En Grande-Bretagne, galeries d'art et musées, universités et salles de concert, radio et télévision ont reflété pendant cinq mois (avril-août 1976) les multiples aspects de l'art islamique, dans le cadre du Festival du monde de l'islam. Selon les organisateurs, 750 000 personnes ont visité les seules galeries londoniennes.

Paradoxes

La volonté de redécouvrir l'islam n'est pas seulement l'expression d'une volonté de remise en question d'un préjugé anti-islamique, propagé dans un temps où les religions étaient en guerre. C'est aussi la perplexité que peut avoir un esprit occidental devant le visage de l'islam sans cesse changeant, complexe et ambigu. Plus que n'importe quelle religion, l'islam se trouve vécu (d'une manière ou d'une autre) comme phénomène religieux, à travers des phénomènes politiques, économiques et sociaux — et souvent difficilement dissocié de ces phénomènes.

Mais l'ambiguïté la plus grande de l'islam est, peut-être, dans son enracinement dans les peuples musulmans malgré leur diversité politique et sociale.

Traditionalistes

Depuis deux ou trois ans, on assiste, presque dans la plupart des pays arabes, à un retour en force des traditionalistes, qui prônent la plus stricte observance des règles de l'islam. Ils dénoncent la liberté des mœurs importée d'Occident, la qualifiant de décadente, et sont à l'origine de nouvelles mesures prises par certains pays arabes socialistes qui vont dans le sens d'une plus grande islamisation.

C'est ainsi que le régime algérien est lui-même obligé de composer. L'enseignement dit « originel » donné dans les médersas (écoles coraniques) a certes été supprimé et intégré à l'Éducation nationale, mais les progressistes ont dû payer cette victoire par de larges compensations : l'islam a été déclaré religion officielle, et le jour de repos hebdomadaire a été fixé au vendredi.

Les mesures prises pour accélérer l'arabisation de la signalisation routière et urbaine, des enseignes de magasins, de la presse régionale sont aussi de nature à satisfaire les traditionalistes. La nationalisation de l'enseignement, en Algérie, a aussi affecté les écoles privées chrétiennes.

Il y avait, en Algérie, avant ces nouvelles dispositions, 120 écoles diocésaines, qui comptaient 44 000 élèves et employaient 1 500 personnes : 700 Algériens, 200 Orientaux et 600 Français (65 prêtres, 205 religieuses environ, 200 laïcs civils et une centaine de coopérants).

Laïcité

La question la plus épineuse reste, cependant, la question de la relation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Autrement dit, c'est la question de la laïcité, et donc de l'intégration des minorités religieuses dans le monde arabe à très forte majorité musulmane.

La guerre civile qui a déchiré le Liban durant dix-huit mois a porté en elle comme un élément détonateur, aussi, le confessionnalisme institutionnalisé (qui est plus que la coexistence pacifique des religions au sein d'un même pays). La guerre dite « libanaise » constitue un cas exemplaire de la problématique qui s'est posée à l'islam depuis l'infiltration de l'Occident dans ses sociétés (surtout dès la fin du XIXe siècle) et le choc, ou le défi inévitable, de la « modernité », qui inclut le projet de sécularisation et la rationalité scientifique et technique, avec la « tradition ».

Le monde arabe serait-il, dans ce monde moderne matérialiste, le refuge de la religion ? Mais la religion dominante de ce monde arabe saura-t-elle trouver des voies nouvelles adéquates qui garantissent, à la fois, et la survie de l'essence du message religieux, à savoir la foi, et la réalisation des valeurs de démocratie, liberté et rationalité au service d'un développement harmonieux de l'individu et de la société ?

Israélites

Des, communautés juives fortement sollicitées par le « siècle » et prenant conscience de la nécessité de s'organiser pour se faire entendre, c'est la dimension, quelque peu nouvelle et peut-être historique, dans laquelle sont venus s'inscrire les événements marquants de l'année. Les deux pôles en ont été la politique et l'éducation.

Charte

Les 5 500 000 Juifs des USA constituent la plus importante communauté juive du monde. Leurs 700 000 coreligionnaires de France (chiffre d'une récente et surprenante enquête de la Sofres) occupent le 4e rang mondial pour l'importance numérique. Ces deux grandes communautés ont été confrontées à des campagnes électorales qui les ont fortement sollicitées.