De tels robots mobiles, dotés de capteurs et pilotés par liaison infrarouge à partir de l'ordinateur familial, étaient censés tout faire dans la maison : assurer le gardiennage, passer l'aspirateur, prendre les communications téléphoniques, servir à boire, aider la maîtresse de maison...

Comme l'indique une enquête de Sciences & Techniques, parue en décembre, les premières firmes américaines engagées sur ce marché ont connu des difficultés : la société Androbot, créée par Nolan Bushnell en Californie – qui prévoyait même de construire en France ses robots Bob, Topo et Fred – a finalement cessé ses activités cette année ; d'autres entreprises se sont reconverties ou ont été rachetées.

Les premiers modèles de robots domestiques, trop coûteux, souffraient de défauts de jeunesse, notamment au niveau des moyens de locomotion trop lents et des capteurs de contournement d'obstacles encore trop sommaires. Il faut attendre la venue d'une nouvelle génération de machines plus fiables faisant appel à des calculateurs embarqués et à l'intelligence artificielle. C'est ce qui préfigure le robot Gemini d'Arctec Systems, vedette d'une exposition spécialisée en robotique personnelle qui s'est tenue à San Francisco début septembre, l'International Personal Robot Congress and Exhibition.

Robot mobile autonome, Gemini dispose de trois micro-ordinateurs embarqués et d'une batterie de capteurs de proximité : infrarouges, photoélectriques et ultrasonores. Doté de synthèse de la parole, il peut se déplacer d'une pièce à l'autre grâce à des balises réfléchissantes placées sur les montants des portes. Cette petite merveille coûte néanmoins 8 000 dollars.

Parmi les autres modèles de robots domestiques présentés à San Francisco, citons Hubot de la firme Hubotics. Il intègre un écran de télévision, un récepteur radio et un jeu vidéo Atari, et dispose de deux processeurs, dont un affecté aux fonctions de pilotage du robot. Plusieurs options sont proposées : gardiennage, aspirateur, téléphone sans fil...

Genus, autre modèle de haute gamme, construit par Robotics International Corporation est aussi doté d'options : plusieurs bras, micro-ordinateur, synthèse et reconnaissance vocale, capteurs de fumées... Il mesure 1,35 m et pèse 60 kg.

Il faut toutefois s'attendre à l'arrivée des constructeurs japonais sur ce marché avec notamment la gamme Omnibot de Tomy, firme jusqu'à présent spécialisée dans les robots ludiques et les jouets. Le modèle Omnibot 2 000 annoncé cette année marque l'entrée du groupe japonais sur le marché du « vrai » robot domestique. Muni de deux bras articulés, d'une base mobile solide à six roues, d'un plateau détachable motorisé pouvant transporter et faire tourner cinq verres, l'Omnibot 2 000 incorpore aussi un magnétophone, un réveil et une télécommande. Il est piloté à partir d'ordinateurs Apple, Commodore, IBM-PC... grâce à une interface Robotlink étudiée par une petite firme de logiciel, Computer Magic Ltd. Enfin, il ne coûte que 500 dollars.

Si le marché grand public n'a pas réellement décollé, la robotique personnelle continue toutefois à se développer grâce au foisonnement des clubs de robotique qui se sont créés à l'image de ceux de micro-informatique.

On peut aujourd'hui acheter dans les boutiques spécialisées des composants mécaniques et électroniques pour la construction de tels robots : micromoteurs et systèmes de motorisation, capteurs à ultrasons Polaroïd, cartes de synthèse et de reconnaissance vocale...

C'est ce qui explique que des machines très sophistiquées soient construites et présentées par les « robot junkies », ces amateurs, bricoleurs passionnés, qui mettent au point des prototypes de robots plus performants et plus intelligents les uns que les autres. On a pu en juger au cours des deux manifestations de robotique grand public qui se sont tenues à Londres et surtout à San Francisco.

Jouer et apprendre

Le principal intérêt des robots domestiques actuellement commercialisés est leur rôle éducatif. Le tout premier modèle – et le plus célèbre –, Hero 1, a été conçu pour cela par la firme Heath, numéro un mondial des systèmes électroniques en kit qui l'a lancé à grande échelle. Aux États-Unis, il a été vendu à plus de 20 000 exemplaires malgré un coût élevé : 2 500 dollars. Au départ, il était destiné à servir de support pédagogique à un volumineux cours de robotique.