C'est avec la France que les malentendus demeurent les plus nombreux. Ainsi, la Maison-Blanche critique, le 17 août, les propos tenus par le président Mitterrand sur la politique américaine au Tchad et le manque de coopération de Washington. Et, dix jours plus tard, elle manifeste son inquiétude à l'annonce de la livraison prochaine par Paris de Super-Étendard équipés de missiles Exocet à l'Iraq.

Population
233 892 000 habitants

Le Bureau américain du recensement annonce le 15 juillet que la population des États-Unis est de 233 892 000 habitants à la date du 1er mai. Ce chiffre représente une augmentation de 2 197 000 habitants en un an et de 6 831 000 par rapport au recensement national de 1980. Par ailleurs, selon des statistiques rendues publiques le 9 mai, les Noirs représentaient 11,7 % de la population en 1980, et leur nombre s'accroît plus rapidement que celui de l'ensemble des habitants des États-Unis (17,3 % de 1970 à 1980 contre 11,4 % pour la population globale). Plus de la moitié des Noirs vivent dans les États du Sud. Les États qui en comptent le plus grand nombre sont le Mississippi (35,2 %), la Caroline du Sud (30 %), la Louisiane (29,4 %), la Géorgie (26,8 %) et l'Alabama (25,6 %).

Éducation
23 millions d'illettrés

Une nation en danger : tel est le titre du rapport publié le 26 avril par le ministère de l'Éducation sur la demande du président Reagan et selon lequel 23 millions d'Américains sont illettrés, dont 13 % de jeunes de moins de 17 ans. L'étude, réalisée par une commission d'experts, indique que les États-Unis ont « commis un acte de désarmement unilatéral en matière d'éducation ». Elle relève notamment que le temps consacré aux sciences dans les programmes des autres pays industrialisés est en moyenne trois fois supérieur à celui réservé aux mêmes disciplines aux États-Unis. La commission propose diverses recommandations destinées à améliorer les programmes scolaires, les critères de sélection des élèves, ainsi que le statut et l'efficacité des enseignants.

Minorités
Un noir, maire de Chicago

Harold Washington, 61 ans, membre démocrate du Congrès, l'emporte le 12 avril avec 51,5 % des suffrages face au républicain Bernard Epton, un juif de 62 ans, ancien parlementaire de l'Illinois (48,2 %). Pour la première fois, un Noir est élu maire de Chicago.

Le succès de H. Washington dans cette métropole de 3,4 millions d'habitants (dont 40 % de Noirs) est dû à la participation inhabituellement massive des électeurs de couleur : les quatre cinquièmes de ceux-ci se sont rendus dans les bureaux de vote ; 90 % d'entre eux ont donné leur voix à H. Washington, tandis que B. Epton ne recueillait pas plus de 81 % des suffrages blancs. Il est vrai que le parti de l'âne est majoritaire à Chicago depuis plusieurs dizaines d'années.

Cheveux grisonnants, fine moustache, H. Washington, 1,75 m, 96 kg, ancien champion local du 110 m haies et bon boxeur amateur, est diplômé de la Northwestern Law School. En 1954, il a succédé à son père, pasteur méthodiste et avocat, comme responsable d'une circonscription électorale (precinct captain) de Chicago. H. Washington a siégé à l'assemblée de l'Illinois de 1964 à 1980, date à laquelle il a été élu à la Chambre des représentants. Il a été réélu en 1982. Bon orateur, doté d'un sens aigu de l'humour, il a acquis dans la capitale fédérale une réputation de défenseur résolu des droits civiques.

À diverses reprises, H. Washington a connu des ennuis avec la justice. Il s'est vu retirer en 1970 sa licence d'avocat durant une période de cinq années, pour avoir facturé indûment ses services à des clients. Il a été condamné en 1972 à quarante jours de détention pour avoir négligé de remplir ses déclarations de revenus pendant quatre ans. Depuis son séjour en prison, il retourne régulièrement visiter les détenus.

L'élection de H. Washington à la tête de la deuxième ville des États-Unis a pour effet immédiat de relancer le mouvement en faveur de la candidature d'un politicien de couleur aux présidentielles de 1984. Dix cités américaines de plus de 200 000 habitants ont désormais un maire noir : Chicago, Los Angeles, Detroit, Washington, La Nouvelle-Orléans, Atlanta, Oakland, Newark, Birmingham et Richmond.

Présidentielles
Candidats démocrates

Un an avant l'élection présidentielle de novembre 1984, le nombre des personnalités qui ont déjà annoncé leur intention de faire campagne pour obtenir l'investiture du parti démocrate s'élève à huit. Au début de l'automne, deux hommes font figure de favoris : Walter Mondale, 55 ans, ancien vice-président (sous Jimmy Carter), et John Glenn, 61 ans, sénateur de l'Ohio, héros national depuis son vol dans l'espace en 1962. Les autres candidats sont : Reubin Askew, 54 ans, ancien gouverneur de Floride ; Alan Cranston, 68 ans, sénateur de Californie ; Gary Hart, 45 ans, sénateur du Colorado ; Ernest Hollings, 61 ans, sénateur de Caroline du Sud ; Jesse Jackson, 41 ans, un Noir, pasteur baptiste, responsable à Chicago de l'organisation Push ; ainsi que George McGovern, 61 ans, ancien sénateur du Dakota du Sud, qui avait été le porte-drapeau du parti démocrate en 1972 et avait été battu par Richard Nixon.

Francis Patteyn

La Grenade

Un mini-état dans le collimateur des superpuissances

L'occupation de l'île par les marines et par des détachements en provenance des archipels voisins, le 25 octobre, met un terme aux sanglants soubresauts de la révolution grenadine, amorcée, dès le 13 mars 1979, par le coup d'État procastriste de Maurice Bishop. L'autorité de celui-ci, devenu Premier ministre, était violemment contestée par son second, Bernard Coard, qui lui reprochait ses « tendances social-démocrates », son souhait de maintenir un secteur privé important et ses velléités de réconciliation avec Washington. C'est pourquoi, sous l'impulsion de Bernard Coard, le général Hudson Austin, chef de l'armée, s'empare le 14 octobre du pouvoir et fait exécuter, cinq jours plus tard, le populaire Premier ministre et plusieurs de ses fidèles.