Ces décisions ont été soutenues par un plan d'équipement productique d'un montant de 300 millions de francs cette année, pour renouveler le parc des machines-outils de l'Éducation nationale.

L'idée majeure retenue pour équiper ces établissements est de ne plus investir, comme par le passé, dans de coûteuses machines-outils classiques –souvent achetées pour « aider » les industriels de la mécanique en difficulté chronique –, mais dans des machines miniatures à commande numérique, éventuellement associées à de petits robots pédagogiques. Ces mini-machines coûtent de six à huit fois moins cher que leurs homologues industriels ; elles servent aussi à réaliser de petites pièces et offrent surtout l'avantage de pouvoir être installées directement sur des tables de laboratoires ou dans les salles de classe. Cinquante établissements ont été dotés cette année de ces machines-outils polyvalentes à caractère didactique, qui équipent les options productique des classes de seconde.

Quant aux robots pédagogiques, ils sont nombreux : on trouve tout d'abord les petits bras programmables, en général d'origine japonaise (Mitsubishi), britannique (Bibby, Colne-Multisoft) ou américaine (Microbot, Rhino)... Généralement pilotés à partir d'un ordinateur personnel, tout comme les tortues mobiles programmables à langage Logo (Jeulin), ils servent à sensibiliser les élèves à la robotique et à la programmation. Certaines disposent toutefois de systèmes de vision simplifiés (Multisoft).

L'enseignement de la productique à des techniciens requiert des robots plus volumineux dont la technologie est dérivée de celle des modèles industriels. Plusieurs constructeurs français se sont lancés sur ce créneau (AID, Sirtès-Renault, Barras Provence et plus récemment Sinfor) à la suite d'un appel d'offre de l'Éducation nationale et de l'Agence de l'informatique pour la fourniture des 100 premiers robots destinés aux lycées.

Les problèmes posés par cette formation à la productique sont loin d'être résolus. On a pu constater à Éducatec qu'une certaine effervescence régnait dans ce domaine, d'autant plus que les décisions des secrétaires d'État à l'Enseignement technique sont intervenues parallèlement à la mise en place du vaste plan « Informatique pour tous » lancé en janvier par Gilbert Trigano.

Ce plan a permis dès cette année de former 10 000 enseignants à l'informatique grâce à l'implantation de 120 000 micro-ordinateurs dans les écoles, en majorité des matériels français. L'intérêt technique de la solution retenue est de mixer, en une configuration en réseau, des micro-ordinateurs professionnels et des modèles personnels ou familiaux. Les capacités de ces derniers se trouvent ainsi multipliées tout en permettant le travail en autonomie.

À ces « grappes » d'ordinateurs, il serait opportun de pouvoir associer, grâce à des interfaces appropriées, les robots pédagogiques, tortues, mini-machines-outils, qui serviraient aussi à l'enseignement technique. Chaque élève disposerait d'un ordinateur personnel avec écran graphique : entre autres fonctions scientifiques, mathématiques ou documentaires, cet ordinateur servirait à programmer en commande numérique l'usinage de pièces et leur transfert par des robots de manipulation ou d'assemblage, éventuellement équipés de vision. Après mise au point des programmes, l'élève viendrait lire sa disquette sur l'ordinateur de commande d'un mini-atelier flexible, mis à la disposition du professeur : il servirait à exécuter la pièce et à vérifier l'exactitude des trajectoires d'outils, par exemple, avec une table traçante, un robot « tortue », à visualiser les mouvements du ou des robots...

En dehors de ces actions d'envergure, qui touchent en priorité l'enseignement secondaire, d'autres projets concernent les écoles d'ingénieurs et les universités. Cette année a également vu la mise en place des premiers ateliers régionaux inter-universitaires de productique, notamment à Valenciennes, Grenoble, Toulouse, Nantes... Il s'agit de regrouper des moyens en robotique jusqu'à présent dispersés dans divers laboratoires ou établissements d'enseignement afin de constituer des cellules et ateliers flexibles qui serviront de bancs d'essais à la maîtrise des problèmes industriels. Ces ateliers devraient donc favoriser le nécessaire rapprochement entre recherche et industrie.

Intervenir en milieu hostile

Dans tous les pays industrialisés, la recherche en robotique porte essentiellement sur les robots de troisième génération, des machines mobiles autonomes dotées de capteurs et dont le pilotage fait appel aux ressources de l'intelligence artificielle, notamment les systèmes experts.