Pour la natalité, l'année 1983 marque bel et bien un recul important ; 750 000 naissances (contre environ 800 000 en 1980, 1981 et 1982), soit un des niveaux les plus bas jamais observes depuis la guerre : seule l'année 1976, avec 720 000 naissances, avait été encore plus médiocre. Et, surtout, ce chiffre correspond à une moyenne de 1,8 enfant par femme, inférieure à l'ancien minimum — 1,83 — observé en 1976 et 1978. À ce niveau, le taux brut de reproduction se situe à 86 %, 14 % en dessous de celui qui correspondrait au remplacement des générations, soit 860 000 naissances. Et le taux net de reproduction, qui tient compte de la mortalité aux âges jeunes et adultes, jusqu'à la fin de l'âge de fécondité, tombe à 84 %. Il s'approche ainsi du minimum de l'an... 1941, et aussi des niveaux déjà observés dans les autres pays de l'Europe occidentale. Dans l'Hexagone, en effet, la baisse de la natalité a en effet été jusqu'ici relativement limitée, au point que la France est devenue depuis 1977 le pays d'Europe occidentale au plus grand nombre de naissances. Mais elle pourrait rétrograder si la baisse de 1983 continuait au même rythme en 1984, encore que des phénomènes comparables soient constatés chez nos voisins. Le gouvernement a affirmé plusieurs fois par la voix du président de la République l'importance qu'il attache à des générations nombreuses, va s'efforcer de limiter ce risque, en créant une allocation au jeune enfant, versée de la grossesse jusqu'à trois ans, et en facilitant, pour les femmes salariées, la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale. Un programme prioritaire du IXe plan a été consacré à cet objet.

Pour l'immigration, au contraire, l'année 1983 ne s'est nullement distinguée : l'immigration est restée quasiment nulle, comme les années précédentes. Il est vrai qu'une certaine immigration clandestine subsiste et qu'elle a été encouragée involontairement par l'effort pour régulariser, en 1981 et 1982, la situation des immigrés clandestins entrés antérieurement. Le recensement de 1982 a évalué à 260 000 le solde migratoire total enregistré entre 1975 et 1982. C'est un peu plus que ce qu'on imaginait, mais ce n'est pas considérable. En tout cas, il semble que le nombre d'étrangers résidant en France soit resté sensiblement stable depuis 1977, mais, à l'intérieur de ce total, le nombre des Africains (sauf les Algériens) a quelque peu augmenté, ce qui a pu contribuer au sentiment d'invasion perçu dans les milieux les plus sensibles à la crise.

Éducation

Primaire et secondaire
Des changements sans bouleversement

Une année scolaire est bien souvent jugée sur la façon dont se passe la rentrée. Un ministre de l'Éducation nationale est, lui aussi, critiqué ou félicité au vu des premiers jours de l'année scolaire. Parents, enseignants, élèves et membres du gouvernement portent toute leur attention sur les quelques jours de septembre qui, à leur avis, déterminent les mois qui suivent, et parfois la réussite ou non aux examens.

La rentrée de 1982 avait été marquée par des incidents, surtout dans les académies du nord de la France, où des enseignants titulaires n'étaient pas toujours présents à leur poste à l'heure des premiers cours. Des retards dans les nominations, effectuées à l'échelon national, et des difficultés dans la gestion des mutations étaient à l'origine de ces perturbations. Pour éviter que de tels incidents ne se renouvellent à la rentrée de 1983, le ministère met à profit toute l'année scolaire précédente pour prendre des dispositions et préciser un certain nombre de règles.

Mesures pratiques

Le mouvement des personnels titulaires s'achève le 15 juin. Les demandes de mutation des personnes, notamment du Nord vers le Sud, reçoivent peu de réponses favorables. Le nombre de mutations accordées, pour la catégorie des professeurs agrégés et certifiés, diminue de moitié par rapport à 1982 alors que la demande est sensiblement égale. L'appel au civisme des enseignants n'a pas été oublié. Au début de l'année, le ministre explique que tous les maîtres doivent être présents à leur poste le jour de la prérentrée, fixée exceptionnellement le mardi 6 septembre, soit deux jours avant que les élèves ne franchissent les portes des établissements. Les maîtres absents, lors de cette première journée, s'exposent à une procédure disciplinaire pour abandon de poste. Les maîtres auxiliaires sont contraints d'accepter rapidement les avis de nomination qui leur sont proposés.