La seconde phase du plan de restructuration est intervenue en 1976, année qui restera pour la France celle de la mini- et de la péri-informatique.

Expansion

Les activités mini-informatiques de la CII et de la Télémécanique informatique sont regroupées, en avril 1976, en une nouvelle société, la SEMS (Société européenne de mini-informatique et de systèmes). Cette filiale du groupe Thomson se situe, par son potentiel de production, au premier plan des industries européennes de mini-informatique, avec plus de 4 000 machines en service et une part du marché français supérieure à 40 %. Ce marché est le seul à être dominé à 54 % par des constructeurs européens, à la différence des autres pays européens, chez qui les Américains se taillent la part du lion avec de 60 à 70 % du parc installé.

La structure industrielle de la France, faite de nombreuses PME (petites et moyennes entreprises), constitue un terrain favorable à l'expansion de l'informatique répartie. Le parc français de mini-ordinateurs était, fin 1975, de 6 800 machines ; il devrait atteindre 23 500 en 1979. Selon François de Villepin, président de la SEMS, une industrie forte de la mini-informatique ne peut se baser uniquement sur les mini-ordinateurs. « La mini-informatique est comme un haltère ; l'unité centrale représente la barre, tandis que les poids situés aux extrémités sont, d'un côté, les périphériques et, de l'autre, les mémoires, le tout étant enrobé par le logiciel. » Or, compte tenu de l'évolution des composants électroniques, le coût de l'unité centrale baisse, non seulement en valeur absolue, mais en valeur relative par rapport aux deux autres composants. Le plus répandu des mini-ordinateurs (le PDP 8 de Digital Équipement) a vu son prix tomber en dessous de 4 000 dollars (il en coûtait 18 000 en 1965). Cette tendance devrait se poursuivre par une division par cinq des coûts d'ici à 1980. Cet état de choses ne fait qu'accroître la part du logiciel dans le coût d'un projet informatique.

Péri-informatique

C'est pourquoi une industrie de la petite informatique équilibrée doit comporter plusieurs « pôles de développement ». Le ministère de l'Industrie a présenté, le 22 septembre 1976, le plan péri-informatique.

Les produits de cette industrie peuvent se répartir en quatre catégories : les mini- et micro-ordinateurs, les périphériques (mémoires magnétiques, imprimantes, etc.), les matériels de saisie de données, les terminaux (intelligents, lourds, spécialisés). Ces activités regroupent en France une trentaine de sociétés très dynamiques, les quatre premières — SEMS, Logabax, Intertechnique, Transac — réalisant près de 60 % du chiffre d'affaires.

Sur le plan mondial, le marché de la péri-informatique est dominé par les Américains. Ils assurent 70 % des livraisons de matériels, sauf pour les ordinateurs de bureau, où l'industrie européenne (surtout allemande) détient 60 % du marché mondial.

Mais, contrairement à la grande informatique, aucune société n'est dominante sur l'ensemble de ce marché. Chaque secteur semble devoir s'accommoder d'un ou de plusieurs leaders. C'est le cas de Digital Équipement pour les minis, Mémorex et CDC pour les mémoires magnétiques, MDC et CMC dans la saisie de données.

L'entrée d'IBM dans ce marché pourrait constituer un facteur déterminant de son évolution. Après avoir considéré ce secteur comme marginal, le géant de l'informatique cherche, depuis 1973, à conquérir une place dominante sur la plupart de ces marchés. 1976 aura été marquée, notamment, par l'introduction des mini-systèmes IBM 32.

Évolution

Ces grandes manœuvres industrielles qu'engendre le développement spectaculaire de la mini-informatique (+ 40 % par an) ne sont qu'une des conséquences des progrès réalisés par l'industrie électronique dans le domaine des composants. Ces vingt dernières années ont vu se développer quatre générations d'ordinateurs, dont la durée de vie moyenne n'excède pas cinq ans.

Il y a eu successivement la génération des tubes, celles des semi-conducteurs, puis celle des circuits intégrés, enfin celle des super-circuits intégrés, les LSI (Large Scale Integration). Chaque fois, les performances — vitesse, coût, encombrement, puissance dissipée — ont été considérablement améliorées.