La croissance des dépenses de consommation (3 % en 1984), qui devrait se poursuivre, ne saurait compenser la faiblesse des investissements, une faiblesse persistante, aggravée par le taux de l'argent fixé à plus de 13 %, pour soutenir le dollar.

De toutes les provinces, ce serait le Québec qui, par sa politique économique de rigueur, aurait le mieux traversé la crise la plus grave que le Canada ait connue depuis 40 ans.

La violence

Capitale sur le plan politique, 1984 aura été également placé sous le signe de la folie. Le 14 mai d'abord, un militaire en tenue de combat et armé d'une mitraillette fait irruption en plein Parlement québécois quelques minutes avant l'ouverture d'une séance. Il voulait « détruire le Parti québécois et tuer René Lévesque ». Avant de se rendre, il tuera trois personnes et en blessera une quinzaine d'autres présentes dans l'hémicycle.

Quatre mois plus tard, à la veille des élections fédérales, et à quelques jours de l'arrivée du pape, c'est à la gare de Montréal que surgit l'horreur. Une bombe explose dans un casier de la consigne, tuant là encore trois touristes français qui passaient par là. Encore l'acte d'un fou, un Américain antipapiste à l'esprit perturbé. Un pauvre homme de 65 ans, à la dérive depuis bien des années.

Quand Jean-Paul II arrive, le forfait est oublié. Visite triomphale, comme partout ailleurs, à peine assombrie par la contestation des féministes catholiques favorables à l'extension du rôle des femmes dans l'Église.

J. L.

Jean Lesieur

Mexique

Confiance retrouvée

La réputation de « bon élève » du FMI acquise par le Mexique, le pays le plus endetté du monde après le Brésil, porte ses fruits. Le gouvernement de Mexico obtient en effet le 7 septembre, à New York, un accord de principe sans précédent sur le rééchelonnement de sa dette publique extérieure (66 milliards de dollars). En contrepartie, il doit poursuivre une politique d'austérité au coût social élevé et rapprocher sa politique étrangère de celle des États-Unis, son principal pays créditeur.

Accord avec les Treize

Le Mexique ne renonce pas à la solidarité avec les autres pays en voie de développement. Il l'a prouvé en aidant l'Argentine à payer les arriérés de sa dette (avril), puis en s'associant aux sommets des pays latino-américains endettés à Cartagena, en Colombie (juin), et à Mar del Plata, en Argentine (septembre). Mais, écartant l'idée d'un moratoire sur la dette ou d'un « cartel » des pays débiteurs, le président Miguel de la Madrid déclare le 1er septembre, dans son second rapport sur l'état de la nation : « Une attitude irresponsable causerait de graves préjudices au pays, car elle altérerait ses relations économiques avec l'extérieur. »

Six jours plus tard, l'accord de New York avec les 13 principales banques créancières (dont la Société générale, française) permet l'étalement sur 14 ans, à partir du 1er janvier 1985, du remboursement en capital de 48,5 milliards de dollars, à un taux préférentiel. Ainsi, en 1985, le Mexique ne remboursera que 250 millions de dollars, au lieu des 10 milliards prévus.

Le président de La Madrid reconnaît cependant « la détérioration des conditions d'existence » dans son pays, tout en se félicitant que la paix sociale ait pu être préservée. De fait, la seule manifestation de mécontentement notable en 1984 a été la « longue marche » de 40 000 paysans en faveur de la réforme agraire et contre la « répression », du 26 mars au 10 avril.

Le chef de l'État peut, en outre, souligner divers indices économiques positifs : amélioration des comptes extérieurs (les réserves mexicaines s'élevant désormais à 7,3 milliards de dollars), réduction du déficit budgétaire, légère croissance du PNB, augmentation de la production agricole, baisse de l'inflation (de 80 % en 1983 à 48 % en 1984, selon les prévisions officielles), maintien de l'emploi, enfin.

Infléchissement diplomatique

La crise n'est pourtant pas terminée, reconnaît le président de La Madrid. Sa prolongation explique sans doute en grande partie la nécessité, pour le Mexique, de maintenir de bonnes relations avec les États-Unis, dont les banques sont créditrices de 80 % de la dette extérieure.