Pour la première fois en France, une femme préside aux destinées d'une Église. Le pasteur Thérèse Klippfel, 63 ans, est élue présidente de l'Église réformée d'Alsace et de Lorraine.

Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais la présence de femmes dans les instances exécutives, rappelle, en régime protestant du moins, que l'Église est bien l'affaire de tous les hommes et de toutes les femmes.

Claudette Marquet

Œcuménisme

Le bilan

Les représentants de plus de 300 Églises membres du Conseil oecuménique des Églises, réparties dans plus de 100 pays et rassemblant plus de 400 millions de fidèles, protestants, anglicans et orthodoxes, se retrouvent pendant trois semaines, du 24 juillet au 10 août, à Vancouver (Canada) autour du thème général : Jésus-Christ, vie du monde. Plus d'une trentaine de catholiques, dont 20 observateurs officiels, participent à l'ensemble des travaux, ce qui donne à l'Assemblée sa dimension réellement œcuménique.

Après 35 ans d'existence, le Conseil œcuménique des Églises (COE) tient sa sixième assemblée générale pour faire le bilan du chemin parcouru depuis la dernière réunion (Nairobi, Kenya, en décembre 1975) et tracer les grandes lignes de l'action à venir. L'ensemble des travaux s'organise autour de trois axes principaux : avancer sur le chemin de l'unité des Églises ; développer toujours davantage la mission et l'évangélisation ; participer aux luttes en faveur de la paix et de la justice dans le monde.

Venus de tous horizons politiques, culturels et raciaux, les délégués (hommes, femmes, jeunes, clercs et laïcs) réaffirment que la recherche de l'unité des Églises demeure toujours urgente, en dépit des obstacles d'ordre théologique et culturel. À cet égard, le texte Baptême, eucharistie, ministère, qui essaie d'établir un consensus doctrinal entre les diverses traditions ecclésiales sur ces trois thèmes majeurs de la foi chrétienne, et qui est, pour l'instant, soumis à l'étude des différentes Églises membres et de l'Église catholique également, manifeste une volonté réelle de rapprochement.

Quant à la mission et à l'évangélisation, elles apparaissent toujours comme la responsabilité première des chrétiens. Certes, dans les vieilles Églises d'Occident, il semble que l'enthousiasme fasse parfois défaut ; mais il n'en va pas de même dans les Églises des autres continents, en Afrique notamment ; d'ailleurs, depuis quelques années, les formes et les moyens de l'évangélisation ont certes changé et l'image classique du missionnaire blanc venu apporter sa vérité chrétienne mâtinée de culture occidentale s'estompe.

Les délégués recommandent aux Églises membres de poursuivre leurs efforts en faveur de la paix fondée sur la justice. Les causes de conflits, latents ou ouverts, sont nombreuses : les nationalismes égoïstes, le militarisme croissant, la course aux armements, comme le désordre économique jouent un rôle déterminant. Mais on retiendra peut-être de Vancouver cette affirmation : « La production et le déploiement d'armes nucléaires, au même titre que leur utilisation, constituent un crime envers l'humanité. »

Claudette Marquet

Orthodoxes

Le tribut de la politique

Primat de l'Église orthodoxe au sein du monde arabe, le patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, Ignace IV, se rend, en mai-juin, en Europe occidentale, pour une tournée pastorale auprès des nombreuses communautés syriennes et libanaises relevant de sa juridiction. Lors de l'escale à Rome, et pour la première fois depuis des siècles, le patriarche d'Orient et le patriarche d'Occident se rencontrent. À Genève, Ignace IV a des entretiens avec les responsables du Conseil œcuménique des Églises, dont il a été élu coprésident lors de l'Assemblée générale de Vancouver du mois d'août.

Environ un million et demi de fidèles relèvent de la juridiction d'Antioche et se répartissent entre Syrie et Liban, ainsi que dans d'importantes communautés de diaspora, en Europe et en Amérique du Nord et du Sud, où leur nombre s'est considérablement accru ces dernières années avec l'aggravation du conflit israélo-syro-palestinien. Cette Église orthodoxe arabe est peu connue en Occident, peut-être parce que, contrairement aux maronites, elle ne s'est pas engagée, en tant qu'Église, dans les combats qui déchirent la terre du Moyen-Orient depuis la création de l'État hébreu. Cela n'a pas évité aux communautés orthodoxes du Liban de payer un lourd tribut à la guerre, laminées comme elles le sont par des factions rivales qui y trouvent des cibles faciles à bombarder, dans la quasi-indifférence de l'opinion internationale. Mais l'autorité morale d'Ignace IV lui laisse un rôle de conciliation, de pacification, à jouer, au sein des conflits.