Déçu et inquiet, le gouvernement américain déplore, le 4 mars, que les Israéliens demeurent « intransigeants à 100 % ». R. Reagan annonce, le 31, que la livraison à Jérusalem de 75 chasseurs-bombardiers F16 ne pourra avoir lieu tant que l'armée israélienne n'aura pas évacué le Liban. Du côté arabe, R. Reagan éprouve également plusieurs déconvenues. Sans les rejeter formellement, le Conseil national palestinien considère, le 22 février, comme « insuffisantes » les propositions de paix formulées le 1er septembre 1982 par le chef de la Maison-Blanche (plan Reagan) et qu'Israël avait d'emblée repoussées. Le roi Hussein de Jordanie estime, le 1er avril, qu'il serait « suicidaire » de se joindre aux négociations sur le Proche-Orient sans qu'Israël se montre prêt à se retirer des territoires occupés. L'échec, le 11 avril, des conversations jordano-palestiniennes semble donner le coup de grâce au plan Reagan, en dépit des affirmations contraires des dirigeants américains. I. Shamir estime, pour sa part, qu'il est « définitivement mort ».

Les patients efforts du secrétaire d'État G. Shultz, qui entame le 25 avril un long voyage au Proche-Orient, marqué par d'incessantes navettes entre Jérusalem et Beyrouth, sont cependant couronnés de succès. Un accord est signé le 17 mai entre le Liban et Israël, mais le refus de Damas d'en reconnaître la validité limite la portée du compromis ambigu auquel sont parvenus les deux pays.

Échec avec la Syrie

Le 4 juillet, G. Shultz entreprend une nouvelle tournée de trois jours au Proche-Orient. « Une percée dans l'affaire libanaise, dit-il, serait une bénédiction, mais je n'y crois pas tellement. » De fait, après ses entretiens à Damas avec le président Assad, il reconnaît qu'il n'existe « aucune perspective de déblocage immédiat », la Syrie estimant l'accord israélo-libanais « encore plus préjudiciable et dangereux que les accords de Camp David ». À Jérusalem, G. Shultz n'obtient des Israéliens qu'une concession minime : un délai pour le redéploiement de leurs forces dans le Sud-Liban. Peu après, M. Begin annule le voyage qu'il devait faire à Washington du 25 au 29 juillet.

Pourtant, la visite d'I. Shamir et de Moshe Arens, ministre de la Défense de l'État juif, permet de rapprocher les points de vue des deux gouvernements. R. Reagan qualifie, le 29 juillet, de « bienvenu » le redéploiement israélien au Liban qui, selon lui, « donne aux États-Unis un moyen de pression sur la Syrie ». Mais Jérusalem refuse toujours d'établir un calendrier pour le retrait complet de ses troupes.

Revenant, le 27 août, sur son initiative de paix, le président américain affirme que celle-ci demeure « le seul fondement réaliste pour une solution au problème proche-oriental » et dénonce les nouvelles implantations juives en territoires occupés comme « un obstacle » à un règlement négocié.

L'engagement américain à Beyrouth

À la suite de la mort de deux marines de la force multinationale, la Maison-Blanche fait savoir, le 29 août, que les GI poursuivront au Liban la mission de paix qui leur a été confiée. Une flottille de l'US Navy, avec 2 000 hommes à bord, est envoyée au large de Beyrouth, et R. Reagan est autorisé, le 29 septembre, par le Congrès à maintenir les marines au Liban pour une période de 18 mois. L'attentat qui, le 22 octobre, coûte la vie à plus de 200 d'entre eux provoque une profonde émotion aux États-Unis et relance la polémique sur le rôle du contingent américain. De nombreux parlementaires dénoncent le caractère mal défini de la tâche que celui-ci doit remplir, ainsi que sa vulnérabilité dans un Liban déchiré. Mais le gouvernement réaffirme sa détermination de ne pas laisser la Syrie et l'URSS dominer la région.

Amérique centrale : la quatrième frontière des États-Unis

L'Amérique centrale est, tout au long de l'année, au centre des préoccupations des dirigeants de Washington. Le président Reagan expose, le 10 mars, devant le Congrès, les grandes lignes de sa politique dans ce domaine. Après avoir demandé aux parlementaires d'accroître sensiblement l'aide militaire au Honduras, au Costa Rica et, surtout, au Salvador, le chef de l'exécutif rappelle que les États-Unis comptent une quarantaine d'instructeurs dans les rangs des forces armées de ce dernier pays. « Allons-nous envoyer des soldats au combat ? La réponse est un non catégorique, affirme R. Reagan. Allons-nous américaniser la guerre avec beaucoup de conseillers américains au combat ? De nouveau, la réponse est non. Seuls les Salvadoriens peuvent combattre dans cette guerre. Nous pouvons les aider en leur donnant la formation et le matériel dont ils ont besoin pour accomplir la tâche eux-mêmes. »

La peur du Viêt-nam

« La mer des Caraïbes et l'Amérique centrale sont notre quatrième frontière », souligne le président, qui dénonce « les extrémistes puissamment soutenus par l'URSS et Cuba (...). Le Nicaragua est devenu leur base. Leur première cible est le Salvador (...) où les guérilleros ont l'initiative tactique. Les négociations, poursuit toutefois R. Reagan, sont un élément clé de notre politique ». Tous les pays de la région doivent négocier « pour renforcer la démocratie, arrêter la subversion, respecter les frontières et retirer tous les conseillers militaires étrangers ».