pour trancher selon le niveau de langue souhaité
Vous pouvez employer « par contre » dans la langue courante sans craindre la faute, mais optez pour « en revanche » dans un cadre soutenu, notamment à l’écrit. Le choix dépend donc moins de la grammaire que du registre de langue visé : relâché ou surveillé.
En clair :
- « Il n’a pas pu venir. Par contre, il m’a laissé un mot. » (langue orale ou registre courant)
- « Il n’a pas pu venir. En revanche, il m’a laissé un mot. » (registre soutenu)
Une querelle de style plus que de syntaxe, reflet de la richesse de la langue française
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En définitive, l’opposition entre « par contre » et « en revanche » ne tient pas à une faute grammaticale, mais à une préférence stylistique. Choisir la bonne formule, c’est ajuster le ton à son audience. Dans ce domaine, la langue française laisse une marge de liberté précieuse. Ne vous privez pas de l’exploiter avec discernement !


