G.R.

La restructuration d'Air France

Pour l'exercice clos au 31 mars 1997, Air France a annoncé son premier bénéfice depuis 1989 (211 millions de francs). La compagnie est parvenue à ce résultat par l'accroissement du trafic et par le remplissage record de ses avions. Cependant, ses coûts restent plus élevés que ceux de ses concurrents : ils sont supérieurs de 14 % à ceux de British Airways et de 40 % à ceux des compagnies américaines. Christian Blanc, P-DG de la compagnie, aurait voulu abaisser les coûts de 15 % en moyenne au cours des trois prochaines années et multiplier les alliances avec des partenaires étrangers. Il sera obligé de quitter son poste pour s'être opposé au gouvernement Jospin sur le statut futur de la compagnie. Il souhaitait une privatisation complète. Il n'a pas été suivi.

La Suisse en question

1996 avait été bien morose en Suisse – licenciements en cascade dans les banques et l'industrie, pression à la baisse sur les salaires. C'est donc dans un contexte fortement déprimé qu'a éclaté en 1997 l'affaire des victimes de l'Holocauste. Après avoir temporisé, Berne a dû se résoudre à reconsidérer une neutralité peu glorieuse.

En accusant les banques de la Confédération de détenir des avoirs juifs en déshérence pour un montant de plusieurs milliards de francs suisses, de nombreuses organisations internationales juives ont relancé le débat sur la neutralité helvétique. L'ouverture des archives en Europe centrale et orientale et le regain d'intérêt pour la question de la responsabilité du pays pendant la Seconde Guerre mondiale ont préparé le terrain, faisant apparaître la neutralité sous un jour bien moins favorable que traditionnellement admis. Un verrou a ainsi sauté dont témoignent quelques questions : n'aurait-on pas dû se préoccuper davantage de l'origine des avoirs déposés en Suisse ? Que sont devenus, au lendemain de la guerre, les dépôts en banque des Juifs qui ont été exterminés ? Il est clair qu'au regard des réactions des milieux concernés et des hésitations du gouvernement, la renommée internationale de la neutralité suisse sera durablement ternie.

La morale et la contrainte

Concernant les victimes de la Shoah, le gouvernement a choisi de faire un geste significatif. Ainsi, le président de la Confédération helvétique, Arnold Koller, a adressé un discours solennel diffusé dans tout le pays par la télévision et destiné à faire le point pour l'opinion publique suisse et étrangère sur la volonté du gouvernement de Berne d'assumer son passé entre 1933 et 1945. C'est ainsi que la Suisse a décidé de créer une Fondation de la solidarité de 7 milliards de francs suisses pour les victimes de l'Holocauste, ainsi que de la pauvreté, des catastrophes et des violations des droits de l'homme. Parallèlement, les principales banques du pays ont pu annoncer la création d'un fonds de 100 millions de francs suisses pour les victimes du génocide, faisant ainsi un premier geste financier après une longue polémique les accusant d'avoir profité des persécutions des juifs par les nazis. Le gouvernement et les banques suisses n'auront donc pas pris à la légère la pression qui s'est manifestée sur la scène internationale avec, notamment, des menaces de la municipalité de New York de ne plus confier d'argent aux banques de la Confédération tant qu'un fonds de compensation n'aurait pas été créé. Sans doute la pression économique aura-t-elle pesé en la matière d'un poids plus significatif qu'un quelconque examen de conscience. On peut assurément le regretter.

P.F.

Une littérature de haine

Sur la scène du Neumarkt Theater de Zurich, quatre comédiens ont lu en rafale le courrier des lecteurs paru au printemps sur l'affaire des fonds juifs. Le spectacle, monté par la comédienne Shelley Kästner, se termine par de terribles vociférations : « Et d'ailleurs, où les Juifs l'ont-ils pris, tout cet argent ? » ; « Hitler a mal fait son boulot » ; « Il y a 18 000 Juifs de trop en Suisse » ; « Adolf est parmi nous » ; « Votre liquidation n'est qu'une question de temps » ; « Les Juifs torturent et égorgent les animaux sans anesthésie », etc.

Échecs : Kasparov vaincu par un ordinateur

Du 3 mai au 11 mai, à New York, le champion du monde d'échecs Garry Kasparov affronte un super ordinateur d'IBM, Deeper Blue. Au terme d'un match en six parties, la machine l'emporte par 3,5 points à 2,5. Pour la première fois, un ordinateur triomphe d'un champion du monde en titre lors d'une rencontre jouée sur un rythme normal.