Cette orientation pédagogique est encore accentuée par la possibilité de monter soi-même le robot : vendu en kit 1 500 dollars, Hero 1 nécessite de réaliser 6 000 soudures ! Il s'agit d'une machine mobile roulant à 3 km/h grâce à trois roues. Sa tête pivotante est munie de capteurs de proximité, d'un détecteur de volume sonore, d'une carte de synthèse vocale et d'une horloge interne. Il comporte un bras articulé muni d'une pince. Il se programme directement en langage Assembleur à partir d'un clavier placé sur la tête.

Un second modèle, Hero JR, a été annoncé cette année : programmable en Basic à partir d'un micro-ordinateur, il peut assurer des tâches de gardiennage avec déclenchement d'alarme grâce à un module spécial. Dépourvu de bras, c'est un modèle moins coûteux (1 000 dollars et 600 en kit) davantage orienté vers le jeu et la microinformatique.

L'utilisation des robots pour la pédagogie a fait l'objet d'un colloque fin octobre au Cesta (Centre d'étude des systèmes et des technologies avancées), qui a inauguré dans ses locaux à Paris la première « robothèque ». Elle rassemble une dizaine de robots à usage pédagogique ou ludique, éventuellement associés à des matériels d'enseignement assisté par ordinateur qui utilisent des programmes didactiques appelés didacticiels.

Une exposition spécialisée, Educatec, présentait en décembre la plupart des robots pédagogiques et les matériels destinés à l'enseignement de la productique. Il s'agit notamment des machines-outils miniatures pilotées par ordinateur ou commande numérique qu'on peut alors associer à des bras articulés programmables ou des engins mobiles pour constituer des mini-cellules flexibles de fabrication.

Enseigner la productique

Par analogie avec l'informatique et la bureautique, la productique regroupe l'ensemble des techniques qui concourent à la conception et à la mise en place de systèmes automatisés de production. La robotique en est l'une des composantes essentielles, mais ce n'est pas la seule. Il faut y ajouter – ou mieux y intégrer – d'autres technologies connexes : en amont, la CAO (conception assistée par ordinateur) ; en aval, les systèmes automatiques de fabrication et les machines-outils.

Ces matériels sont pilotés par des systèmes électroniques ou informatiques : commandes numériques, automates programmables, calculateurs de processus... Le fonctionnement de l'ensemble pouvant être coordonné par un ordinateur de supervision. À terme, on s'achemine vers la gestion de production par ordinateur. Elle prend en compte la flexibilité des fabrications en fonction des aléas de production ou des commandes reçues : c'est l'atelier flexible.

L'enjeu productique est considérable. Avant la fin de la décennie, des sommes énormes – près de 100 milliards de dollars – vont être employées à mettre sur l'automatisation de la production en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord. Pour la France, selon l'Ofta (Observatoire français des techniques avancées), le marché de la productique représente aujourd'hui environ 8,7 milliards de francs et devrait atteindre 30 milliards à l'horizon 1990.

Gagner cette bataille de la productique est donc une nécessité économique et technique. Elle requiert un vaste programme de formation pluridisciplinaire. Les systèmes automatisés élargissent les fonctions, font évoluer les emplois et les qualifications, et conduisent à de nouvelles organisations du travail. Tout comme c'est déjà le cas au Japon, l'ouvrier devra connaître le fonctionnement des machines automatiques et des robots pour qu'il puisse les programmer et les dépanner.

C'est la raison d'être du plan d'enseignement de la productique lancé en mars par Roland Carraz, secrétaire d'État chargé de l'Enseignement technique auprès du ministre de l'Éducation nationale. Il s'agit aujourd'hui d'adapter l'enseignement aux évolutions de l'outil de production et de prendre en compte la robotique dès le secondaire.

Le but ? Former 45 000 techniciens supérieurs par an, soit deux fois plus qu'actuellement. Près de 1 000 établissements sont concernés : 350 lycées techniques et 600 lycées d'enseignement professionnel.