Enfin, le journal ecclésiastique Crokoven Vestnik consacre, depuis le début de septembre 1976, une rubrique au dialogue avec l'Église catholique romaine. G. Mekerev, enseignant à l'académie Saint-Clément de Sofia, considère que le catholicisme s'est approché, ces dernières années, « à pas de géant » de l'ecclésiologie orthodoxe.

Chrême

Le dernier dimanche de septembre, la petite ville d'Etchmiadzine, capitale de la République socialiste soviétique d'Arménie, était en fête. Elle célèbre, ainsi qu'elle le fait tous les sept ans, la bénédiction du saint chrême que le patriarche suprême, le catholicos Vasken Ier, va donner en présence de tous les évêques de son Église et de nombreux représentants religieux d'URSS et de l'étranger. Plus de 40 000 personnes se sont déplacées pour participer à ces festivités. La cérémonie se déroule dans la cathédrale, qui, construite en 303, est la plus vieille du monde.

Institué, selon la tradition, par Grégoire l'Illuminé, le fondateur de l'Église arménienne qui a vécu ici au début du IVe siècle, le chrême constitue, pour les croyants arméniens dans le monde entier, un lien direct et ininterrompu avec les sources de leur foi et de leur Église. Béni, en outre, par le catholicos, il représente lors des baptêmes et de la consécration du clergé la bénédiction in abstentia du chef spirituel du catholicosat d'Etchmiadzine, la Rome arménienne.

Éthiopie

La consécration du nouveau patriarche de l'Église orthodoxe a eu lieu le dimanche 29 août 1976 à Addis-Abeba, malgré la sévère mise en garde faite par l'Église copte d'Égypte, sous la tutelle de laquelle elle avait été pendant mille six cents ans.

Il est donc possible que les cloches de la cathédrale de la Trinité, qui ont invité ce dimanche à toute volée à une cérémonie haute en couleur de plus de six heures, aient aussi sonné le glas pour la plus grande Église en Éthiopie, du moins pour ce qui est de ses relations avec les autres Églises dans la famille orthodoxe. On dénombre dans l'Église éthiopienne environ 12 millions de fidèles, 18 000 églises, 19 monastères et 200 000 membres du clergé.

Le nouveau patriarche de l'Église orthodoxe éthiopienne est un moine, de 58 ans, l'Aba Melaku Woldie-Michael, originaire de la province de Sidamo, au sud de l'Éthiopie. Il a obtenu au scrutin secret à la cathédrale de la Trinité, le 7 juillet, 317 voix sur les 809 votants qui représentaient les dirigeants d'Église et des laïcs. Son concurrent le plus proche a recueilli 286 voix. Cinq candidats avaient été proposés. L'Aba Melaku a reçu sa formation religieuse à Gojjan, puis fut envoyé en 1934 dans le district de Wolayita comme évangéliste d'un monastère local. On dit qu'il a baptisé plus de 300 000 personnes et recueilli des fonds pour la construction de 65 églises et de 24 écoles de la région.

La consécration, sous le nom d'Abuna Tikle Haimanot, du moine Melaku, comme troisième patriarche de l'Église d'Éthiopie, n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. L'affaire remonte au 18 février 1976 (Journal de l'année 1975-76), lorsque l'Abuna Theophilos a été déposé par le gouvernement éthiopien, puis arrêté et incarcéré. Diverses accusations circulaient à son encontre dans la presse éthiopienne (détournement de fonds, vente à des fins personnelles du patrimoine de l'Église, implication dans le meurtre de divers prêtres orthodoxes).

Son arrestation n'avait guère soulevé de protestations à l'époque dans le peuple. Mais, à l'étranger, la déposition du chef spirituel d'une Église par un gouvernement était considérée comme un fâcheux précédent pour les relations Église-État pour d'autres pays africains.

Et c'est justement là la raison pour laquelle l'Église copte d'Égypte se refuse à reconnaître, pour des raisons canoniques, l'Abuna Tikle Haimanot. Lors de la réunion de son synode, le 14 août 1976, au Caire, elle a reproché à l'Église d'Éthiopie d'avoir élu début juillet un nouveau patriarche alors que l'Abuna Theophilos n'avait jamais été cité devant un tribunal ecclésiastique, ni déclaré coupable et déchu de ses fonctions. Elle qualifie l'ingérence du gouvernement éthiopien dans cette affaire d'ordre ecclésiastique d'« illégale » et d'« inhumaine ».