Le Hadès, installé en double rampe de tir sur un véhicule banalisé à roues (et non à chenilles, comme le Pluton), peut tirer des charges nucléaires jusqu'à 400 km de portée et des charges neutroniques (la fameuse bombe à neutrons) à 60 km de distance. Encore faut-il que le chef de l'État approuve ce projet en dépit de l'opposition du parti communiste.

Du côté des armes nucléaires, le gouvernement choisit de leur consacrer le tiers des investissements alloués à la défense entre 1984 et 1988. C'est ainsi que la marine nationale, après avoir mis en service en 1985 un sixième sous-marin nucléaire lance-missiles, baptisé l'Inflexible, sera autorisée à construire en 1988 un nouveau modèle de sous-marin stratégique qui devrait être opérationnel en 1994. Progressivement, quatre des cinq sous-marins existants, à l'exception du Redoutable, pourront, après aménagements, tirer, comme l'Inflexible, le nouveau missile M. 4 qui porte six têtes thermonucléaires à 4 000 km.

Débat politique

Chargée de mettre en œuvre les missiles sol-sol balistiques du plateau d'Albion, en haute Provence, et les bombardiers nucléaires Mirage IV, l'armée de l'air commencera de recevoir l'avion de combat Mirage 2000, dont certains exemplaires seront armés du missile ASMP (air-sol moyenne portée), à tête thermonucléaire. Elle devra entreprendre l'acquisition d'avions radars pour la détection aérienne à basse altitude.

Enfin, la marine nationale devra commander un porte-avions de 36 000 t à propulsion nucléaire, pour remplacer le Clemenceau après 1992-1993 ; trois nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque, semblables à celui qui, pour le compte du Royaume-Uni, a torpillé le croiseur argentin Belgrano aux Malouines, et seize exemplaires de l'avion de patrouille maritime Atlantique Nouvelle Génération (ANG) pour la sécurité des approches maritimes et la lutte anti-sous-marine en haute mer.

Dans une déclaration commune, le RPR et l'UDF, qui n'ont pas approuvé le texte de loi, ont estimé que « le gouvernement organise l'inadaptation de l'appareil militaire aux nécessités vitales de notre défense ». Mais, en séance publique, les observateurs ont pu noter que les parlementaires de l'opposition critiquaient davantage le montant des crédits que les orientations de la défense.

Les représentants du PCF, quant à eux, se sont abstenus lors du vote du préambule de ce texte gouvernemental, pour marquer leur désaccord avec la description de la situation internationale qui fait état d'un déséquilibre des rapports de force entre l'Est et l'Ouest avec le développement des SS-20.

Service militaire

C'est à ce même combat à fleurets mouchetés, entre majorité et opposition — et au sein même de la majorité —, qu'on a pu assister, à l'Assemblée nationale, le 16 mai 1983, lors de la discussion sur une réforme du service militaire.

Le gouvernement veut instituer un service national plus long, grâce au volontariat des appelés qui accepteront de passer jusqu'à vingt-quatre mois sous les drapeaux (au lieu de douze, actuellement), et libéraliser quelque peu le statut de l'objection de conscience.

Le RPR, qui est favorable à la perspective d'un service plus long pour certaines spécialités militaires, n'a pas apprécié les dispositions concernant les objecteurs. En revanche, le PCF, auquel un service à six mois sans autres conditions déplaît, a estimé qu'un service au-delà de vingt-quatre mois était l'antichambre d'une armée de métier et que le statut nouveau de l'objection risquait d'être généreusement accordé.

Le RPR a rejeté le texte, tandis que l'UDF s'abstenait. Communistes et socialistes l'ont approuvé, tout en reconnaissant qu'il ne les satisfaisait pas pleinement.

Justifiant la possibilité pour les jeunes d'allonger — jusqu'à un maximum de vingt-quatre mois — leur temps de service national, Ch. Hernu a expliqué qu'il ne s'agissait pas de créer « un parking pour jeunes chômeurs », mais de « permettre que soient mieux assurées les fonctions qui, dans les armées, demandent le plus de stabilité et s'accommodent mal d'une rotation accélérée des titulaires ».