Autre sujet de mécontentement pour les usagers : l'augmentation de 10 centimes de la taxe de base du téléphone annoncée le 1er août, qui porte à 25 % les hausses de tarifs appliquées en un an. Explication : traditionnellement autonome, aussi bien du point de vue des ressources que des dépenses, le budget des P et T est désormais mis à contribution pour des opérations qui relèvent théoriquement du budget général de l'État, notamment le financement des industries de la filière électronique. Ce qui permet d'alléger la charge du contribuable... en alourdissant celle de l'usager du téléphone.

Anne-Marie Rocco

Tourisme

La grisaille

Une année 1984 non pas franchement mauvaise, mais plutôt médiocre : chez les tour-opérateurs comme chez les professionnels de l'accueil, ce n'est pas à proprement parler l'euphorie. Dès mars, un sondage SOFRES ne révèle aucune augmentation, par rapport à l'année précédente, du nombre de Français ayant l'intention de partir en vacances. En mai, Jean-Claude Murat, président du Syndicat national des agences de voyage, constate que « les prochaines vacances ne semblent pas entrer dans les préoccupations prioritaires des Français ». En automne, on estime au syndicat que « ceux qui ont réalisé un bon chiffre sont en fait revenus au chiffre de 1982 ».

On part moins loin

Prudence et petits pas, les Français ont certes repris le chemin de l'étranger, mais sans précipitation. Un printemps maussade pour les tour-opérateurs : en mai, le taux de réservation est à peine supérieur de 5 % par rapport à 1983, année rappelons-le largement amputée par le fameux contrôle des changes.

Seul rayon de soleil, le bassin méditerranéen continue d'attirer la clientèle, et la Grèce en premier lieu (l'aménagement de vols directs au départ de Marseille y est sans doute pour quelque chose). Tunisie, Maroc, Baléares, Yougoslavie sont également beaucoup demandés. Au total, on enregistre une hausse d'environ 10 % du nombre de passagers sur les moyen-courriers, aux dépens des long-courriers, à l'exception des Antilles (vers lesquelles de nouvelles lignes sont ouvertes) et des vols vers les États-Unis.

Les vacanciers se montrent avant tout prudents : les agences font état d'une demande croissante pour les formules « sans surprises », où tout est compris (clubs, circuits), et elles constatent que le budget moyen se réduit : avec 4 000 F dépensés en moyenne pour une semaine, il est légèrement inférieur à celui de l'an dernier.

Les séjours en France

Là non plus, les professionnels ne sont guère enclins à l'optimisme.

Certes, l'hiver a été plutôt bon, résultat conjugué de la démocratisation des sports de neige et d'une fréquentation étrangère en nette augmentation ; 46 % des stations jugent la saison 1983-84 meilleure que la précédente, contre 14 % qui l'estiment inférieure.

Mais, est-ce la faute du mauvais temps ?, l'été n'a pas suivi. Il a démarré plus tard qu'en 1983, il s'est développé fort timidement et s'est terminé relativement tôt. Une saison un peu courte, qui a duré 6 à 7 semaines, entre mi-juillet et fin août. Les responsables sont déçus : ils s'attendaient à une progression générale par rapport à l'année précédente, mais cette progression n'a été enregistrée que dans 2 stations sur 10. Non seulement les vacanciers sont venus moins nombreux, mais ils sont aussi restés moins longtemps. Cet écourtement des séjours a heureusement été partiellement compensé par la hausse de la fréquentation étrangère : Américains en tête, mais aussi japonais, Canadiens, Anglais et Italiens ont été particulièrement séduits par les plaisirs de l'Hexagone. Globalement, les étrangers ont représenté le tiers de l'ensemble des touristes, leur principale qualité étant d'avoir su garder des budgets stables.

Budgets serrés

À l'opposé, les vacanciers français ont manifesté une certaine tendance à se serrer la ceinture. L'ensemble des professionnels du tourisme a souffert de cette austérité : pendant l'été 1984, les Français ont été moins souvent au café, ils ont restreint leurs achats de souvenirs, et surtout ils ont réduit leur budget alimentation. Pizzerias, crêperies et fast foods les ont le plus souvent accueillis, au détriment de la restauration classique. Seuls, les restaurants hauts de gamme arrivent à conserver leur clientèle.