C'est l'objet du projet international Ram (Robot automoteurs multiservices). Lancé en 1984, il vise à mettre au point des robots d'assistance en milieux hostiles. Ce projet se développe plus lentement que prévu. Piloté par le Cesta, il s'est trouvé handicapé par des problèmes de financement – 25 millions de francs en 1984 au lieu de 40 prévus, – et surtout par des difficultés dues à ses implications internationales : sept pays concernés (Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et RFA), la France et le Japon jouant un rôle de « pilotes ».

Les sous-programmes Ram les plus avancés sont actuellement les deux projets de robotique agricole – l'un pour la cueillette des fruits sous le nom de Magali associant notamment l'Iriam de Marseille et le Lam de Montpellier à un industriel, Pellenc et Motte, l'autre pour le débroussaillage forestier Rafu Bref – ainsi qu'un robot de nettoyage pour la RATP, étudié par Midi-Robots.

Ce dernier projet s'est traduit par la réalisation de deux prototypes, l'un pour le nettoyage des autobus, l'autre pour celui des quais du métro. Présenté en novembre par la RATP, le premier robot balayeur de Midi-Robots serait construit à 500 exemplaires.

Plusieurs générations de matériels robotisés vont se succéder sous les voûtes du métro parisien : ainsi, en 1995, de nouveaux modèles de robots autonomes capables de descendre les escaliers grâce à des chenillettes pourront assurer toutes les fonctions de nettoyage : laver, aspirer, souffler, ramasser... Ces machines seront construites par un GIE rassemblant la Générale des Eaux, le groupe Genest, le CEA, Midi-Robots ainsi qu'une filiale de Renault, la Camiva.

Dans le domaine du nucléaire, le CEA a créé en février l'Orep, un organisme pour coordonner ses recherches en robotique et leur transfert aux domaines civils. L'étude des robots mobiles de troisième génération nécessite de gros efforts de recherche et de mise au point pour les capteurs d'environnement et les systèmes de pilotage. D'où la nécessité d'associer au projet de grandes firmes comme Matra, ou des filiales du CEA comme Gixi, SGN-Productivité Plus et Intercontrôle, qui ont des compétences en vision électronique, en automatisme et en logiciel.

L'Orep continue à développer les robots télécommandés pour son propre usage : c'est le cas de Mir (module d'inspection pour réacteur rapide) qui effectue les opérations de contrôle de Super-Phénix. Il se déplace dans l'espace de 30 cm qui sépare la cuve principale du réacteur et l'enveloppe de sécurité. Il a fallu quatre ans pour réaliser cet engin qui a coûté 16,5 millions de F. Tout comme son homologue Virgule, qui sert à inspecter les tubulures de 30 cm de diamètre, ou le télémanipulateur Romain de STMI, Mir est l'un des engins mis au point par l'équipe de Jean Vertut, l'un des pionniers de la robotique d'intervention en milieu hostile et de la téléopération, décédé en juillet dernier.

C'est également cette année qu'ont débuté les travaux de maintenance des structures internes de la centrale nucléaire graphite-gaz Chinon 3 qui vont durer trois ans. Il a fallu construire cinq robots spéciaux appelés Isis, conçus par Hispano-Suiza, filiale de la Snecma. Ces robots à huit degrés de liberté, de 12 mètres de haut et pesant 3,5 tonnes, sont chacun affectés à une tâche précise. Trois d'entre eux sont installés dans le cœur du réacteur, l'un pour l'inspection de zones à réparer à l'aide d'une caméra, les deux autres pour les opérations proprement dites : préhension et positionnement des pièces, éventuellement soudure électrique et décapage des zones oxydées. Le quatrième sert à la conduite des opérations sur une maquette grandeur nature du réacteur : muni d'une tête laser, il visualise les trajectoires de trois robots en cours de travail. Enfin, le cinquième est utilisé pour la programmation des trajectoires avec un pantin de commande. Tous ces travaux sont effectués avec pilotage en temps réel des mouvements par ordinateur.

Dans le domaine civil, signalons le robot de nettoyage des coques de navire construit par Normed-Chantiers de Dunkerque. Il se déplace tout seul sous l'eau grâce à des ventouses magnétiques qui se collent à la coque tandis que ses bras déplacent des brosses rotatives. Il est piloté à partir d'un automate programmable avec liaison par fibres optiques. Il peut nettoyer seul 5 000 m2 de coque par jour. Principal avantage : il n'est pas nécessaire de sortir le navire de l'eau pour le placer dans un bassin de carénage.