En attendant, Canal Plus est né : les émissions, qui commenceront à Noël 1984 sur le réseau 819 lignes de la télévision, devraient permettre de sauvegarder les intérêts de l'industrie cinématographique, tout en répondant aux attentes des usagers payants. Quant à TV 5, programme connu des télévisions francophones, ses émissions, retransmises par satellite, ont déjà débuté ; elles ne sont accessibles qu'aux usagers munis d'un poste de réception, mais elles débordent largement les frontières nationales et touchent l'ensemble de l'espace européen. Enfin, la Régie française des espaces (RFE) a commencé à louer des tranches de programme, de cinq minutes à une heure, ce qui permet de diffuser des émissions et des magazines, codés ou non suivant le public auquel on s'adresse.

Eric Rohde, le Monde.

Impôts

Ils sont trop lourds. De l'aveu même du président de la République, précisant, le 15 septembre 1983, à l'émission l'Enjeu, sur TF1, qu'il fallait « l'an prochain baisser d'au moins un point le montant des prélèvements obligatoires en France ». Ceux-ci atteignent, il est vrai, 44,7 % du PNB en 1983 contre 42,8 % en 1981 et ils dépasseraient peut-être 45 % en 1984. « C'est trop. Je veux qu'on amorce la décrue, que l'on renverse le courant », ajoutait François Mitterrand.

Rapporteur du budget de l'Assemblée nationale, Christian Perret (PS) estime lui aussi qu'un montant supérieur à 45 % serait nuisible à l'initiative ou à la vocation créatrice de l'économie. Comment faire pour alléger ces prélèvements obligatoires ne serait-ce que d'un demi-point, ce qui représenterait 40 milliards de F ? On ne le sait pas encore, mais plusieurs pistes sont possibles. D'abord compter sur les effets financiers d'une éventuelle réduction de l'inflation : une baisse de 2 points du taux de l'inflation permet de réaliser 16 milliards d'économie. Ensuite remplacer certaines subventions aux entreprises et même certaines prestations sociales par des crédits d'impôts. En tout cas, si l'on prend en compte les résultats d'une récente étude de l'INSEE sur l'impôt sur le revenu, il n'est plus possible de faire « payer les riches » davantage. En effet, si l'impôt sur le revenu est globalement très léger par rapport à ce qu'il est à l'étranger, il est aussi beaucoup plus concentré sur un petit nombre de contribuables et il est plus progressif. Si donc cet impôt devait être alourdi, ce serait au détriment des petits et moyens revenus. L'impôt sur le revenu semble bien avoir atteint la limite de l'acceptable pour les cadres.

Alain Vernholes, le Monde.

Industrie

C'est l'heure de vérité. Talbot n'est qu'un prélude. Bientôt viendront les chantiers navals, la sidérurgie, le charbon. Secteur après secteur, activité après activité, la modernisation de l'appareil industriel, la nécessité de passer d'un âge industriel à un autre posent la question essentielle de l'emploi. Et tout le monde sait que le consensus social ne survivrait pas longtemps à une augmentation, si peu sensible que ce soit, des deux millions de chômeurs que la France compte.

La marge de manœuvre est donc étroite pour éviter les licenciements et les suppressions d'emploi (sans pour autant retarder le retrait des vieilles industries de main-d'œuvre) et développer les activités porteuses d'avenir. À cet égard, le dénouement de l'affaire Talbot avec l'acceptation, à contrecœur, de l'expulsion des ouvriers est certainement significative du choix stratégique fait par les pouvoirs publics : le gouvernement, semble-t-il, a décidé l'adaptation aux nécessités économiques dans le respect des hommes, quitte à accepter la demande d'aide au retour, sans oublier le « vaste effort de formation des hommes pour permettre aux travailleurs d'épouser les techniques de demain qui sont nécessaires pour la modernisation de l'industrie ». À ce prix, la France a des chances d'éviter d'être distancée ; elle pourrait voir repartir l'investissement, qui a déjà repris, vigoureusement, aux États-Unis et dans toute l'Europe du Nord.

Information

À plus de 50 %, le marché européen de l'information spécialisée destinée aux professionnels est constitué de produits et de services d'origine non européenne. Cette pénétration des services informatiques « semble devoir se poursuivre et creuser l'écart entre la CEE, d'une part, et les États-Unis et peut-être plus tard le Japon d'autre part », souligne un rapport de la Commission européenne.