Pour les actions, l'automne est par contre favorable. Les résultats semestriels sont souvent bons avec toutefois quelques notables exceptions. Mais l'argent reste abondant et la concurrence des autres formes de placement fait toujours défaut. Les sociétés ont d'ailleurs payé des dividendes parfois substantiels, car la limitation reste d'actualité mais n'est plus contraignante. Elle a fait place à une simple recommandation.

Vers l'étranger

L'effort fait par les pouvoirs publics en faveur des entreprises a permis une restauration de leurs marges et de leur autofinancement. Cet effort a été relayé au niveau des entreprises par une quête de la productivité. Les restructurations profondes, les accords interentreprises semblent avoir été, en revanche, nettement moins nombreux que par le passé. Pour la Bourse, il n'y a que peu de surprises de ce côté-là. Si Sellier-Leblanc se fait racheter Perrier, qui convoite Volvic, si le même Perrier voit entrer en son sein Potin qui se débarrasse dans le même temps de Primistères, si Elf Aquitaine restructure ses biotechnologies autour de Sanofi et Rousselot, si Rémy Martin entre chez Nicolas et si, dans l'assurance, Victoire intègre Via, les autres accords semblent surtout dictés par l'actualité, voire l'urgence, comme la reprise de Wonder par Bernard Tapie ou de certains actifs d'Amrep par Bouygues. Ce qui n'empêche pas le même Bouygues d'accentuer sa diversification en rachetant la SAUR et ETDE, l'eau et l'électricité. Mais c'est surtout vers l'étranger que 1984 a vu s'ouvrir les sociétés françaises, qu'il s'agisse des positions prises par le Casino dans la distribution américaine, de l'accord Vallourec-Sumitomo, de la reprise de l'appareillage électrique de Magrini Galileo par Merlin-Gerin ou des démêlés de Lesieur en Espagne, de Koipe à Carbonell. Sans parler de la venue des Français sur les Bourses étrangères à commencer par la filiale américaine du Club Méditerranée à New York.

Parfois aussi 1984 n'aura pas permis de dénouer les blocages antérieurs et ce n'est pas à mettre au crédit du système que d'avoir suspendu voici des mois les cotations de Schneider et Creusot-Loire, faute de savoir où on en était sur cette dernière affaire.

L'arbre ne doit toutefois pas cacher la forêt. 1984 restera un bon cru. Pas exceptionnel certes, mais de ceux qui assoient lentement la réputation d'un vignoble. La Bourse de Paris aura bien joué son rôle tant vis-à-vis de l'État et des entreprises, en absorbant un important volume d'émissions, que vis-à-vis de l'épargne, en assurant une valorisation correcte des capitaux investis et leur liquidité. Et cela tout en préparant l'avenir par un accueil sans précédent de nouvelles valeurs. Bien au-delà des nécessaires adaptations techniques, comme la dématérialisation des valeurs mobilières, c'est assurément là son plus beau titre de gloire.

François Billioud

Distribution

Une profession remuante

Un secteur en pleine mutation, qui cherche sa voie à travers un foisonnement de nouvelles formules et tente déjà d'inventer « les magasins de l'an 2000 », tout en demeurant déchiré par la rivalité qui oppose grandes surfaces et petit commerce : telle apparaît la distribution française en 1984.

La grisaille

Côté chiffres, l'exercice 1983 ne s'est pourtant guère montré brillant. L'activité commerciale (gros et détail) a globalement régressé de 1 % en volume. Avec un chiffre d'affaires de 1 036 milliards de F, le commerce de détail ne progresse que de 7,3 % et n'arrive pas à battre l'inflation. Le commerce alimentaire tire à peu près son épingle du jeu (+ 0,2 % en volume), mais les ventes de marchandises générales accusent sérieusement le coup : l'érosion est surtout sensible pour l'équipement du logement (meubles, droguerie-quincaillerie, électroménager), tandis que l'équipement de la personne et les commerces liés aux loisirs et à la culture résistent mieux, et que la palme de la croissance revient à la pharmacie (+ 5,1 en volume).

Le nombre d'établissements reste à peu près stable, mais les effectifs s'accroissent de 10 600 emplois nouveaux, soit un rythme de progression qui se ralentit (+ 0,5 %).