La lutte pour le pouvoir prend une forme plus violente avec l'assassinat, le 1er mai, de l'un des principaux collaborateurs religieux de l'imam, l'ayatollah Motahari. Il était un des membres du conseil islamique de la révolution, l'organe suprême de la direction du régime, dont la composition n'a jamais été officiellement révélée pour des raisons de sécurité. L'assassinat est revendiqué par une organisation clandestine Forghan, responsable du meurtre, le 23 avril, de l'ancien chef d'état-major, le général Gharani. Le 25 mai, un deuxième religieux très proche de l'imam, le cheikh Rafsandjani, est grièvement blessé dans un attentat également revendiqué par Forghan qui, selon certains, dissimulerait des partisans de l'ancien régime. La droite cléricale, pour sa part, met en cause la gauche marxiste.

Au début de juin, le Front démocratique national, qui a remplacé le Front national de Sandjabi en tant que représentant des forces de l'opposition laïque au régime du chah, demande que les membres du clergé abandonnent le pouvoir au profit de structures non religieuses. L'ayatollah Taleghani s'associe à cette requête, en soutenant que « le véritable clergé ne devrait pas accepter de postes ni de responsabilités au gouvernement ».

Minorités ethniques

Sur le plan international, le nouveau régime s'affirme délibérément « anti-impérialiste ». L'imam Khomeiny ne manque jamais d'associer le nom de l'URSS à celui des États-Unis, lorsqu'il dénonce les superpuissances. Mais la plupart des mesures prises par le nouveau régime islamique depuis février sont dirigées contre les intérêts américains en Iran : dénonciation des accords conclus avec le consortium pétrolier, annulation des contrats d'armement et de centrales atomiques, suppression des bases militaires et d'espionnage, retrait de l'Iran du pacte du CENTO et rupture des relations diplomatiques avec l'Égypte coupable d'avoir signé le traité de paix avec Israël sous l'égide des États-Unis. Les relations entre Téhéran et Washington se détériorent gravement à la suite de la résolution du Sénat américain du 17 mai condamnant l'exécution des collaborateurs de l'ancien régime, ainsi que la condamnation à mort par contumace du chah et des membres de la famille impériale par un tribunal islamique. Le 20 mai, le ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yazdi accuse Washington de « nette ingérence dans les affaires intérieures de l'Iran » et demande que l'arrivée du nouvel ambassadeur soit différée jusqu'à ce que le climat politique entre les deux capitales soit « clarifié ». Le 4 juin, Téhéran revient sur son agrément à la nomination du nouvel ambassadeur des États-Unis.

À la même époque, les relations avec Bagdad se tendent. Des troubles répétés, faisant plusieurs centaines de morts, ont éclaté dans les provinces depuis la révolution de février. Après le Kurdistan, la Turkménie (mars-avril), la riche province pétrolière du Sud, le Khouzistan, habitée en majorité d'Arabes iraniens, est à son tour gagnée par l'agitation autonomiste. Les autorités de Téhéran accusent Bagdad d'être à l'origine des troubles dans cette province limitrophe de l'Iran, ignorant ainsi l'existence du problème des minorités ethniques légué par l'empire des Pahlavi. Kurdes, Turkmènes, Pachtouns, Arabes, Azerbaïdjanais, longtemps brimés, entendent désormais administrer leurs propres affaires et revendiquent l'autonomie dans le cadre de l'État iranien. Le gouvernement central, pour sa part, ne semble pas pour l'instant vouloir aller au-delà d'une simple décentralisation administrative. Le projet de Constitution, publié officieusement par la presse le 15 juin, prévoit bien la création de conseils régionaux élus dans les provinces, mais définit d'une façon fort restrictive les prérogatives de ces assemblées, qui n'auraient leur mot à dire que pour les réformes concernant la santé, l'enseignement, la culture et l'économie régionale.

Iraq

Bagdad. 11 910 000. 27. *3,4 %.
Économie. PIB (75) : 1 222. Production (75) : A 7 + I 65 + S 28. Énerg. (76) : 725. CE (75) : 61 %.
Transports. (75) : 704 M pass./km, 2 252 Mt/km. (75) : 98 600 + 61 800. 1 135 000 tjb. (76) : 774 M pass./km.
Information. (75) : 7 quotidiens. (75) : *1 252 000. (73) : *520 000. (74) : *54 000 fauteuils. (76) : 320 000.
Santé. (75) : 4 500. Mté inf. (75) : 33,1.
Éducation. (75). Prim. : 1 765 092. Sec. et techn. : *525 000. Sup. (74) : 78 784.
Armée.  : 212 000.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1932. République proclamée le 14 juillet 1958. Constitution provisoire du 16 juillet 1970, amendée le 13 juillet 1973. Président de la République et Premier ministre : Ahmed Hassan el-Bakr ; succède au général Aref après le coup d'État du 17 juillet 1968.

Réconciliation iraqo-syrienne et rapprochement avec Moscou

Les accords de Camp David et la situation en Iran incitent l'Iraq à assouplir ses positions au sujet de la crise du Proche-Orient, afin de mettre un terme à son isolement au sein du monde arabe. Les dirigeants de Bagdad redoutent en particulier que la lame de fond provoquée à Téhéran par l'islam chiite s'étende à l'Iraq, qui compte huit millions de chiites sur une population totale de treize millions d'habitants, et se rapprochent des pays arabes modérés du Golfe, notamment de l'Arabie Saoudite qui partage leurs craintes.