Parmi les super-circuits intégrés, les microprocesseurs ont eu la vedette des derniers grands salons spécialisés. Très complexes par le nombre de fonctions qu'ils rassemblent sur une puce de silicium de quelques millimètres carrés, ces circuits intègrent en fait l'équivalent de l'unité centrale d'un ordinateur !

À ce stade, on ne peut plus parler de composant, mais d'un système intégré. Toutefois, il ne peut pas fonctionner seul. Outre une alimentation et une horloge, il doit être complété de circuits d'interfaces pour l'entrée et la sortie des informations, ainsi que de circuits mémoires pour stocker, d'une part, les données du problème, d'autre part, le programme d'application.

Grâce aux microprocesseurs, le traitement de l'information devient bon marché et va pouvoir se populariser par une multitude de nouvelles applications. Ils constituent déjà le cœur de nombreux matériels : calculateurs de bureau, micro-ordinateurs, centrales de mesures, terminaux intelligents, écrans de visualisation, table traçante automatique...

L'évolution se poursuit désormais dans une direction bien acquise, vers l'amélioration permanente du rapport performance–prix. Ce n'est donc pas de ce côté qu'interviendront, à l'avenir, les bouleversements les plus spectaculaires. Ceux-ci, dont nous pouvons déjà entrevoir les conséquences, sont plutôt d'ordre qualitatif. On assiste à une profonde mutation des systèmes informatiques, tant au niveau de leur structure que de leur souplesse d'emploi.

Utilisateurs

La conséquence la plus réjouissante concerne la réhabilitation de l'utilisateur, qui, avec les gros systèmes, devait s'en remettre à la politique d'un constructeur, dont il était entièrement dépendant pour le matériel comme pour le logiciel. L'informatique est devenue suffisamment modulaire pour que l'utilisateur retrouve son autonomie de conception et sa liberté de choix. Cette évolution est fondamentale.

Les utilisateurs ont pris conscience de leur pouvoir et tendent à se regrouper sous forme d'associations pour se faire entendre des constructeurs. C'est, notamment, le cas de l'association Inforep (association d'utilisateurs de l'informatique répartie), créée en 1976 et dont le premier congrès s'est réuni au début de l'année.

Pour son président, Jean-Claude Empereur, « il est impératif, pour les constructeurs comme pour les utilisateurs, de démêler l'écheveau matériel-logiciel, savamment emmêlé par les constructeurs existants. Il ne faut pas voir dans tout ceci de l'utopie, mais bien une nécessité, et une dernière chance. Si nous la laissons échapper, des couples vont s'établir pour le dernier quart de siècle entre constructeur et utilisateur, et il sera impossible d'en sortir. » Ces propos montrent à quel point le problème de la compatibilité de branchement et de travail entre des matériels de provenance différente est important. Sans cette condition, l'utilisateur ne peut exercer librement sa liberté de choix, ce qui fausse la concurrence de coût ou de performance.

Il est d'autant plus urgent de parvenir à une certaine harmonisation que les systèmes sont de plus en plus appelés à se développer par l'intermédiaire de réseaux informatiques. En France, l'ouverture prochaine du réseau public Transpac donne lieu à de nombreuses négociations entre les PTT, les constructeurs et les utilisateurs. Une certaine normalisation est nécessaire pour que chacun puisse se brancher sur un tel réseau. Mais il ne faut pas pour autant retourner à une homogénéisation complète. La difficulté est d'« organiser l'hétérogénéité ».

Logiciels

Parallèlement au développement de ces moyens, on assiste à la naissance de nombreux groupes et commissions de réflexion sur l'introduction de l'informatique dans la société.

Le passage d'une informatique centralisée à une informatique répartie sur les lieux de travail, dans la vie de tous les jours, pose le problème de son utilisation par des non-spécialistes et implique un effort considérable au niveau des langages. Ceux-ci doivent être aussi évolués que possible, de manière à faciliter le dialogue homme-machine.