Les volumes, super, hyper, surtaillés. Grands manteaux avec de vastes cols, des effets de cape ; carrure élargie, arrondie, buste étoffé par le montage très bas des manches et l'importance de la manche elle-même qui donne au vêtement, féminin ou masculin, une opulence nouvelle, taillée dans la laine ou dans le cuir.

Les couleurs, couleur de pierre et de métal : gris grisants, perle, anthracite, acier ; des tons sourds couleur de terre ; les ardeurs du rouge ; les stridences du bleu et du jaune.

Variations sur l'ourlet, au genou, sous le mollet, ou au-dessus de la cheville. Il y a partout des dissidences : la minijupe en peau, de style gigolette — celle que porte Fanny Ardant dans Vivement dimanche et les mannequins d'Azzedine Alaîa dans les vitrines et dans les catalogues —, n'exclut pas les plissés longs, la jupe plate à double ourlet, la fluidité du biais travaillé en fourreau.

Les divertissements, c'est la coiffure punk en postiche, crête blonde balayée de rose pour casquer une jeune tête ; les chapeaux : feutre masculin ou chapeau melon sous une voilette, béret en ciré, casquette en tambourin de velours portant une aigrette. Divertissement : les bijoux-outils (marteau, clé universelle) en broche ou en pendentif, ornés de diamants et de perles, inventés par Karl Lagersfeld, le maître de Chanel depuis deux saisons. Divertissement : les broderies de style Régence qui inscrivent leurs volutes nacrées ou dorées sur la soie. Divertissement : les souliers drapés comme les chaussures de cour, ornés sur le dessus d'un large nœud plissé ; les escarpins de daim noir qui s'appuient sur des talons aiguilles pointillés de strass.

On rend cette année hommage plus que jamais aux brodeurs comme Lesage, aux tisseurs de laine et de soie qui signent les tissus haute couture : Abraham, Bucol, Carlotto, Agnona, Dormeuil, Taroni, Gandini...

L'élégance donc est à la mode. Jamais il n'en fut autant question. Dès le printemps, un magazine, supplément d'un journal du matin, s'affirmait avec hauteur pour l'élégance précisément et contre la « décadence vestimentaire », fustigeant la cacophonie des couleurs, la négligence de l'allure et des formes, le laisser-aller, la « mode poubelle ».

Il est vrai que la mode vécue s'oppose plus que jamais à la mode des salons et des couturiers, la mode sérénissime faite de recherches savantes qui s'expriment hors des contingences économiques, qui, pour déjouer la concurrence, s'entoure du secret et multiplie le savoir-faire, les techniques d'atelier, le luxe en toute chose.

La mode de la rue, la mode dans la rue a les vivacités, les succès et les risques de l'improvisation, mais elle apporte l'invention et l'audace ; elle démontre l'usage populaire du vêtement et contribue à son tour, par la sève qui la nourrit, drue et drôle, à l'évolution des styles et des habitudes.

Arlette Royer

Voitures

D'abord, la nouveauté

À leur tour, les constructeurs français découvrent le changement rapide de comportement du consommateur européen, qui tente à se rapprocher désormais de l'Américain ou du Japonais. Jadis fidèle, constant, attaché aux valeurs réelles de sa voiture ainsi qu'à sa marque, l'Européen devient volage, moutonnier, exigeant et infidèle, pressé, en tout cas beaucoup plus sensible qu'avant à l'image de la marque et du modèle et attiré par la seule nouveauté.

Pour satisfaire cette nouvelle demande, les constructeurs européens vont donc raccourcir le cycle de vie de leurs modèles et les multiplier : un choix extrêmement coûteux auquel les Français sont particulièrement mal préparés. Mais ils ont senti le vent du boulet et semblent décidés à se battre.

Mercedes 190

Berline : 5 places, 4 portes, 1 997 cm3, propulsion, 9 CV, 90 CV (DIN) à 5 000 tr/min, freins à disques AV et AR, vitesse : 175 km/h. Prix : 103 600 F.

Alfa 33

Berline : 5 places, 5 portes, 1 351 cm3 traction AV, 6 CV, 79 ch (DIN) à 6 000 tr/min, freins à disques AV, à tambour AR, vitesse : 165 km/h. Prix : 58 537 F.

Austin Maestro

Berline : 5 places, 5 portes, 1 275 cm3, traction AV, 6 CV, 69 ch (DIN) à 5 800 tr/min, freins à disques AV, tambour AR, vitesse : 156 km/h. Prix : 50 950 F.

Peugeot 205 GR

Berline : 5 places, 5 portes, 1 360 cm3, traction AV, 5 CV, 60 ch (DIN) à 5 000 tr/min, freins à disques AV, à tambour AR, vitesse : 155 km/h. Prix : 34 950 F.

Mazda 626 GLX

Berline : 5 places, 4 portes, 1 587 cm3, traction AV, 7 CV, 80 ch (DIN) à 5 500 tr/min, freins à disques AV, à tambour AR, vitesse : 165 km/h. Prix : 63 500 F.

Renault 11 TXE

Berline : 5 places, 3 portes, 1 721 cm3, traction AV, 7 CV, 82 ch (DIN) à 5 000 tr/min, freins à disques AV, à tambour AR, vitesse : 170 km/h. Prix : 62 700F.

Fiat Uno 55

Berline : 5 places, 3 portes, 1 166 cm3, traction AV, 5 CV, 55 ch (DIN) à 5 600 tr/min, freins à disques AV, tambour AR, vitesse : 150 km/h. Prix : 38 700 F.

Airy Routier

Loisirs

Se réaliser

Les loisirs, c'est sacré

L'échelle des valeurs a bien changé depuis le temps où le travail représentait l'unique lieu où se « réaliser ». Aujourd'hui, le repos n'est plus considéré comme une faveur, mais comme un droit acquis. Malgré le chômage, on choisit un métier autant par intérêt professionnel que pour les possibilités de temps libre qu'il peut procurer. Réduction de la durée hebdomadaire de travail, 5e semaine de congés payés, comment les Français utilisent-ils en 1983 ce temps disponible qui leur est devenu si précieux ?

Loisirs permanents

Ils sont beaucoup moins tentés par les vastes espaces ou par les grands départs. On préfère grignoter ses loisirs que les avaler d'un coup. Lorsqu'on leur pose la question, les salariés préfèrent massivement travailler 1/4 d'heure de moins par jour plutôt que de bénéficier d'une journée libre de temps en temps. Ce « saupoudrage » des plaisirs traduit une évolution en profondeur.